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Esthétique du théâtre

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Par   •  8 Juin 2021  •  Cours  •  2 037 Mots (9 Pages)  •  351 Vues

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III- l’énonciation au théâtre

Acte par lequel un locuteur produit son énoncé, l’énonciation désigne les circonstances de l’action. L’acte étant ici le discours qui s’inscrit dans un lieu et dans un temps et est porté par les personnages. Il convient de relever ce qui est dit avant d’évoquer les circonstances du discours théâtral.

  1. Les formes du discours théâtral

L’énoncé du théâtre est un discours. Par conséquent, il est ancré dans la situation d’énonciation et correspond au moment de l’écriture. Le discours est reconnaissable  à l’usage du présent de l’indicatif comme temps de référence auquel on associe pour le passé le passé composé, l’imparfait, jamais le passé simple ; et, pour le futur, le futur et le conditionnel. Les indicateurs de temps et de lieu correspondent au moment présent (ici, maintenant, hier, demain). L’énoncé coupé de la situation d’énonciation se rapporte au récit. Tout est séparé du moment présent. Cet énoncé apparait très peu dans le théâtre et fait irruption dans le discours pour expliquer, justifier, faire comprendre l’action ou faire tenir la pièce dans un cadre exigé comme pour le respect des règles classiques. Le langage de théâtre est particulier du fait de sa nature double. Il est verbal et non verbal. L’énonciateur s’adresse à deux énonciataires : les personnages sur scène et les spectateurs. La forme première du discours est le dialogue (échange de paroles entre deux ou plusieurs personnages). Comme autres formes, on peut citer :

  • Le monologue : discours d’un personnage seul sur scène (fonctions épique, lyrique, délibérative)
  • Tirade : longue réplique (considérée comme un morceau de bravoure)
  • Stichomythie : brève réplique (marque l’accélération)
  • Aparté : paroles d’un personnage à part, pour lui-même et pour le public que les autres personnages, bien que sur scène, n’entendent pas.
  • Répartie : réplique brève et cinglante
  • Polylogue : dialogue à plusieurs voix qui se répondent, s’entremêlent créant désordre ou cantate (harmonie lyrique).

Le langage non verbal est assuré par les didascalies et le décor.

  1. L’espace et le temps

Les deux dimensions du théâtre (lu et vu) font distinguer deux localisations : l’espace dramatique et l’espace scénique. L’espace dramatique désigne un lieu imaginaire dans lequel s’encadrent le texte, le dialogue, les répliques. Il apparait dans les prises de paroles avec des déictiques spécifiques comme ici, cet, référant à un espace mimétique. Le lieu se confond avec l’énonciation. L’espace diégétique fait voir des lieux extratextuels qui permettent de renforcer l’intrigue ou de souligner une caractérisation.

L’espace scénique est l’espace de jeu, le lieu réservé aux acteurs dans la représentation. Il subit des modifications par l’action du metteur en scène en vue d’une contextualisation ou d’une adaptation. Le lexique propre à cet espace peut être :

  • Côté cour : droite de la scène pour le spectateur
  • Côté jardin : gauche de la scène pour le spectateur
  • Le lointain : fond
  • Le théâtre : le centre
  • La face : l’avant de la scène

L’espace peut aussi être référentielle ou historique  (espace désigné)

Comme l’espace, le temps subit une distinction partant du temps de l’intrigue, du temps de la représentation, au temps dramatique. Le temps dramatique est le temps évoqué dans le discours. Il peut être mimétique avec l’usage du présent de l’indicatif (références temporelles : maintenant, aujourd’hui) ou diégétique lorsqu’il rapporte des événements antérieurs ou simultanés. Le temps utilisé est le passé. Le temps de la représentation est le temps du jeu (2/3 heures). La caractérisation du temps et de l’espace évolue dans le théâtre (17e siècle : respect des unités ; 19siècle : destruction des unités ; 20e  siècle : absurde).

3- Le personnage de théâtre

Le théâtre met en scène des personnages fictifs, incarnés par des comédiens. Contrairement au personnage de roman, le personnage de théâtre s’exprime réellement. Ce qu’il dit est adressé à un autre personnage et au public : c’est la double énonciation.

Le personnage renvoie à l’actant dans une situation de communication. Il désigne celui qui parle et même celui qui écoute. Le personnage de théâtre est considéré comme une force qui intervient dans le déroulement de l’action. Il peut être un sujet et rechercher un objet, soutenu par d’autres personnages ou, au contraire, opposé à eux. Sa désignation comme acteur est due à sa présence physique sur scène. Il est le support vivant, la voix de son rôle dont il endosse  l’habit et le masque, celui-ci tenant aussi la fonction de porte-voix ou d’amplificateur ; d’où l’appellation latine de « persona » (de personare) résonner à travers le masque de théâtre. La notion d’acteur soulève des questions quant au rapport du personnage avec le texte. Doit-il se soumettre au texte ou faire une interprétation personnelle ? Doit-il d’identifier au personnage ou s’en détacher ? Jean Vilar dans De la tradition théâtrale, pense que « Le comédien digne de ce nom ne s’impose pas au texte, il le sert. Et servilement ». L’acteur est l’esclave du texte. Par goût extrême de la minutie et pour faire plus vrai que la vie, Konstantin Stanislavski veut que l’acteur s’investisse complétement au point de mêler sa personnalité propre et son rôle. Diderot, pour sa part, conseille dans Paradoxe sur le comédien, de ne pas se confondre avec son rôle mais de le composer objectivement. Le bon acteur joue, rien n’est réellement ressenti mais imité.

Dès ses origines, le théâtre a créé des types de personnages en fonction de leurs caractérisations sociales ou psychologiques : le roi, le confident, le héros en proie à une passion excessive, des serviteurs rusés… Le personnage est donc perçu comme un caractère c’est-à-dire le trait distinctif d’une personne ou d’un groupe, comme une figure, comme un type (Don Juan, L’Avare, Amphitryon, César, le misanthrope…). Pour réussir la caractérisation d’un personnage, il faut une bonne construction. Il faut révéler l’être humain non seulement par la parole, le costume, le milieu… mais aussi par le langage du corps.

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