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Echec scolaire et le milieu socioculturel

Mémoire : Echec scolaire et le milieu socioculturel. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  29 Janvier 2018  •  Mémoire  •  12 922 Mots (52 Pages)  •  810 Vues

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« Nous sommes frères par la nature, mais étrangers par l'éducation. » CONFUCIUS. C’est cette simple maxime que j’ai retenu pour commencer ce mémoire. Afin de comprendre ce qui m’a amené à travailler sur le sujet que je détaillerai tout au long de mon écrit, je souhaite avant tout expliquer ma démarche.

En plus de mon parcours personnel, j’ai souhaité comprendre ce qui ne fonctionnait pas dans notre pays en termes d’éducation. La société française est pluriculturelle. Mais la méconnaissance réciproque de l’autre, avec ses systèmes de représentations propres peut conduire à des conflits qui nous échappent totalement. Les enfants de migrants, héritiers de l’immigration construisent, le plus souvent, leur identité dans un rapport conflictuel entre les rôles assignés par la culture d’origine et ceux mis en œuvre par la culture d’accueil. C’est pourquoi j’ai choisi de travailler sur la problématique suivante : « L’environnement socio-culturel favorise-t-il l’échec scolaire de l’enfant de migrants ? » Cela n’a pas été simple pour moi de remettre en perspective les principes d’éducation qui régissent notre société, mais il fallait que je prenne conscience des problèmes et de ce qui fonctionnait. En effet, souvent les titres de magazines, journaux parlent de « l’échec de l’éducation », « les problèmes dans les zones d’éducation prioritaire », des « professeurs désarmés ». L’éducation est ce qui forme les adultes de demain. Pourtant, l’école française est décriée aujourd’hui (BLANQUER, 2014).

Afin de répondre au mieux à la problématique, dans un premier temps nous analyserons les données clefs de l’échec scolaire en France, puis nous tenterons d’éclairer le concept de « culture » et enfin nous verrons en quoi l’environnement socio-culturel a un impact sur la scolarité de l’enfant de migrants. Dans une deuxième partie,  nous étudierons les modèles pédagogiques existants, la manière dont s’organise la culture écrite à l’école. A travers ce mémoire, nous essaierons de comprendre les imbrications entre l’échec scolaire, la pédagogie, l’environnement socio-culturel à travers ces recherches mais aussi en allant sur le terrain. En effet, dans une dernière partie j’ai voulu vérifier si l’hypothèse suivante se vérifiait : « La pédagogie Montessori améliore la maitrise de la lecture des enfants âgés de 7 ans issus de milieux défavorisés ». J’expliciterai dans cette dernière partie les conditions de ma recherche. J’ai choisi de centraliser mes recherches sur une ville en particulier, TAVERNY, dans le Val d’Oise, où la population maghrébine est forte. J’ai aussi choisi cette ville car j’y ai vécu lorsque je suis parti de Nice et j’ai ressenti le clivage à l’école entre les classes sociales. Sans entrer dans le stéréotype, j’ai remarqué une différence de culture générale forte entre les enfants issus des communautés africaines et maghrébines et les communautés européennes. Et c’est un facteur déterminant lorsqu’il s’agit de  résultats scolaires.

J’en étais le premier concerné et d’ailleurs une étudiante que j’ai rencontré il y a peu me l’a confirmé et c’est aussi l’une des raisons qui m’a poussé à continuer mes recherches. En effet, avant de me lancer dans ce mémoire j’avais besoin de me rassurer sur ma vision de notre société donc j’ai rencontré des personnes d’univers différents et certaines histoires m’ont touché particulièrement. C’est le cas de cette jeune fille qui a toujours bataillé pour réaliser ses rêves, poussée par ses parents arrivés en France il y a une dizaine d’années. Elle est issue d’un milieu populaire, sa mère est femme de ménage et son père est au chômage. Afin de lui faire bénéficier du meilleur avenir qu’il soit, ses parents l’ont inscrite en « prépa hypokhâgne » à l’obtention de son baccalauréat littéraire. Elle a ressenti très rapidement les différences entre son manque de culture et les autres qui ont toujours évolué dans un environnement privilégié. Etudier ne suffisait plus, elle devait aussi se mettre à niveau culturellement. Et cela a joué sur ses notes et appréciations. Ses professeurs considéraient que ses écrits manquaient de « profondeur » et n’étaient pas assez documentés. Mais comme elle me l’a dit plus tard, comment concilier les attentes de sa prépa et son mode de vie aux antipodes l’un de l’autre ? Pour elle, il est indéniable que l’environnement socio-culturel est un élément essentiel dans la réussite à l’école, du moins un facilitateur indéniable. Une autre personne que j’ai rencontrée est aussi fille de migrants. Ses parents ont quitté l’Espagne pendant la guerre civile, lorsqu’ils étaient enfants. Elle m’a raconté que lorsqu’elle était enfant, les élèves se moquaient de son nom de famille, de ses origines ibères. Malgré tout, ses parents l’ont toujours poussée à se dépasser, à se cultiver, à se battre contre les idées reçues. Elle considère que peu importe le milieu social duquel nous venons, nous nous construisons à travers nos expériences, qu’elles nous renforcent et nos origines ne déterminent pas qui nous sommes. Effectivement, lorsque l’on entend ces deux témoignages on peut se demander : « Mais que s’est-il passé pendant 50 ans » ? Les clivages se sont-ils accentués au fil des années ? Notre société a-t-elle crée des différenciations socio-culturelles et l’école en est-elle le symbole ?

Partie 1 : Pratique

Intéressons-nous aux écrits de Sally TOMLINSON, professeur émérite à l’Université GOLDSMITHS, Université de Londres. Pour elle, les classes sociales, la race et le sexe ont, historiquement, toujours été un facteur décisionnel quant à la question de savoir qui recevrait une éducation minimum ou une éducation inférieure. Et cela a donc amplifié le phénomène de « qui peut obtenir une qualification acceptable ». Les définitions de « moins capable » étaient basées sur les croyances concernant l’infériorité culturelle et biologique des classes sociales inférieures, des groupes d’immigrants[1]. Pour d’autres chercheurs, l’apprentissage est corrélé en fonction des influences sociales. C’est ce qu’explique BANDURA (2006) dans sa théorie néo-béhavioriste de l’apprenant[2]. En effet, il explique que les visions traditionnelles béhavioristes concernant  l’apprentissage sont incomplètes car elles ignorent les influences sociales. En effet, les théories cognitives considèrent que les facteurs aussi bien internes qu’externes sont importants. Les facteurs personnels et comportementaux sont considérés comme étant un prélude du processus d’apprentissage. Ils sont aussi importants l’un que l’autre. Pour BANDURA, lorsqu’on est éducateur, il faut toujours considérer que les trois facteurs : personnel, social et comportemental, sont constamment en train d’interagir les uns avec les autres. Le graphique suivant représente les relations entre les trois principaux facteurs :

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