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Commentaire philosophique sur un extrait de l’ouvrage de Bachelard intitulé : « La Formation de l’esprit scientifique »

Commentaire d'oeuvre : Commentaire philosophique sur un extrait de l’ouvrage de Bachelard intitulé : « La Formation de l’esprit scientifique ». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 871 Mots (8 Pages)  •  2 766 Vues

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COMMENTAIRE PHILOSOPHIQUE

Texte à commenter :

« L'idée de partir1 de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse. Mais devant le mystère du réel, l'âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors impossible de faire d'un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science, c'est, spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal; elle ne pense pas: elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit. »

Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, Paris, Librairie philosophique Vrin, 1999 (1ère édition : 1938), extrait du chapitre 1er.

1 Nous essayerons de commenter ce texte en le divisant en trois parties. La première de la ligne 1 à la ligne 9, la deuxième de la ligne 10 à la ligne 21 ( « la science […] formuler clairement »), et la troisième partie de la ligne 21 à la ligne 27 ( « Avant tout […] tout est construit »).

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Le texte soumis à notre réflexion est un extrait de l’ouvrage de Bachelard intitulé : « La Formation de l’esprit scientifique ». Dans cet ouvrage, il montre comment se forme l’esprit scientifique, comment l’esprit accède à la science. En s’appuyant sur l’histoire des sciences, il relève ce qui peut constituer des obstacles à la connaissance scientifique. Dans cet extrait, l’auteur évoque les attitudes que doit avoir celui qui veut se former à la science. Quelle attitude doit avoir celui qui veut acquérir la connaissance scientifique ? Pour l’auteur, celui qui veut accéder à la connaissance scientifique doit d’abord l’approcher avec un esprit jeune c’est-à-dire se débarrasser de tous préjugés. Ensuite il doit détruire ses opinions, et enfin apprendre à poser des problèmes, à poser des questions.

Accepter que ce que nous prétendons connaître soit remis en cause, soit contredit, telle est l’idée que l’auteur met en exergue dans cette première partie du texte. Dans les cultures où l’accumulation des faits est assimilée à la connaissance, il est normal que surgisse « l’idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien », sa connaissance, pour s’approcher de la connaissance scientifique. Dans ces cultures, la connaissance brute des faits est considérée comme une acquisition de connaissance. Les faits sont mis les uns à côté des autres sans qu’on ne cherche à les comprendre. Cette manière de penser la connaissance est donc loin de la connaissance

2 Devoir de Licence II de philosophie (Cours philosophie de l’homme 2010-2011) corrigé par M. Clément AKPOUE ; ce commentaire a reçu la note 16/20, avec la consigne « Vous rendez bien le sens du texte ».

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scientifique. Dans ce cas, il est évident qu’on doit considérer ses préjugés comme inexistants.

Mais l’auteur souligne que cette attitude de partir ou de repartir de zéro n’est pas une attitude facile à adopter car devant le fait ou le réel, il n’est pas évident que l’on accepte d’être totalement naïf : « Il est alors impossible de faire d’un seul coup table rase des connaissances usuelles ». Parce que l’âme qui se présente à la culture scientifique est déjà remplie des préjugés, elle n’est jamais neutre. "Elle a l’âge de ses préjugés" comme le dit l’auteur. Cependant, pour acquérir la science, il faut que l’esprit soit rajeuni. C’est-à-dire l’esprit doit se débarrasser de ce qui l’empêcherait d’accéder à la connaissance scientifique. Très souvent, nous constatons par exemple que l’enfant est plus disposé à apprendre que l’adulte car il n’a pas beaucoup de connaissances et de préjugés à son actif. Il a l’esprit pur et donc n’a pas d’obstacle pour apprendre. Or, l’adulte se présente souvent avec des préjugés, des résistances. Pour accéder à la science, il faut accepter que ses connaissances antérieures soient bousculées, contredites et remises en cause. Les préjugés n’étant pas les seuls obstacles à la science, l’auteur, après avoir montré leurs nuisances, procède à la démonstration d’un autre obstacle non moins important.

Dans la deuxième partie, l’auteur montre que la science s’oppose à l’opinion. Platon nous donne cette définition de l’opinion : "quelque chose d’intermédiaire entre l’ignorance et le savoir". Ceci pour dire que l’opinion est une connaissance floue, confuse, imprécise et sans fondement rationnel. L’opinion est une idée subjective, incomplète et partielle. L’opinion

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