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Pensée et calcul

Dissertation : Pensée et calcul. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mars 2023  •  Dissertation  •  3 082 Mots (13 Pages)  •  239 Vues

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Dissertation : Pensée et calcul

        Dans le film d’anticipation Terminator est mise en scène une guerre opposant le peu qu’il reste de l’humanité aux terribles machines de Skynet, une superintelligence artificielle dont le but est d’établir une véritable suprématie des machines sur les humains. Ce film a pour objectif de nous faire nous interroger sur la fiabilité des intelligences artificielles développées par l’homme, plus particulièrement pour qu’on se demande si les machines pourraient être capables de « prendre le contrôle du monde », ce à quoi on a souvent tendance à répondre que « non, car les machines ne pensent pas ». Mais dans ce cas que font-elles ? Il semblerait que l’activité des machines se limite à effectuer ce que l’on appelle des « calculs », qui lui permettent d’effectuer des tâches pour lesquelles elle a été programmée.

Quand on parle de « calcul », on parle bien souvent d’une opération mathématique, telle que 2+2=4. Il apparaît donc que le calcul est une opération formelle, soumise à des règles qui permettent à partir de données initiales ou prémisses d’aboutir à un résultat ou conclusion, résultant de la mise en relation des prémisses selon les directives données par un opérateur (pour 2+2=4 les prémisses sont donc les deux « 2 », l’opérateur est le « + » et la conclusion est « 4 »). Ainsi cette vision du calcul semble bien se rapprocher de la pensée humaine dans sa dimension rationnelle. Toutefois il semble évident que ce mode de pensée n’est pas le seul mode de pensée de l’Homme : en effet il lui est aussi possible de penser sans règle logique prédéfinie, par exemple dans l’art l’homme crée lui-même les règles de l’univers qu’il dépeint à travers son œuvre. Ce mode de pensée qui sort complètement des règles préétablies de la logique pourrait-il quand même être considéré comme étant le résultat de calculs ? Autrement dit, peut-on considérer que l’acte de penser ne revient qu’à effectuer des calculs ?

Tout d’abord, il apparaît que ce que nous appelons esprit (ce qui produit la pensée) puisse bien être perçu comme une complexe machine à calculer : c’est notamment l’argument que défend une idée sous-jacente au matérialisme, le fonctionnalisme. Pour mieux déterminer le lien entre le fonctionnalisme et notre sujet, on va passer par une petite expérience de pensée : admettons d’abord que la pensée humaine soit produite au niveau du cerveau humain (ce qui sous-entend encore une fois la thèse matérialiste selon laquelle il ne peut rien exister qui ne soit fait de matière), et que nous décidions dans le cadre d’une expérience scientifique de remplacer tous les neurones d’un cerveau humain par des neurones artificiels, qui réaliseraient la même tâche qu’une neurone biologique, à ceci près que plutôt que de transmettre biologiquement l’influx nerveux vers un autre neurone (qui se fait biologiquement par mouvements d’électrons), notre neurone artificiel doit d’abord calculer la fréquence de l’influx entrant (ou input en provenance d'un autre neurone), puis générer un nouvel influx (ou output) de même fréquence qu’il dirige vers un autre neurone qui a été indiqué par le neurone de départ[1] (si on est quelque peu tatillon on considère aussi que la durée de ce processus est la même que le processus biologique). Il paraît alors bien raisonnable, logique même d’admettre que l’ensemble des neurones artificiels réaliseraient la même fonction que l’ensemble des neurones biologiques, donc par extension la fonction de pensée du cerveau humain resterait la même dans son fonctionnement global, les seules différences seraient le fonctionnement spécifique et la matière constitutive des neurones. Ainsi, si l’acte de penser nécessite d’avoir un cerveau, et qu’on admet que la fonction du cerveau humain est de calculer en permanence les fréquences et destinations d’influx électriques afin de générer chez l’être humain la pensée, on peut bien déduire que la pensée humaine est le fruit de calculs, car ceux-ci deviennent dans la vision fonctionnaliste une condition préalable et nécessaire à toute forme de pensée. Si on va encore plus loin dans l’expérience de pensée, on pourrait connecter notre cerveau artificiel à un organisme artificiel (pourquoi pas un robot ?), dans ce cas il semble logique de dire que cet organisme pense, et affirmer l’inverse serait absurde, car comme on l’a dit ce qui compte c’est la fonction qu’assure le cerveau : ainsi si on considère qu’il pense dans une boîte crânienne humaine, il est ridicule de nier cette affirmation dès lors que cette boîte crânienne est celle d’un robot.

Mais ce raisonnement démontre seulement qu’on peut considérer le fait de penser comme étant le fruit de calculs. Mais qu’en est-il du contenu-même de la pensée ? En ce qui concerne nos pensées rationnelles, autrement dit nos raisonnements, une analogie avec le calcul mathématique a déjà été développée par Hobbes dans son ouvrage Léviathan, dans lequel il explique que tous nos raisonnements peuvent être résumés à la « [conception d’une] somme totale à partir de l’addition des parties, ou [la conception d’un] un reste, à partir de la soustraction d'une somme d'une autre somme ». Ainsi pour Hobbes, le calcul mathématique peut également s’appliquer à la pensée rationnelle dans son ensemble : de la même façon qu’on additionne 2 et 2 pour en déduire 4, on peut combiner des propositions pour en tirer des conclusions. C’est notamment le but de la logique, dont l’objet est l’étude des inférences valides, autrement l’étude de la mesure dans laquelle une proposition peut être admise en vertu d’autres propositions déjà tenues comme vraies. Il ressort donc que la pensée rationnelle est bien assimilable à du calcul comme déduction d’une proposition à partir de prémisses.

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