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Le moi est-il haïssable ?

Dissertation : Le moi est-il haïssable ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2024  •  Dissertation  •  1 963 Mots (8 Pages)  •  43 Vues

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Le moi est-il haïssable ?

Introduction :

Cette question, très pascalienne, a été tournée et retournée dans tous les sens depuis plusieurs siècles et ce, par les plus grands penseurs et tout particulièrement Pascal. Le Moi peut à la fois être individuel ou collectif sans pour autant concerner le « tout ». En effet, il ne peut-être séparé de l’Autre, son alter ego, lui-même se définissant comme Moi à part entière. Le moi, en tant que concept central dans la réflexion philosophique, suscite un questionnement fondamental : est-il haïssable? Pour appréhender cette problématique, il convient de définir le moi, d'en examiner les différentes facettes, et d'analyser les raisons qui pourraient le rendre haïssable ou, au contraire, aimable. Du point de vue de la psychologie, le moi englobe l'identité individuelle et les différentes composantes de la personnalité. Dans la philosophie, des penseurs tels que Descartes ou Locke ont exploré la nature et l'origine du moi. Le sujet est donc une chose pensante. Il a une conscience de lui-même, de son identité propre (le Moi). Il est capable de dire « Je » en parlant de lui-même. Ainsi, avant d'évaluer son caractère haïssable, il est essentiel de comprendre en profondeur ce que recouvre ce concept. En effet l'une des premières occurrences du mot "Moi" se trouve chez Blaise Pascal, philosophe du XVII° siècle ; et c'est pour affirmer que le Moi... "est haïssable". “Le moi est haïssable. Ainsi ceux qui ne l’ôtent pas, et qui se contentent seulement de le couvrir, sont toujours haïssables.” On peut ici différencier deux sens possibles du mot "Moi".

1. D'un côté, le "Moi", c'est ce qui singularise le sujet, ce qui le caractérise en tant qu'individu, c'est ce qui fait qu'il est "lui", et pas un autre. Le Moi est alors rattaché à toutes les caractéristiques individuelles d'un homme : son corps, ses désirs, ses penchants, sa richesse, sa puissance, mais aussi tout ce qui se relie à son intérêt personnel. Le Moi, c'est donc ce qui fait du sujet humain un individu particulier.

2. De l'autre, le Moi, c'est ce qui, en moi, s'attache au Moi (au premier sens). C'est tout ce qui se rapporte à l'amour de soi, à la tendance à cultiver, à affirmer et à privilégier ce qui me caractérise en tant qu'individu, ce qui vise à développer et à valoriser ma singularité. Le Moi désigne donc ici la tendance "égocentrique" de l'être humain, sa tendance à se poser comme le centre de ses préoccupations, mais aussi "l'égoïsme" de l'homme, sa tendance à privilégier son propre intérêt avant celui des autres.

En quoi le Moi est-il alors "haïssable" ? Et lequel ? Nous verrons donc dans un premier temps la possibilité d’un moi aimable ensuite nous examinerons la thèse inverse selon laquelle le moi serait en réalité haïssable. Enfin nous nous questionnerons sur la connaissance du moi.

Examinons d'abord le cas du premier "Moi".

D’apparence, le premier Moi, serait plus aimable que haïssable. En premier lieu parce qu'il est insaisissable, toujours retranché derrière des "qualités" (c'est-à-dire : des caractéristiques, des propriétés) qui, elles, sont fluctuantes, passagères. Je peux par exemple aimer quelqu'un pour sa beauté ; mais cette beauté est passagère : il n'était pas réellement séduisant quand il est né, et il cessera probablement de l'être bientôt. Et supposons que demain il soit atteint d'une maladie qui détruit l'harmonie de son visage : si je l'aime pour sa beauté, il va de soi que je ne l'aimerai plus. Puis-je alors dire que je l'aimais, lui ? Apparemment non : je n'aimais que sa beauté, c'est-à-dire une "qualité" qui était provisoirement la sienne, mais qu'il peut perdre. Je peux aimer quelqu'un pour sa pensée, pour ses idées ; mais ces idées évoluent. Je ne pensais pas hier ce que je pense aujourd'hui, et il n'y a aucune raison de penser que je penserai demain à ce que je défends actuellement. Mon expérience, ma réflexion peuvent me faire changer d'avis, d'opinion ; je peux changer ma vision du monde, je peux changer de bord politique, de religion, etc. On peut alors faire un premier constat : si celui qui m'aimait hier pour mes idées, et ne m'aime plus aujourd'hui parce que j'en ai changé, peut-on vraiment dire qu'il m'aimait, moi ? Je suis toujours Moi : si c'est "Moi" qu'il aimait, il m'aimerait encore aujourd'hui, alors même que je ne suis plus l'anarchiste qu'il fréquentait, mais un nationaliste virulent. La conclusion qu'on peut en tirer est qu'en réalité, nous n'aimons jamais quelqu'un ; nous n'aimons que des qualités, qu'il peut posséder (et perdre) mais qui ne sont pas lui. Nous aimons quelqu'un pour sa beauté, sa puissance, ses idées, ses valeurs : mais tout ceci est passager, fluctuant, changeant, alors que celui que je prétends aimer est toujours "lui". Ce n'est donc pas "lui" que j'aime, mais les qualités qui sont les siennes à un moment donné. Si je l'aimais, lui, je l'aimerais même s'il changeait de corps, de statut, d'idées, etc. On ne peut alors réellement le haïr puisque qu’on ne peut vraiment aimer son “Moi”. Mais alors qu'est-ce donc que je pourrais aimer ? Et si je l'aime, lui, indépendamment de son apparence, de son statut social, de ses opinions du moment, qu'est-ce qui justifie le fait de l'aimer, lui, plutôt que n'importe quel être humain ?

Examinons maintenant le cas du second "Moi".

Ce "Moi qui s'attache au Moi" semble d'abord commettre une erreur, qui découle de ce que nous venons de dire. S'attacher à soi-même, c'est s'attacher à quelque chose dont on ne voit pas bien en quoi il serait digne d'attachement. Car si je m'aime pour ma beauté, alors il faut admettre que ce n'est pas

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