LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La Question De Corpus

Mémoires Gratuits : La Question De Corpus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2015  •  1 733 Mots (7 Pages)  •  883 Vues

Page 1 sur 7

Question de corpus : comparez et commentez l’art de l’argumentation dans ces trois textes.

Texte A. VOLTAIRE, Candide (1759)

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois,

les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent

d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ

neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de

quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait

comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.

Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner

ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village

voisin ; il était en cendres : c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des

vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles

sanglantes ; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers

soupirs ; d’autres, à demi brûlées, criaient qu’on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur

la terre à côté de bras et de jambes coupés. Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des

Bulgares, et les héros abares l’avaient traité de même.

Texte B. VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique, article « guerre » (1764)

Un généalogiste prouve à un prince qu'il descend en droite ligne d'un comte dont les parents avaient fait un

pacte de famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette

maison avait des prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d'apoplexie : le prince

et son conseil concluent sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à

quelques centaines de lieues de lui, a beau protester qu'elle ne le connaît pas, qu'elle n'a nulle envie d'être

gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne

parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand

nombre d'hommes qui n'ont rien à perdre ; il les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs

chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et marche à la gloire.

Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une

petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n'en traînèrent à leur

suite.

3/4

Des peuples assez éloignés entendent dire qu'on va se battre, et qu'il y a cinq à six sous par jour à gagner

pour eux s'ils veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont

vendre leurs services à quiconque veut les employer.

Ces multitudes s'acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès,

mais sans savoir même de quoi il s'agit.

Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre,

tantôt une contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s'unissant et s'attaquant tour à tour ;

toutes d'accord en seul point, celui de faire tout le mal possible.

Le merveilleux de cette entreprise infernale, c'est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses drapeaux et

invoque Dieu solennellement avant d'aller exterminer son prochain.

Texte C. CELINE, Voyage au bout de la nuit (1932)

La torture du régiment continuait alors sous la forme nocturne, à tâtons dans les ruelles bossues du village sans

lumière et sans visage, à plier sous des sacs plus lourds que des hommes, d’une grange inconnue vers l’autre,

engueulés, menacés, de l’une de l’autre, hagards, sans l’espoir décidément de finir autrement que dans la menace,

le purin et le dégoût d’avoir été torturés par une horde de fous vicieux devenus incapables soudain d’autre chose,

autant qu’ils étaient, que de tuer et d’être étripés sans savoir pourquoi.

Le colonel, c'était donc un monstre ! A présent j'en étais assuré, pire qu'un chien, il n'imaginait pas son trépas ! Je

conçus en même temps qu'il devait y en avoir beaucoup des comme lui dans notre armée, des braves, et puis tout

autant sans doute dans l'armée d'en face. Qui savait combien ? Un, deux, plusieurs millions peut-être en tout ? Dès

lors ma frousse devint panique.

...

Télécharger au format  txt (11.2 Kb)   pdf (116.4 Kb)   docx (13.7 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com