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Les Lumières

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Par   •  17 Mai 2013  •  2 278 Mots (10 Pages)  •  791 Vues

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L'Europe et les Lumières

"Il n'y a plus aujourd'hui de Français, d'Allemands, d'Espagnols, d'Anglais même, quoi qu'on en dise ; il n'y a que des Européens."

Jean-Jacques Rousseau, 1771.

Les Lumières constituent la création la plus prestigieuse de l'Europe, sa principale contribution à l'histoire des civilisations. Mais elles n'auraient pu voir le jour sans l'existence de l'espace européen, à la fois un et pluriel.

Sans l'Europe, pas de Lumières

Pour les hommes éclairés du XVIIIe siècle, voyager et séjourner dans d'autres pays européens, proches et distincts à la fois, est une excellente école pour l'esprit : ils dépassent leurs propres limites par la confrontation. Le regard extérieur et désintéressé peut en effet conduire à un jugement plus lucide que celui du compatriote, facilement égaré par la routine et les circonstances. Des penseurs méprisés, voire persécutés chez eux, jouissent dans les contrées voisines d'une reconnaissance méritée. Les pays européens continuent de guerroyer entre eux, en s'infligeant des pertes douloureuses ; mais par-delà les conflits et les différences, ces pays partagent le même esprit des Lumières.

Sans les Lumières, pas d'Europe

Auparavant, l'identité du continent avait été pensée sur le mode de l'unité, celle de l'Empire romain, celle de la religion chrétienne. La nouveauté de l'Europe des Lumières réside dans le fait qu'à cette époque seront reconnues et valorisées les différences entre ses parties constitutives. L'Europe est le plus morcelé des continents, disait Hume ; c'est en cela que réside sa nouvelle unité et c'est pour cela qu'elle a pu engendrer les Lumières.

C'est aussi son actualité quand on s'interroge, de nos jours, sur l'identité de cette Europe où nous vivons. Correspond-elle seulement à un espace commercial arbitrairement délimité où les barrières douanières ont été baissées ? Ou porte-t-elle en plus une conception de l'homme et de la société, qu'elle voudrait affirmer face au monde ?

Les Lumières sont une époque d'aboutissement, de récapitulation, de synthèse – et non d'innovation radicale. Les grandes idées des Lumières ne trouvent pas leur origine à cette époque ; quand elles ne viennent pas de l'Antiquité, elles portent les traces du haut Moyen Âge, de la Renaissance, de l'époque classique. Les Lumières absorbent et articulent des opinions qui dans le passé se combattaient.

À la fois rationalistes et empiristes, héritières de Descartes comme de Locke, les Lumières accueillent les Anciens et les Modernes, les universalistes et les particularistes. Elles sont éprises d'histoire et d'éternité, de détails et d'abstractions, de nature et d'art, de liberté et d'égalité. Si les ingrédients sont anciens, leur combinaison est neuve : non seulement ils ont été articulés entre eux, mais, et cela est essentiel, c'est au moment des Lumières que ces idées passent des livres dans le monde réel.

De très nombreux individus portent la pensée des Lumières. Loin de se sentir d'accord entre eux, ils passent leur temps en âpres discussions, de pays à pays comme à l'intérieur de chaque pays. Les Lumières sont un temps de débat plutôt que de consensus. Multiplicité redoutable, et pourtant, il existe un esprit commun des Lumières.

Trois idées se trouvent à la base de cet esprit, tissé par leurs innombrables conséquences : celle d'autonomie, celle de finalité humaine de nos actes, celle enfin d'universalité.

Émancipation et autonomie

Le premier trait constitutif de la pensée des Lumières consiste à privilégier ce qu'on choisit et décide soi-même, au détriment de ce qui vous est imposé par une autorité extérieure. Cette préférence comporte deux facettes, l'une critique, l'autre constructive : il faut se soustraire à toute tutelle imposée aux hommes du dehors et se laisser guider par les lois, normes, règles voulues par ceux-là même à qui elles s'adressent. Émancipation et autonomie sont les deux temps d'un même processus, également indispensables. Pour pouvoir s'y engager, il faut disposer d'une entière liberté d'examiner, de questionner, de critiquer, de mettre en doute : plus aucun dogme ni aucune institution n'est sacré.

Hogarth : The Sleeping Congregation

Se libérer de l'autorité religieuse

La tutelle sous laquelle vivaient les hommes avant les Lumières était, en tout premier lieu, de nature religieuse. C'est donc à la religion que vont s'adresser les critiques les plus nombreuses, visant à rendre possible la prise en main par l'humanité de son propre destin. Il s'agit pourtant d'une critique ciblée : ce qu'on rejette, c'est la soumission de la société ou de l'individu à des préceptes dont la seule légitimité vient de ce qu'une tradition les attribue aux dieux ou aux ancêtres. Ce n'est plus l'autorité du passé qui doit orienter la vie des hommes, mais leur projet d'avenir. Rien n'est dit en revanche de l'expérience religieuse elle-même, ou de l'idée de transcendance, ou de telle doctrine morale portée par une religion particulière. La critique porte sur la structure de la société, non sur le contenu des croyances. La religion sort de l'État sans pour autant quitter l'individu. Le grand courant des Lumières va se réclamer, non de l'athéisme, mais de la religion naturelle, du déisme, ou d'une de leurs nombreuses variantes. L'observation et la description des croyances du monde entier, à laquelle vont se livrer les hommes des Lumières, n'ont pas pour but de récuser les religions, mais de conduire à une attitude de tolérance et à la défense de la liberté de conscience.

d'après Boilly : L'Optique

Développer les connaissances

Ayant rejeté le joug ancien, les hommes fixeront leurs nouvelles lois et normes à l'aide de moyens purement humains – plus de place ici pour la magie ni pour la révélation. À la certitude de la Lumière viendra se substituer la pluralité des lumières. La première

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