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Les Visages De La Joconde

Note de Recherches : Les Visages De La Joconde. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2013  •  1 950 Mots (8 Pages)  •  1 016 Vues

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Quel est le lien mystérieux qui s'établit au cours du temps entre une oeuvre d'art et son public ? Quels sont les éléments, les motivations profondes et les secrets techniques qui peuvent expliquer que la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo ou l'Angélus de Jean-François Millet soient devenus des objets d'admiration, de contemplation -presque d'adoration- universelles, au point que tous les supports modernes, depuis les calendriers de fin d'année jusqu'à la publicité, les aient utilisés, parfois, jusqu'à l'excès ? L'étude du succès sans égal, depuis trois siècles, de la Joconde de Léonard de Vinci -nommée Monna Lisa par le public anglo-saxon- permettrait sans doute de mieux comprendre les motivations nombreuses et complexes qui amènent les visiteurs d'un musée à ne se souvenir que d'une seule oeuvre au milieu de milliers d'autres. En effet, la Joconde est sans contestation possible le tableau le plus célèbre du monde, identifié aujourd'hui totalement au musée du Louvre et même à la notion d'art en général. Et si nous parvenions à pénétrer dans les origines de sa création, dans ses qualités esthétiques, dans son histoire depuis la mort de son créateur, nous pourrions peut-être dégager des règles expliquant le succès d'une oeuvre d'art.

Ainsi, pouvons-nous dégager quatre pistes de recherche ayant un lien étroit avec le succès sans égal de la Joconde auprès de son public : la personnalité marginale, fantasque et géniale de son créateur, Léonard de Vinci (1452-1519) ; la perfection de sa technique picturale ; les mystères, qui ne sont d'ailleurs toujours pas résolus, de l'identité du modèle qui a posé pour cette oeuvre ; les rebondissements de son histoire, aussi surprenants et nombreux qu'un roman policier pourrait le permettre.

Léonard de Vinci est-il un peintre, un ingénieur, un inventeur ou un philosophe ?

Né en 1452 dans un petit village de Toscane appelé Vinci, d'où son nom, Léonardo da Vinci était le fils illégitime du notaire du lieu et d'une de ses servantes, Catarina Vacca. Les témoignages sur son physique et sa personnalité diffèrent d'autant plus que la légende s'est installée très tôt dans les récits de sa biographie. On le décrit parfois comme un colosse à la force prodigieuse, capable de tordre un fer à cheval dans ses mains, et souvent comme un jeune adolescent, efféminé et rêveur. On nous le montre tantôt comme un homme aimant les exercices physiques et les sports violents, tantôt comme un adolescent jouant de la lyre et chantant à la perfection. Ses qualités artistiques durent cependant apparaître dès son enfance, puisqu'en 1469, à l'âge de 17 ans, il se trouve déjà depuis trois ans dans l'atelier du peintre et sculpteur florentin, Andrea Verrochio (1435-1488). Dans l'atelier de cet artiste célèbre, aux côtés d'autres peintres importants comme Sandro Botticelli ou Pérugin, il apprend durant treize ans la technique de la peinture et les secrets de l'exécution d'un tableau. Il s'initie également aux disciplines, considérées alors comme indispensables à un créateur : les mathématiques, la perspective, la géométrie et, d'une manière générale, toutes les sciences d'observation et d'étude du milieu naturel. Il s'initie également à l'architecture et à la sculpture.

Lorsque sa formation fut achevée, il débute sa carrière de peintre par des portraits et des tableaux religieux, grâce à des commandes passées par des notables ou des monastères de Florence. Mais, dès cette époque, il est très difficile -et cela se poursuivra durant toute sa carrière- de savoir avec certitude s'il se considère lui-même comme un peintre, un artiste pluridisciplinaire ou un ingénieur. Les limites entre les métiers ne sont pas alors figées comme aujourd'hui et un homme de talent peut aisément passer d'une fonction à une autre. Alors protégé par le personnnage le plus influent de Florence, Laurent de Médicis, surnommé le Magnifique, homme politique et mécène richissime, qui lui attire de nombreux clients, il est envoyé par ce dernier en 1482 à Milan, afin de servir le duc Sforza. A cette occasion, il écrit au duc de Milan une lettre étonnante, un véritable curriculum vitae, dans lequel il révèle ses ambitions d'ingénieur, d'inventeur et également d'homme de guerre : "Je peux construire des ponts très légers, solides, robustes, facilement transportables, pour poursuivre et, quelquefois fuir l'ennemi [...] J'ai également des moyens pour faire des bombardes, très commodes et faciles à transporter, qui lancent de la pierraille presque comme la tempête, terrorisant l'ennemi par leur fumée [...] En temps de paix, je crois pouvoir donner aussi entière satisfaction que quiconque, soit en architecture, pour la construction d'édifices publics et privés, soit pour conduire l'eau d'un endroit à un autre".

Plus tard, il mettra ses talents d'ingénieur au service des villes de Pise et de Venise, des souverains de Mantoue, la famille d'Este, et, bien sûr, du roi de France, François 1er, qui l'invitera à venir travailler dans la vallée de la Loire, où le monarque réside alors. Cette rare qualité d'aborder avec talent toutes les disciplines -il sera de son vivant davantage célèbre comme ingénieur hydraulique que comme peintre !- a étonné tous ses contemporains, ainsi que son insatiable curiosité qui lui fit étudier sans se lasser tous les phénomènes naturels : "D'où vient l'urine ? D'où vient le lait ? Comment la nourriture se distribue dans les veines ? D'où vient l'ébriété ? D'où le vommissement ? D'où la gravelle et la pierre ? [...] D'où viennent les larmes ?", confie-t-il aux pages de ses carnets d'études dans une quête constante de réponses à toutes les questions envisageables. Sa connaissance parfaite de l'anatomie, des effets de la lumière et des combinaisons chimiques les plus complexes a évidemment guidé sa carrière de peintre et, dès ses premiers chefs-d'oeuvre -la Vierge aux rochers (Paris, musée du Louvre), commencée en 1483, la Cène (Milan, couvent Sainte-Marie-des-Grâces), qu'il exécute en 1493, ou la Bataille d'Anghiari (tableau disparu) dont il obtient la commande en 1503 après une lutte acharnée avec Michel-Ange-, il montre à quel point ses connaissances scientifiques et technologiques enrichissent l'exécution de ses

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