Selon vous, se sentir bien dans sa maison, est-ce refuser le monde extérieur ?

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SEQUENCE 2 « BIEN CHEZ SOI »

EXPRESSION PERSONNELLE 2

Selon vous, se sentir bien dans sa maison, est-ce refuser le monde extérieur ? 

        Se sentir « bien chez soi » est un sentiment que beaucoup recherchent, une nécessité absolue pour un grand nombre de personnes pour qui la maison est synonyme de refuge, de repos et de confort. Pour autant, se sentir bien chez soi, est-ce refuser le monde extérieur ? Afin de répondre à cette interrogation, nous allons nous arrêter dans un premier temps sur le fait que se sentir « bien chez soi » puisse être un frein à l’ouverture sur l’extérieur et renforcer un sentiment casanier. Nous verrons ensuite dans un second temps que se sentir bien chez soi peut au contraire permettre de mieux appréhender le monde extérieur.

        Pour beaucoup, le domicile est un lieu de coupure avec le monde extérieur. Il sert de refuge et de lieu pour accueillir une vie familiale, privée, loin de l’exposition publique extérieure. Mona Chollet dans “Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique”, explique que de nombreuses personnes perçoivent malheureusement le domicile comme un lieu « castrateur, synonyme d’avachissement devant la télévision » et de repli sur soi. Cette idée du domicile me semble assez extrême mais évoque la limite de cet idéal du bonheur domestique ; il décourage l’ouverture à un monde extérieur. En effet, se sentir bien chez soi, voire “trop” bien, pourrait nous encourager à passer l’ensemble de notre temps libre chez nous et ainsi perturber notre vie sociale et notre ouverture sur le monde. C’est d’ailleurs de cela qu'ont souffert de nombreuses personnes lors des confinements subis en raison de la pandémie de Covid-19 depuis 2020. Sur la page Facebook “View from my window”, une femme a publié pendant cette période compliquée une photo de sa « vue depuis la fenêtre » de son appartement. On y voit la place d’une ville complètement vidée de ses animations, de ses promeneurs et des terrasses de ses restaurants. La femme écrit sous cette photo à quel point une vie extérieure à celle de son appartement lui manque. Contrainte de rester chez elle par le confinement, elle ressent de la solitude et attend seulement de pouvoir retrouver le monde extérieur tel qu’il était avant la pandémie alors qu’elle se sent pourtant bien chez elle. Dans cette configuration, le refus du monde extérieur est contraint, obligatoire, pour des raisons de santé collective.

Nous pouvons aussi avoir l’impression que l’on nous impose d’être “bien chez soi” puisque nous n’avons pas d’autre choix que d’y rester. Véronique Lorelle, journaliste au Figaro explique que l’une des solutions aux problèmes du monde extérieur est de faire de sa maison un « cocon » dans lequel se réfugier et d’y installer des objets qui pourraient résoudre des problématiques liées à l’extérieur (produits écologiques, réducteurs de bruit, etc), « en attendant de sauver (ou pas !) la planète. Cette conception du “bien chez soi” est un véritable refus du monde extérieur puisque nous cherchons des solutions pour pallier, compenser les soucis que rencontre le monde au lieu d’y faire face et de les traiter. Il ne s’agit pas d’un refus de se rendre à l’extérieur mais plutôt d’un refus d’observer et de trouver des solutions à des enjeux majeurs tels que le réchauffement climatique, l’urbanisation, la surpopulation ou la pollution. Dans ce cas, le “bien chez soi” qui consiste à aménager son chez soi en cocon, sorte de bunker en réalité, consiste en un refus un peu égoïste de traiter la réalité du monde extérieur.

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