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L'homme moderne dissoscié

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Par   •  8 Mai 2024  •  Commentaire d'arrêt  •  5 620 Mots (23 Pages)  •  23 Vues

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Nul ne peut avoir de lien avec son prochain s’il ne l’a d’abord avec lui-même.

C.G. Jung

L’HOMME MODERNE DISSOSCIÉ

Par Carl Gustav Jung [1]

[pic 1]

Nuage de la bombe atomique au-dessus de la ville de Nagasaki, 9 août 1945. 75 000 morts.

Notre intellect a créé un nouveau monde fondé sur la domination de la nature, et l’a peuplé de machines monstrueuses. Ces machines sont si indubitablement utiles que nous ne voyons pas la possibilité de nous en débarrasser, ni d’échapper à la sujétion qu’elles nous imposent. L’homme ne peut s’empêcher de suivre les sollicitations aventureuses de son esprit scientifique et inventif, et de se féliciter pour l’ampleur de ses conquêtes. Cependant, son génie montre une tendance inquiétante à inventer des choses de plus en plus dangereuses qui constituent des instruments toujours plus efficaces de suicide collectif [texte composé en 1961 !]. L’homme, devant l’avalanche rapidement croissante des naissances, cherche les moyens d’arrêter le déferlement démographique. Mais il se pourrait que la nature prévienne ses efforts en tournant contre lui ses propres créations. La bombe [nucléaire] arrêterait efficacement la surpopulation, [et aujourd’hui le réchauffement climatique]. Malgré l’orgueilleuse prétention que nous avons de dominer la nature, nous sommes encore ses victimes, parce que nous n’avons pas encore appris à nous dominer nous-mêmes. Lentement, mais sûrement, nous approchons du désastre. Il n’y a plus de dieux que nous puissions invoquer pour nous aider. Les grandes religions du monde souffrent d’une anémie croissante, parce que les divinités secourables ont déserté les bois, les rivières, les montagnes, les animaux, et que les hommes-dieux se sont terrés dans notre inconscient. Nous nous berçons de l’illusion qu’ils y mènent une vie ignominieuse parmi les reliques de notre passé. Notre vie présente est dominée par la déesse Raison, qui est notre illusion la plus grande et la plus tragique.

C’est grâce à elle que nous avons « vaincu la nature ».

Mais ceci n’est qu’un slogan, car cette prétendue victoire remportée sur la nature fait que nous sommes accablés par [tous les problèmes contemporains ainsi que] le phénomène naturel de la surpopulation, et ajoute à nos malheurs l’incapacité psychologique où nous sommes de prendre les accords politiques qui s’imposeraient. Nous considérons toujours encore qu’il est naturel que les hommes se querellent, et luttent pour affirmer chacun sa supériorité sur l’autre. Comment peut-on parler de « victoire sur la nature »?

La conscience, le moi et l’inconscient selon Jung

Texte de Steve Melanson

La conscience

La science comprend peu de chose au cerveau. Entre autres, on ne sait pas comment se fait et où se situe la conscience. Les scientifiques ne savent pas vraiment non plus ce qu’est la conscience. « Qu’est-ce que la conscience? Où se trouve-t-elle dans le cerveau? » La science se bute à ces questions et personne ne peut y répondre. La conscience est un mystère.

 On peut toutefois tenter de la décrire. Les psychologues le font, dont entre autres C.G. Jung (1875-1961) qui est un fondateur de la psychanalyse. Il répond ainsi à la question qu’est-ce que la conscience ? :

Être conscient, c’est percevoir et reconnaître le monde extérieur ainsi que soi-même dans ses relations avec ce monde extérieur.[2]

Remarquons qu’à sa naissance, un bébé n’est pas conscient. C’est en grandissant que lentement il devient conscient. On pourrait ainsi dire, selon la définition de Jung, qu’à sa naissance, le bébé perçoit le monde extérieur, mais ne se reconnaît pas encore lui-même en relation avec ce monde. Pour le bébé naissant, tout fait un, il ne se distingue pas lui-même des choses qu’il perçoit. Toutefois, avec les mois et les années, l’enfant développe sa reconnaissance de lui-même en tant que personne en relation avec un monde extérieur – il devient conscient.

Le moi

Il y a un élément à préciser dans cette compréhension de la conscience. En disant que la conscience « c’est reconnaître le monde extérieur en relation avec soi-même », il faut donc d’abord qu’il y ait quelque chose qu’on puisse identifier comme « soi-même ». La conscience en dépend, dit Jung ; s’il n’y a pas « moi », il n’y a pas de conscience. Ce « soi-même » dans la conscience est notre identité. C’est ce « moi » que l’on est à chaque instant et dans tous nos souvenirs passés. Depuis toujours, quand je suis conscient, je suis ce « Steve » auquel je m’identifie, je suis ce « Steve » dont je parle à chaque fois que je dis « moi » ou « je ». Et dans tous les instants que je vis, et dans tous mes souvenirs passés, je m’identifie à ce « Steve », ma personne, ma personnalité, moi. Ce « moi » est le centre de ma conscience, et c’est là justement la définition du « moi » : le moi n’est pas identique à la conscience, il en est le centre, comme le précise Jung : « Il faut entendre par “moi” l’élément complexe auquel se rapportent tous les contenus conscients. Il forme en quelque sorte le centre du champ de la conscience, […] le moi est le sujet de tous les actes conscients personnels. [3]»

C’est ce « moi » qui permet d’établir les limites de la conscience, ce qu’on nomme le champ de la conscience. Ce dernier est défini par les frontières de ce que je perçois dans l’instant présent. Le champ de ma conscience est l’étendue de ce que « Steve » perçoit en ce moment. Et le champ de votre conscience est l’étendue de ce que vous percevez en ce moment même. Ce que vous ne percevez pas est en dehors des limites de la conscience et ne fait pas partie du champ de votre conscience. La conscience se circonscrit donc par ce que le moi perçoit dans l’instant présent.

L’inconscient

Une question me vient maintenant à l’esprit : « Quelles sont les choses qui peuvent être perçues et faire partie du champ de ma conscience? » Il y en a deux types. D’abord celles du monde extérieur qu’on perçoit par l’entremise de nos cinq sens : images, sons, goûts, odeurs, touchées. Ensuite celles qui ne proviennent pas du monde extérieur. Il y a, de fait, tout un monde que nous pouvons percevoir, mais dont la source n’est pas le monde matériel extérieur. Il s’agit de notre « monde intérieur psychique ». Par exemple, une émotion, comme la joie, ou une idée, comme « j’ai hâte à l’été » sont évidemment des perceptions qui peuvent occuper le champ de la conscience, mais qui, à l’évidence, ne proviennent pas du monde extérieur matériel. La source de ces perceptions est intérieure, psychique. La psychanalyse a nommé ce « lieu psychique » qui est hors des frontières de notre conscience : l’inconscient. L’inconscient est donc le « lieu » où se trouve tout ce qui est de nature psychique et qui n’occupe pas le champ de notre conscience dans le moment présent. Il y a donc deux types possibles de perceptions dans notre conscience : 1) les perceptions dont la source est le monde extérieur matériel et 2) les perceptions dont la source est l’inconscient. Dans l’inconscient se trouvent plusieurs choses qui peuvent être perçues par notre conscience. Ce sont des idées, des intuitions, des émotions, des désirs, des pulsions, des sentiments, des images, des souvenirs, des rêves, etc. Ça peut même être des sensations ! Car, comme le démontre l’hypnose, toutes les données de nos cinq sens qui ne sont pas consciemment perçues pénètrent tout de même notre psychisme et se retrouvent emmagasinées dans l’inconscient. Voici un exemple rapporté par Jung :

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