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L'art D'être étudiant

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Par   •  2 Septembre 2014  •  1 621 Mots (7 Pages)  •  666 Vues

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L’art d’être étudiant

Pouvez-vous me décrire ce que vous entendez par « métier d’étudiant » ?

C’est une expression métaphorique. Il ne s’agit pas d’un métier au sens où on l’entend habituellement parce qu’un métier se définit par une activité professionnelle. De plus, il s’agit d’un métier provisoire car être étudiant, c’est un statut social provisoire. Ce que je veux indiquer c’est l’idée que ce n’est pas quelque chose de naturel. On est pas évidemment étudiant. Il ne suffit pas de s’inscrire dans un établissement d’enseignement supérieur, c’est encore plus vrai de l’université, pour être étudiant. Être étudiant exige un certain nombre d’apprentissages, de savoir faire, de connaissances. C’est cet ensemble que j’ai appelé “métier”. De même que dans la vie courante, on peut dire d’un plombier, d’un chauffeur d’autobus, qu’il a du métier. Un étudiant, après un certain temps, « a du métier ». Il sait mobiliser au bon moment des connaissances, des savoir-faire, etc. Ce n’est pas spontané, naturel. Cela doit faire l’objet d’un apprentissage institutionnel et intellectuel. C’est ce que j’ai appelé les processus d’affiliation.

Pouvez-vous les expliquer ?

Il est tout à fait spectaculaire de constater le nombre d‘échecs et d’abandons, les taux continuant à être stables quelles que soient les réformes entreprises. Ainsi, on peut estimer qu’entre 30 et 40 % des étudiants échouent, abandonnent, ce qui est important numériquement. Symboliquement c’est différent. Ce n’est pas complètement nul de passer une année voire deux non sanctionnées par un diplôme dans une université. Cela a un effet probablement positif. L’idée d’affiliation, c’est qu’un étudiant ne peut réussir que s’il entre dans ce processus d’apprentissage du quotidien qui est de deux ordres. D’une part institutionnel, il faut apprendre les institutions universitaires, à jouer avec, à se familiariser avec. Cela concerne la “cuisine” des diplômes, des U.V., des cours, le déplacement dans l’espace, etc. Il y a beaucoup de ruptures qui sont décrites par les étudiants de première année. Ils considèrent l’université comme étant immense, même s’il s’agit d’une université minuscule. D’autre part intellectuel, processus qui n’est jamais achevé. Il consiste à pouvoir d’abord identifier, ensuite comprendre et enfin incorporer des routines et allants-de-soi qui constituent les pratiques de l’enseignement supérieur et de l’université en particulier.

Pensez-vous que l’université favorise vraiment cette affiliation institutionnelle ?

En étant optimiste, je dirais qu’on est à un tournant. Sinon, en tant que Directeur d’UFR, je constate que les étudiants sont quand même mal traités. En ce moment, début juillet. je suis sans arrêt saisi de demandes de dérogation. Si on ne les aide pas, il seront laminés et ne pourront même pas s’inscrire. Alors j’écris à mes collègues pour aider les étudiants. Ce n’est pas normal que cela se passe comme ça. Cela devrait être un processus institutionnel clair, transparent, qui compenserait le manque d’informations. Contre cette bureaucratie là, il y a quand même des mesures qui sont prises dans les universités. Le tutorat par exemple, constitue une mesure institutionnelle efficace. Il faut bien sûr encadrer les tuteurs et faire attention à traiter cette chose comme un dispositif pré-pédagogique ou bien d’accompagnement pédagogique. Cette petite pédagogie institutionnelle par les aînés me paraît tout à fait indispensable et il est préférable que ce soit fait par des étudiants plutôt que par des enseignants. Je suis donc assez optimiste, mais il faut travailler sur la structure et éviter les dangers permanents de la bureaucratisation.

Dans votre ouvrage, vous dites “qu’être étudiant, au-delà des cours et de l’activité intellectuelle proprement dits, implique de nouer des contacts, d’établir des dialogues, de mener des activités avec les autres étudiants (...) “. Qu’entendez-vous par mener des activités avec d’autres étudiants ?

Ce sont les activités para-universitaires : les activités culturelles, associatives, militantes. Je ne veux pas dire par là que chaque étudiant doit devenir militant d’une organisation quelconque. Être étudiant, je crois que ce n’est pas seulement aller en cours et faire du travail intellectuel. Je pense que c’est également un temps de la vie où on a envie, besoin d’avoir des activités à côté, dans la fac, mais qui ne soient pas directement « intellectuelles ». Il y a beaucoup d’activités para-universitaires qui contribuent à l’affiliation institutionnelle. On se sent d’un « même monde ». Il faut quand même avoir à l’esprit que le plus grand danger que courent les étudiants à l’université, c’est l’anonymat. Il existe une vraie différence avec le secondaire où les élèves sont pris en charge par les enseignants, alors qu’à l’université, cela ressemble davantage à une fausse liberté. C’est le temps de l’anonymat où personne ne vous connaît. Vous êtes souvent seul. Il est donc important de multiplier les contacts, d’être pris dans des réseaux. C’est le sens initial du concept de transversalité chez Félix Guattari : l’idée que le sujet, premièrement, est pris dans un réseau d’appartenances, de références, qui fait qu’il n’est pas seul, deuxièmement, qu’il est toujours en position de s’exprimer,

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