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Le Theatre et l'education : chercher, imiter, interpreter et representer

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Par   •  27 Avril 2013  •  2 710 Mots (11 Pages)  •  827 Vues

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L'imitation et la représentation de ce qui nous entoure sont des actions que nous faisons de manière naturelle dès notre naissance. Toutes les deux nous permettent de nous exprimer et de montrer aux autres ce que nous savons ou ce que nous pouvons faire. Elles nous permettent, d'autre part de nous construire en tant que personne à partir entre autres, des effets qu’elles produisent sur les autres et des réponses que, par conséquent, elles nous fournissent.

L'imitation et la représentation sont des actions et des processus que partagent le théâtre et l'éducation. Tous les deux les emploient pour leurs propres objectifs; le premier pour produire un œuvre d'art: le spectacle théâtral. La seconde comme stratégies qui plus que d’autres configurent l’univers complexe des divers apprentissages qui nous construisent en tant que personnes et font de nous des membres d'une communauté culturelle.

Le théâtre et l'éducation confluent dans ces pratiques, mais les relations qui les ont unies au fil du temps ont été aussi sporadiques qu'irrégulières. On peut affirmer que c'est la colonisation éducative du sociale –réalisée au moyen de l'éducation non formelle intervenant dans le courant de la deuxième moitié du XXème siècle -qui a ouvert les portes à une plus grande utilisation du théâtre comme activité, méthodologie ou stratégie de formation. Une utilisation qui est allée bien au-delà du champ strictement éducatif et s’étend aujourd’hui entre d'autres, au champ de l’entreprise, de la santé et, en général, au champ social.

Les potentialités éducatives du théâtre ont toujours été évidentes dans le monde de l'éducation. Cependant, ni l'école ni la société elle-même tout au long de l'histoire1, n'ont pu se soustraire à la crainte que généraient toutes ces actions et pratiques celles-ci n’étant pas tout à fait rationnelles ou susceptibles de rationalisation 2. Le théâtre, comme l'art en général, ayant en lui un fort composant émotionnel représentant l'un de ses traits caractéristiques. Cela à fait du théâtre une activité qui apparaissait, du point de vue de l'orthodoxie éducative, aussi attractive que mystérieuse. Attractive, car elle permet à celui qui la pratique de sortir de lui- même- au sens figuré- pour entrer dans les personnages qu'il imite ou interprète. Mystérieuse, car elle met en jeu tout un ensemble de forces et d'énergies inconnues dont on ignore ce qu'elles peuvent produire et jusqu’où elles peuvent mener celui qui les libère. C'est la raison pour laquelle la pratique du théâtre dans l'éducation a toujours davantage relevé de l'initiative, de la formation ou du courage des éducateurs eux-mêmes que de schémas encouragés par les politiques éducatives.

1 Une synthèse de ces relations peut être obsevée dans Duvignaud, 1981; et dans Gonzalez, 1987:17-45. . 2 Duvignaud relie les discussions entre les philosophes d’Alembert -qui évoque les vertus pédagogiques de l'art dramatique et Rousseau qui pense que plus qu'une école des bonnes manières le théâtre est un portrait des coutumes dans ce qu’elles ont de pire ne pouvant pas nuire aux sociétés qui ont la fortune de l'ignorer encore (1981:320).

2

Il semblerait toutefois qu'apparaissent, au début du nouveau millénaire, toute une série de conditions en faveur de l'hybridation et du métissage disciplinaire3, qui ouvrent le chemin à l'acceptation normalisée ou même à l'intégration de pratiques et d'objets d'étude ayant été omis, refusés ou tout simplement dévalorisés par la perspective scientifique dominante. Je ne me réfère pas seulement au théâtre mais aussi, et principalement, aux émotions qui sont le véhicule privilégié sur lequel reposent et se construisent le drame et le théâtre. La théorie de la complexité qui considère comme dépassée la dualité cartésienne corps-esprit, défend un être humain intégré dans la cognition4. C'est ainsi que l'on en arrive à considérer les émotions comme étant un élément supplémentaire parmi ceux qui participent aux processus autopoïétiques que nous, êtres humains, développons en interaction avec notre environnement (Maturana, 1995). Et cela à partir d'un statut scientifique difficilement discutable qui facilite le dépassement des orthodoxies, aussi bien scolastiques que scientistes5.

La thèse que ce travail prétend défendre est que le théâtre en général et la dramatisation en particulier, considérés comme langage6, comme moyen ou comme médiation sont des ressources particulièrement aptes, c'est-à-dire efficaces, effectives et satisfaisantes, à procurer un apprentissage intégral. Apprentissages où l'émotionnel et le rationnel se trouvent intimement liés dans les diverses actions de type dramatique développées par les participants. Des actions qui se constituent comme une source d'expérience et d'expérimentation personnelle, collective et socioculturelle contribuant à rendre possible le dévoilement, l'émergence ou l'élargissement des registres expressifs et communicatifs de chacun d'entre eux. Tout cela indépendamment de l'âge des participants ou du cadre spécifique de formation -éducation formelle et non formelle- où l'on se sert de la dramatisation et du théâtre.

1. Théâtre, art et éducation: l’artiste, le technicien et le spectateur

L'imitation est essentiellement, un acte individuel qui n'exige pas nécessairement la présence des autres. Il est possible d'imiter dans l’intimité à l’écart des gens, des objets ou des situations. La représentation au contraire, est un acte social: la personne fait une imitation ou réalise une action et ce quelle q’elle soit mais toujours devant d'autres qui observent. C’est ce qui constitue la condition fondamentale permettant de parler de théâtre ou de phénomène théâtral. La situation théâtrale, réduite à sa minimum expression, - affirme Bentley- consiste en ce que A personnifie B tandis que C l’observe (1982: 146). Pour pouvoir parler de situation théâtrale il faut au minimum deux personnes: une qui représente et une autre qui la regarde.

Nous savons d'autre part, que pour que se produise une situation d’apprentissage sont uniquement nécessaires- d’un point de vue une fois encore essentiel- un sujet et l’environnement7 dans lequel il se trouve. Cela nous apporte une approche un peu différente, d'un point de vue éducatif, de la situation théâtrale dont

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