Genèse Et Affirmation Des régimes Totalitaires: Soviétique, Fasciste Et Nazi

Introduction :

A la fin de la Première Guerre mondiale, la démocratie semble avoir triomphé. Mais, dans les années 1920 et 1930, de nouveaux régimes apparaissent en Europe. L’URSS de Lénine puis de Staline, l’Italie de Mussolini et l’Allemagne d’Hitler inventent le totalitarisme. Celui-ci s’appuie sur la manipulation des masses et sur la terreur. Le projet politique des régimes totalitaires est de créer des sociétés nouvelles.

Comment expliquer l’apparition des régimes totalitaires dans l’après-guerre ? Quels sont leurs points communs et leurs spécificités ? Quelle est leur attitude face aux démocraties dans les années 1930 ?

I/La genèse des régimes totalitaires

A/La guerre et les crises à l’époque des totalitarismes

Les trois régimes totalitaires naissent dans un contexte troublé :

– La Première Guerre mondiale a été une guerre de masse. De ce fait, l’expérience violente de cette guerre est donc collective, ce qui mène à une brutalisation des sociétés. Les anciens combattants transmettent la violence de guerre dans la vie politique. Par conséquent, en Italie, en Allemagne et même en France, des groupes paramilitaires naissent et entretiennent ces violences de guerre.

– Les grands empires centraux s’effondrent ce qui aboutit à la naissance de mouvements révolutionnaires (les révolutions russes de 1917).

– La rancœur des vaincus ou la déception des vainqueurs comme l’Italie aboutissent à une crise morale. L’Italie, par exemple, est déçue que les territoires revendiqués promis par la Triple Entente ne lui soient pas donnés. Cette victoire ne leur est pas complète, l’Italie définit, d’ailleurs, la Première Guerre mondiale comme une victoire mutilée. Par ailleurs, le « diktat » de Versailles va provoquer un esprit revanchard chez les Allemands. Les mouvements nationalistes augmentent et une méfiance naît envers la Révolution de Weimar qui aurait trahi, en quelque sorte, les Allemands en signant l’armistice alors que ceux-ci voulaient continuer le combat (« coup de poignard dans le dos »).

– La guerre a provoqué l’effondrement des productions agricoles et industrielles. Ceci provoque l’inflation des prix (« hyper inflation » en Allemagne). Il y a alors une crise économique et sociale. Le manque de production provoque des pénuries. Les entreprises font faillite et donc le chômage s’envole. Les pays attendent alors « l’homme providentiel », un homme qui amènera les solutions pour régler les crises.

B/La conquête du pouvoir

En Russie, la révolution

La Première Guerre mondiale est un véritable désastre pour la Russie. Les pertes militaires sont énormes puisqu’en l’espace de trois ans, la Russie voit la mort d’environ deux millions de soldats. Toutes ces conditions aboutissent à une première révolution en février 1917 qui provoque la chute du régime tsariste. Un gouvernement provisoire est mis en place pour continuer la guerre. Ceci est une grosse erreur puisqu’en octobre 1917, Lénine et ses partisans mènent une deuxième révolution, la révolution « bolchevik ». Ces bolcheviks instaurent un régime socialiste qui s’appuie sur des conseils d’ouvriers, de soldats que l’on appelle plus communément les soviets. Cette situation entraîne une guerre civile, les « rouges » contre les « blancs » tsaristes. Cette guerre amène Lénine à mener un régime autoritaire. Cependant en 1924, Lénine meurt et les successeurs se comptent au nombre de deux, Trotsky et Staline.

À partir de 1928, après avoir écarté ses rivaux, Staline monte au pouvoir. Il impose alors une dictature, le stalinisme. Entre-temps, la Russie devient l’URSS.

Staline concentre donc tous les pouvoirs.

En Italie, une conquête légale du pouvoir

C’est dans un contexte de crise d’après-guerre que Benito Mussolini crée en mars 1919, les faisceaux italiens de combats d’où le nom « fasciste ». Ce mot faisceau est symbole d’autorité qui existait en Rome Antique, modèle de Mussolini. C’est une organisation paramilitaire d’extrême droite composée de personnes déçues de la Première Guerre mondiale ou encore de personnes de petites et de moyennes classes. On appelle les membres de cette organisation les « chemises noires ».

Dans le même temps, l’Italie connaît une agitation révolutionnaire comme en Russie ou en Allemagne. Cette agitation inquiète les riches bourgeois qui voient réapparaître le spectre révolutionnaire communiste russe. Ceux-ci financent alors la campagne de Mussolini. En 1921, le Parti National Fasciste (PNF) est créé. Les fascistes montent en puissance et utilisent contre les partis de gauche et les syndicats. Cependant, Mussolini veut arriver au pouvoir légalement. En 1921, le parti fasciste est donc candidat aux élections législatives.

Le 28 octobre 1922, les fascistes organisent une grande manifestation « la marche de Rome » et défilent en chemises noires à Rome.

Le lendemain, le roi Victor-Emmanuel III nomme Mussolini président du conseil.

Mussolini a alors une double stratégie. En parallèle d’un respect apparent de la démocratie, les chemises noires exercent des violences politiques.

En Allemagne, une montée en puissance progressive du parti nazi

En 1918, l’Allemagne est la République de Weimar. Cependant, cette république est impuissante face aux crises de l’après-guerre. Aussi, c’est un régime impopulaire aux yeux des Allemands depuis la signature de l’armistice. C’est donc dans un climat hostile qu’en 1920, Hitler crée le NSDAP, le parti nazi. Ce parti a un programme nationaliste et raciste. Les bourgeois, craignant les révolutions comme en Italie, financent le parti nazi. Les nazis, une fois encore comme les fascistes utilisent la violence politique !

En novembre 1923, Hitler tente un putsch (coup d’État) à Munich, une tentative ratée. Il finit par là même en prison pour ce qui reste un énorme échec.

Il profite de son emprisonnement pour écrire le célèbre « Mein Kampf » (mon combat) en 1924, la « bible » du parti nazi.

Après cet échec et cet emprisonnement, Hitler cherche à prendre le pouvoir légalement. Le parti nazi se présente alors aux élections législatives au

...