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L'olivier sacré à Athènes

Commentaire de texte : L'olivier sacré à Athènes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  5 102 Mots (21 Pages)  •  806 Vues

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        « Instable comme un oiseau migrateur, immature comme un enfant, fragile comme un vieillard » tel était les termes de certains pour qualifier les métèques. Des hommes, dans la Grèce antique qui occupaient un statut intermédiaire entre celui de citoyens et d’étranger. Ils recevaient l’hospitalité et étaient domiciliés dans la ville, ils avaient aussi le droit de participer à la vie culturelle de la cité et sa défense. Toutefois, ils devaient payer un impôt spécial, ils n’avaient pas le droit de participer à la politique et à l’acquisition de biens fonciers.

Lysias est né à Athènes en 440 avant J-C, c'est un poète attique qui devient l'un des plus brillants orateurs de son temps. Son père Képhalos, est un métèque, syracusain, riche fabricant d’armes, qui rejoint Athènes, sous la demande de Périclès. Lysias né à Athènes probablement dans les années 450-440 avant J-C devient dès lors, isotèle, c'est à dire un étranger privilégié. Il est élevé avec les fils de la haute société athénienne puis à l’âge de quinze ans, il part à Thourioi rejoindre la colonie nouvellement fondée en Grande Grèce. C’est ici, qu'il s'initie à la rhétorique, discipline dans laquelle, il devient très vite brillant. Cependant l'échec en 412 de l'expédition athénienne en Sicile l’encourage à rentrer à Athènes. Il y exerce le métier de rhéteur et exploite avec son frère, Polémarque, une fabrique de boucliers. Ils acquièrent ainsi une fortune qui leur attirent des ennuis sous la dictature des Trente. Tous ses biens sont alors saisis et son frère est assassiné, il doit alors s’enfuir d’Athènes où il rejoint Mégare. Il rend de grands services aux démocrates de Phylè en leur fournissant de l'argent, des boucliers, et environ 300 mercenaires, participant ainsi au rétablissement de la démocratie. Il ne revient à Athènes qu'en 403 avant J-C, lorsque la démocratie est rétablie. Pour le récompenser de ses services, on lui accorde le droit de cité. Après cela, il intente en 403 un procès au meurtrier de son frère, Ératosthène. Cette affaire mit en relief son talent d'orateur, et dès lors il se fit logographe, c’est le seul discours qu'il ait prononcé lui-même, les autres ont été écrit pour des clients. Ainsi, il devient écrivain professionnel et écrit des discours pour des plaideurs. Il montre dans cet exercice son aptitude à composer des textes en parfaite adéquation avec le caractère de ses clients. C’est justement, au nom de son client, que Lysias s’exprime dans cet extrait suivant issu d’un de ses discours intitulé Sur l’olivier sacré, passim. À cette époque, il n’y avait pas d’avocat, chacun se défendait lui-même, d’où l’utilisation de spécialistes pour rédiger des discours. Ainsi, ce discours de Lysias, donne la mesure de la perception du sacré pour les Athéniens. En effet, le propriétaire d’un champ sur lequel il est dit qu’il croissait un olivier consacré à la déesse est alors poursuivi pour avoir coupé l’arbre et donc pour avoir commis un acte sacrilège. Ainsi, un procès a alors lieu où l’accusé était jugé par le tribunal de l’Aréopage, compétent pour ce genre d’affaire. Le jugement pouvait alors déboucher, en cas de condamnation, sur l’exil définitif de l’accusé. Devant un tribunal populaire athénien, l’accusateur et l’accusé devaient, en principe, présenter personnellement l’un sa demande, l’autre ses moyens de défense. Ceux qui le souhaitaient pouvaient faire rédiger d’avance leur discours par une sorte d’avocat, que l’on nommait un « logographe ». Lysias fut le plus fameux d’entre eux. D’où l’intérêt du présent document qui nous donne une idée de la méthode à suivre pour convaincre un jury populaire : elle repose moins sur des textes de droit que sur la psychologie et la logique du discours. On notera que ce discours est suffisamment court pour que le plaideur puisse l’apprendre par cœur.

En effet, Athènes, après sa victoire lors de la troisième guerre médique sur les Perses n'a cessé d'accroître son pouvoir sur les autres polis, mais les villes confédérées commencèrent très vite à remettre en question le pouvoir d'Athènes. Tout d'abord, Samos qui s'est révoltée en 440, puis ce fut le tour de Thèbes, Mégare et Corinthe, et enfin de la puissante Sparte, mettant un terme à la guerre du Péloponnèse. Athènes a conservé son pouvoir grâce à ses richesses, mais la peste causée par le surpeuplement de la population fuyant la guerre et les conflits civils entre les démocrates et les oligarques l'a affaibli. Sparte a convenu avec les Perses de la cession des capitales ioniennes en échange de son armée. Avec cette puissance maritime en l'an 405, ils anéantirent les Athéniens lors de la bataille d'Aigos Potamos. Dès lors, Sparte a emprisonné les principaux dirigeants de la démocratie d'Athènes et impose à Athènes un comité aristocratique, le gouvernement des « Trente Tyrans », un corps de trente hommes locaux pour gouverner Athènes et élaborer une nouvelle constitution oligarchique. Cette commission de  trente membres est alors créée par l'Assemblée, en vue de mettre en place une nouvelle politeia, un nouveau régime : le but est de revenir à la patrios politeia, la constitution des ancêtres, en épurant le corps politique et en supprimant les misthoi, les indemnités accordées aux citoyens pauvres. De plus, les citoyens athéniens pouvaient être condamnés sans procès par les trente tyrans. Ce qui les privaient de toute forme de citoyenneté. Dès le Ve siècle, Athènes connait alors une crise qui la conduira au déclin social, culturel et politique. Les guerres ont affaibli son économie et de nombreux petits propriétaires ont rejoint la plèbe. Toutefois, à la fin du Ve siècle, les Trente tyrans sont destitués et la démocratie athénienne est retrouvée. C’est dans ce contexte de regain de l’exercice de citoyenneté des athéniens que  s’inscrit ce procès mettant en parallèle un lien de cause à effet entre le sacrilège dénoncé et les malheurs passés subis par la cité. En effet, l’olivier est dès lors le symbole de la cité athénienne, un arbre représentant « l’œil toujours ouvert de Zeus Morios et Athéna aux yeux brillants » qui veillent tous deux sur la cité d’Athènes. Ici l’accusation, semble alors prendre plus d’importance dans un contexte où la cité d’Athènes se trouve démunie de son hégémonie passée. Dès lors, on pensait que le destin d’Athènes était lié aux oliviers qui détenaient un caractère sacré.

Dans ce discours, prononcé au tout début du IVe siècle, un riche citoyen, propriétaire terrien est tout d’abord accusé d’avoir arraché un olivier sacré. Ensuite, l’accusation s'accentue et on l’incrimine alors pour avoir arraché la souche même de l’olivier, une accusation qui devient désormais plus difficile à réfuter. Lysias compose alors sa défense en s’appuyant sur des témoignages, et en rappelant la période troublée de la domination des Trente.

        Ainsi, on peut alors se demander en quoi ce discours illustre t’il du renouveau de l’exercice de la citoyenneté marquée par un jugement organisé et hiérarchisé autour de la société athénienne et ses coutumes ?

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