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“La poésie représentative, aussi bien que la narrative, a pour objet l’imitation des actions humaines, pour condition nécessaire la vraisemblance et pour perfection la merveille”

Dissertation : “La poésie représentative, aussi bien que la narrative, a pour objet l’imitation des actions humaines, pour condition nécessaire la vraisemblance et pour perfection la merveille”. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 619 Mots (11 Pages)  •  570 Vues

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(L’édition du livre est celle de Flammarion "Édition avec dossier”)

sujet :  “La poésie représentative, aussi bien que la narrative, a pour objet l’imitation des actions humaines, pour condition nécessaire la vraisemblance et pour perfection la merveille”

Le théâtre, véritable tableau et spectacle vivant a toujours eu le don de fasciner et de réunir les personnes. Perdurant depuis plus de vingt-cinq siècles, il a également été la cible de nombreux changements, passant des reproductions en plein air à celles en salle close, du religieux au drame et comique et enfin, du bénévolat au travail rémunéré.

Un des nombreux changements marquant de cette discipline aura notamment été la règle des trois unités qui aura notamment régit le théâtre dit classique.  Celles-ci furent d’ailleurs préconisées par Jean Chapelain en 1630 dans sa Lettre sur l’art dramatique. Homme important au sein de l’Académie (il en fut l’un des fondateurs) il a également été connu comme étant le législateur du théâtre régulier ainsi que celui qui fut chargé de trancher la querelle du Cid (1637) et dresser le plan du Dictionnaire et de la Grammaire de l’Académie.

 Dans Discours de la poésie représentative” (1635) il écrira notamment que “La poésie représentative, aussi bien que la narrative, a pour objet l’imitation des actions humaines, pour condition nécessaire la vraisemblance et pour perfection la merveille”

Nous prendrons ainsi cette citation comme sujet d’études en discutant de l’importance des différents éléments présents dans celle-ci.  On pourrait ainsi comprendre que pour être parfaite, une pièce de théâtre devrait s’appuyer sur des gestes, des paroles, des personnes réelles et des faits concrets. Également, l’histoire doit pouvoir être crédible, le spectateur pouvant penser “cela peut en effet se passer" . Enfin, la merveille correspondrait pour Chapelain à une certaine beauté de la pièce, désignant l’ emboîtement de tous les actes. On pourrait également penser à un dénouement heureux qui pourrait être qualifié de “Merveilleux”.

Nous nous concentrerons ainsi sur la pièce écrite par Molière vers 1669  ayant pour nom“Le Tartuffe” en nous demandant si cette pièce correspondrait à la “pièce parfaite” selon Jean Chapelain.

Nous verrons ainsi dans un premier temps que cette pièce  peut effectivement être considérée comme parfaite et  dans un deuxième temps, les limites de cette perfection.

 Concernant les “imitations des actions” humaines, nous pouvons commencer par dire que ce concept n’est pas vraiment inédit.

En effet, celui ci avait déjà été introduit par Aristote pour qui le théâtre était d'abord une « imitation » (mimesis) « des hommes en action » et aurait pour modèle une action et non un récit.

Concernant la comédie, il précise que l’imitation doit se référer à celles d’hommes de qualité morale inférieure. En ce sens, la pièce de Molière respecte ce premier point important puisqu’elle met en avant l'hypocrisie de Tartuffe.

Cette pièce est également une pièce mimesis puisqu'elle copie les mœurs de l’époque. Le but de Molière, qui était d’imiter les actions des faux dévots et d’utiliser la partie très comique de sa pièce pour les dénoncer, va aussi dans ce sens. On retrouvera d’ailleurs dans la préface « On me reproche  d’avoir mis des termes de piété dans la bouche de mon imposteur. Eh ! Pouvais-je m’en empêcher, pour bien représenter le caractère d’un hypocrite ? » Ce qui traduit assez bien la volonté pour Molière d’imiter les hypocrites et leurs agissements. Il ajoutera même “ Mais les hypocrites n’ont point entendu raillerie ; ils se sont effarouchés d’abord, et ont trouvé étrange que j’eusse la hardiesse de jouer leurs grimaces » Preuve en est que la ressemblance entre les hypocrites et la Tartuffe a tellement été ressemblant autant dans les paroles, agissements et mimiques puisque ceux ci se sont offusqués devant cette pièce.

Concernant les attributs qui font de Tartuffe un hypocrite, ils sont également tous réunis dans la pièce puisque ce faux dévot est un menteur et manipulateur. En effet, sous des faux airs de saint, Tartuffe est en réalité un malin qui veut voler la femme, la fille d’Orgon et même son héritage, le tout en jetant la discorde au sein de cette famille. Alors qu’ Orgon avait pour but de le marier à sa fille, Tartuffe déclarera à Elmire :  “Mes yeux et mes soupirs vous l’ont dit mille fois ; Et pour mieux m’expliquer ici j’emploie la voix [...] J’aurais toujours pour vous, ô suave merveille, Une dévotion à nulle autre pareil”. ( Acte III, scène 3, page 99 ). Ici, on  a bien le langage amoureux qui est employé, avec des hyperboles (mille fois) (dévotion à nulle autre pareil) et des compliments bien élaborés (suave merveille). Tartuffe ira même jusqu’à vouloir  faire emprisonner Orgon : “ Vous n’irez pas fort loin pour trouver votre gîte, Et de la part du Prince on vous fait prisonnier”.

Tartuffe parle donc comme un hypocrite et agit comme tel, puisque ses actes sont en total opposition avec ses paroles et son apparence.

        Seulement, le fait d’imiter les actions humaines ne suffit pas totalement à rendre une pièce parfaite. Nous allons donc nous intéresser à la question de la vraisemblance et voir s' il y a là aussi une cohérence entre les dires de Jean Chapelain et la pièce de Molière.

Avant d’approfondir le concept de vraisemblance dans Tartuffe, nous rappelons que ce terme désigne quelque chose de réaliste et réel, et qui revêt toutes les apparences de la vérité.  Il y a d’ailleurs une règle de la vraisemblance dans le théâtre classique qui consiste en ce que l’intrigue et la situation d’énonciation puissent être les plus vraies possibles.

Concernant la pièce de Molière, nous avons une douzaine de personnages, tous très différents et appartenant à différentes classes, ce qui permet ainsi de donner sur scènes “ plusieurs réalités” et ainsi donner un peu plus de crédibilité et d’objectivité à la pièce.

L’action, que l'on peut résumer à la tentative du faux dévot de s’emparer des biens de son bienfaiteur (Orgon) est tout à fait plausible et réalisable. Le lieu où se déroule l’action est le salon et là aussi tout va bien et semble censé, le salon étant la pièce maîtresse d’une maison et là où les choses les plus importantes se passent. Le temps quant à lui est celui de l’urgence puisque le père de famille annoncera maintes fois le mariage plus que brusque avec Tartuffe et Marianne, causant de grandes frasques au sein de sa famille. Plus tard, nous retrouvons également ce temps de l’urgence puisqu’ Orgon se verra contraint de fuir pour sauver sa vie.

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