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Dissertation relation éducative

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Par   •  12 Février 2023  •  Dissertation  •  2 225 Mots (9 Pages)  •  718 Vues

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Laëtitia Dutriaux        ES1 22-25

Dissertation

« …C’est dans cette rencontre humaine où chacun, éducateur et éduqué est appelé à soutenir sa vérité que réside le cœur du travail éducatif. La place que l’on occupe comme éducateur dans cette rencontre et par conséquent, la place à laquelle on met l’autre est à questionner en permanence… » Joseph ROUZEL le travail de l’éducateur spécialisé

Joseph Rouzel a été éducateur durant de nombreuses années. Aujourd’hui c’est en tant que psychanalyste qu’il exerce sa profession. Il est reconnu notamment pour ses travaux sur l’éthique des actes dans les professions sociales, sujet que nous allons aborder au cours de cette dissertation pour illustrer sa citation.

D’après Jacques Salomé dans « Parle moi, j’ai des choses à te dire », il est important, avant d’avoir un point de vue commun, de partager les différents points de vue. C’est un enjeu crucial dans le métier d’éducateur spécialisé afin de ne pas positionner l’éduqué dans une suite d’insatisfactions cumulées et de le mener à ce qu’il n’est pas réellement mais à ce que nous sommes au fond de nous.

Au cours de ce raisonnement, nous allons dans un premier temps, évoquer la pensée de l’auteur et définir quelques termes clés utilisés. Dans un second temps nous porterons un regard critique sur cette pensée concernant le cœur du travail éducatif en donnant une tout autre définition. Pour finir, nous évoquerons une situation de terrain remettant en question la place des personnes dont on s’occupe  ainsi que le rôle que l’éducateur doit prendre dans cette situation.

Le rôle d’un éducateur est non d’éduquer mais d’accompagner des personnes ou un groupe de personnes vers l’autonomie, l’ouverture émotionnelle, l’épanouissement, l’insertion... En outre, tout ce qui peut amener les usagers au bien être en les aidant à s’éloigner de leurs difficultés sociales. Pour Joseph Rouzel, ce travail éducatif n’est justement pas simple. En effet, tout être humain est doté de raison mais dont celle-ci est nourrie par les croyances, les opinions, les préjugés, l’expérience professionnelle et personnelle, les rencontres. Ainsi, arrive la question de la légitimité de l’éducateur dans la pratique professionnelle quant aux vérités, aux idées, à son savoir-être et savoir-faire. Il est important de pouvoir se dire que chacun peut avoir raison. Bien évidemment la notion de limite est à dissocier. Tout peut être fait, accepté et discuté dans la mesure où d’autres personnes ne sont pas mises en danger, que les points de vue soient coïncidents et non dépourvus de sens et qu’il y ait un intérêt pour l’éduqué. L’idée principale me faisant émettre tout cela, c’est que l’on a tendance à nous montrer plus attentifs à ce que l’autre n’est pas, qu’à ce qu’il est réellement et que nous avons tendance à faire adopter nos vérités en oubliant peut-être qu’elle n’est pas universelle et qu’elle ne plaira pas forcément à l’éduqué. Là aussi, il faut mettre une limite, jusqu’où va-t-on aller au détriment de l’autre ?

« La vérité », comme l’emploie Rouzel, est un terme très subjectif. Comme expliqué précédemment, elle est l’adéquation entre ce que nous sommes aujourd’hui et ce que nous avons été également hier et d’une  réalité propre d’une vision du monde.  Ainsi une soit disant vérité de l’un peut être différente de l’autre. Que ce soit celle de l’éducateur ou de l’éduqué, laquelle soutenir ? A contrario, y’en a-t-il une à soutenir ? L’éducateur spécialisé est une figure importante pour l’usager, c’est une figure référente aidante. Il doit pouvoir savoir faire la différence entre ce qu’il doit choisir pour l’usager et ce que l’usager peut choisir lui-même, parce qu’il en a les capacités, la maturité, la réflexion. Dans ce cheminement il est donc indispensable de se remettre en question et de se questionner sur autrui pour laisser la chance aux personnes, d’être justement ce pour quoi l’éducateur est là. Mener vers l’autonomie et l’émancipation dont la liberté de choisir et l’expression en font partie. C’est un sujet à la fois lié et contradictoire : un éducateur est là pour aider dans différentes choses de la vie quotidienne des usagers afin qu’ils deviennent libres et arrivent à faire les choses seuls ; parallèlement, on se sent légitime de faire certains choix pour la personne en pensant que c’est mieux pour elle.  Joseph Rouzel met donc un point d’honneur au fait de se questionner en permanence pour identifier la place que l’on occupe en tant qu’éducateur ainsi que la place à laquelle on place l’autre dans le travail éducatif. En réalité, nous sommes accompagnants et figure de soutien, mais l’acteur du projet et du travail éducatif n’est personne d’autre que l’usager.

En quoi consiste réellement la relation éducateur/éduqué? Quelle est la mission première de l’éducateur au sein du travail éducatif et quels sont les risques pouvant être vite engendrés ?

Dans cette réflexion, plusieurs notions sont importantes. Tout d’abord, il est difficile, en tant qu’éducateur de pouvoir agir dans des décisions ou des faits sans sa propre personnalité,  sans prendre en considération la proximité que l’on peut avoir et partager avec les personnes dont on s’occupe, prendre des décisions pour l’ensemble d’un groupe qui vont plaire à tous, être totalement neutre. Vient alors la question « quelle est la bonne chose à faire pour l’éduqué ? » Tout en faisant attention à garder l’éduqué au centre de la réflexion sans que l’éducateur ne prenne sa place, inconsciemment ou consciemment. « [...] L’accompagnement est un partage, un échange, l’écriture d’une relation où je suis moi et où ils  ou elles sont lui. La voie qui est la mienne ne saurait être forcément la leur. » Jacques Ladsous. L’éducateur référent d’un groupe, ne doit pas réfléchir pour ce dernier, mais réfléchir pour chacun, indépendamment des autres dans une démarche de personnalisation et d’individualisation du projet éducatif. Lors d’une journée sur mon lieu de stage, récemment, j’ai pu assister à une discussion entre un éducateur et une jeune de L’IMPRO (Institut Médico Professionnel) atteinte d’hémiplégie du côté droit. Celle-ci avait réussi une grande chose pour elle : faire ses lacets seule. Seulement, quand lors d’activités, il faut enlever ses chaussures, X prenait un certain temps pour les remettre ; temps que l’éducateur trouvait trop long pour les autres jeunes du groupe. C’est alors qu'il a demandé à X, pour la prochaine fois, de remettre ses chaussures avec ses lacets aimantés. Ce choix m’a interpellé. Pour moi ce geste touche à l’autonomie de cette jeune fille, touche au bien être que cette satisfaction lui a apporté. Il y a, je trouve, une notion de rabaissement à prendre en compte ; cela ne plaît pas aux autres donc il faut trouver une solution. Ne partant pas, forcément, d’un mauvais sentiment de la part de l’éducateur, cette jeune fille s’est retrouvée à ne plus devoir réfléchir pour elle mais pour les autres. Est-ce réellement à cette place que l’éduqué doit se trouver ? La décision que l’éducateur pense être bon pour lui et le groupe, est-elle bonne pour X ?  En ce sens, sa vérité ; le choix que l’on fait et que l’on pense être la meilleure solution est à questionner en permanence afin, comme dans ce cas, de ne pas mettre l’autre en porte-à-faux. Il n’y a pas seulement la question de où on met l’autre dans l’institution mais également dans la société, le groupe, la relation…

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