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Napoléon bataille

Fiche : Napoléon bataille. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  24 Avril 2013  •  Fiche  •  9 738 Mots (39 Pages)  •  721 Vues

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Tout le monde connaît la première phase de cette bataille ;

début trouble, incertain, hésitant, menaçant pour les deux armées, mais pour les Anglais plus encore que pour les Français.

Il avait plu8 toute la nuit; la terre était défoncée par

l’averse ; l’eau s’était çà et là amassée dans les creux de la plaine

comme dans des cuvettes ; sur de certains points les équipages

du train en avaient jusqu’à l’essieu ; les sous-ventrières des attelages dégouttaient de boue liquide ; si les blés et les seigles couchés par cette cohue de charrois en masse n’eussent comblé les

ornières et fait litière sous les roues, tout mouvement, particulièrement dans les vallons du côté de Papelotte, eût été impossible.

L’affaire commença tard ; Napoléon, nous l’avons expliqué,

avait l’habitude de tenir toute l’artillerie dans sa main comme

un pistolet, visant tantôt tel point, tantôt tel autre de la bataille,

et il avait voulu attendre que les batteries attelées pussent rouler

et galoper librement; il fallait pour cela que le soleil parût et

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«Ce qu’il y a d’obscur ». L’expression complète, « quid obscurum,

quid divinum », se trouve un peu plus loin, et est citée à plusieurs reprises dans le roman.

8 Voir les carnets de Hugo (17 mai 1861): « Un sol marneux, glaiseux, visqueux dans les pluies, qui garde l’eau et fait partout des flaques

et des mares. Comme Napoléon mettait pied à terre près de la BelleAlliance et enjambait un fossé, un grenadier lui cria :

–Prenez garde à ce terrain-là, Sire, on y glisse.

On fait plus qu’y glisser, on y tombe. »–28 –

séchât le sol. Mais le soleil ne parut pas. Ce n’était plus le rendez-vous d’Austerlitz. Quand le premier coup de canon fut tiré,

le général anglais Colville regarda à sa montre et constata qu’il

était onze heures trente-cinq minutes.

L’action s’engagea avec furie, plus de furie peut-être que

l’empereur n’eût voulu, par l’aile gauche française sur Hougomont. En même temps Napoléon attaqua le centre en précipitant la brigade Quiot sur la Haie-Sainte, et Ney poussa l’aile

droite française contre l’aile gauche anglaise qui s’appuyait sur

Papelotte.

L’attaque sur Hougomont avait quelque simulation : attirer

là Wellington, le faire pencher à gauche, tel était le plan. Ce plan

eût réussi, si les quatre compagnies des gardes anglaises et les

braves Belges de la division Perponcher n’eussent solidement

gardé la position, et Wellington, au lieu de s’y masser, put se

borner à y envoyer pour tout renfort quatre autres compagnies

de gardes et un bataillon de Brunswick.

L’attaque de l’aile droite française sur Papelotte était à

fond ; culbuter la gauche anglaise, couper la route de Bruxelles,

barrer le passage aux Prussiens possibles, forcer Mont-SaintJean, refouler Wellington sur Hougomont, de là sur Brainel’Alleud, de là sur Hal, rien de plus net. À part quelques incidents, cette attaque réussit. Papelotte fut pris ; la Haie-Sainte

fut enlevée.

Détail à noter. Il y avait dans l’infanterie anglaise, particulièrement dans la brigade de Kempt, force recrues. Ces jeunes

soldats, devant nos redoutables fantassins, furent vaillants ; leur

inexpérience se tira intrépidement d’affaire ; ils firent surtout

un excellent service de tirailleurs ; le soldat en tirailleur, un peu

livré à lui-même, devient pour ainsi dire son propre général ;

ces recrues montrèrent quelque chose de l’invention et de la –29 –

furie françaises. Cette infanterie novice eut de la verve. Ceci dé-

plut à Wellington.

Après la prise de la Haie-Sainte, la bataille vacilla.

Il y a dans cette journée, de midi à quatre heures, un intervalle obscur ; le milieu de cette bataille est presque indistinct et

participe du sombre de la mêlée. Le crépuscule s’y fait. On aper-

çoit de vastes fluctuations dans cette brume, un mirage vertigineux, l’attirail de guerre d’alors presque inconnu aujourd’hui,

les colbacks à flamme, les sabretaches flottantes, les buffleteries

croisées, les gibernes à grenade, les dolmans des hussards, les

bottes rouges à mille plis, les lourds shakos enguirlandés de torsades, l’infanterie presque noire de Brunswick mêlée à

l’infanterie écarlate d’Angleterre, les soldats anglais ayant aux

entournures pour épaulettes de gros bourrelets blancs circulaires, les chevau-légers hanovriens avec leur casque de cuir

oblong à bandes de cuivre et à crinières de crins rouges, les

Écossais aux genoux nus et aux plaids quadrillés, les grandes

guêtres blanches de nos grenadiers, des tableaux, non des lignes

stratégiques, ce qu’il faut à Salvator Rosa9, non ce qu’il faut à

Gribeauval.

Une certaine quantité de tempête se mêle toujours à une

bataille.

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