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L'École de Venise

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Par   •  2 Octobre 2022  •  Synthèse  •  3 264 Mots (14 Pages)  •  219 Vues

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L’École de Venise

Avec Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël, la glorieuse Italie n’avait-elle pas donné à l’art et aux hommes le meilleur d’elle-même? Après tant de chefs-d’œuvre, n’allait-elle pas, enfin, se reposer sur ses lauriers? Non, l’Italie n’avait pas fini d’étonner le monde ; le prodigieux feu d’artifice allait se poursuivre, mais cette fois à Venise – cette ville belle entre toutes les villes, qui semble, telle la Vénus de Botticelli, surgie toute faite de la mer. L’ascension de l’école de Venise, c’est encore, dans l’histoire de l’art, une page immortelle. Deux hommes en furent les initiateurs : le peintre Jacopo Bellini et l’antiquaire Squarcione. Le premier fut un artiste, qui sut faire de ses deux fils, Giovanni et Gentile, des maîtres plus grands encore. Le second fit de sa boutique, à Padoue et Vénétie, un centre artistique incomparable. Squarcione est le vrai fondateur de l’école de Padoue, dont celle de Venise allait s’inspirer. Homme étonnant que ce Squarcione! Il avait beaucoup voyagé, en Italie et aussi en Grèce – cherchant partout à satisfaire son goût pour les belles choses. Il réunit une magnifique collection d’œuvre d’art, comprenant notamment des fragments de sculptures grecques. La perfection de l’art des Hellènes fut, pour les jeunes artistes padouans, une véritable découverte.  Un de ces jeunes peintres, André Mantegna (dont Squarcione fit plus tard son fils adoptif), prit les Grecs pour modèles et, à travers lui, l’école de Padoue toute entière allait s’en inspirer. Toute l’œuvre de Mantegna reflète l’idéal classique. La fermeté de son dessin, la rigueur sculpturale de ses formes, la clarté et la pureté de sa vision font de l’art de ce maître l’un des sommets de la peinture italienne. Mais son génie se distingue aussi par sa froideur.

Les bronzes de Donatello comptèrent pour beaucoup dans la formation de Mantegna, qui subit également l’influence des Bellini, dont il devint parent par mariage. En 1459, -- il n’avait que vingt-huit ans – Mantegna fut appelé à Mantoue, en Lombardie, par la riche famille des Gonzague, et se vit confier l’exécution de nombreux portrait, ainsi que la décoration des palais de la famille. Les fresques de Mantegna à Mantoue, aussi bien que celle de Padoue, sont autant de chefs-d’œuvre. On possède aussi de lui de nombreux tableaux, dessins et gravures, répartis dans les musées du monde entier. Vers la  fin de sa vie, le classicisme de Mantegna, son sens de la forme et de la ligne, s’affirmèrent encore aux dépens de son coloris déjà assez pauvre, si bien que les œuvres des dernières années semblent presque monochromes. Il ne reste pas grand-chose de l’œuvre de Jacopo Bellini, mais par contre nous possédons de nombreux tableaux et fresques de ses deux fils, qui furent les premiers véritables maîtres de l’école de Venise. Notons en passant que celle-ci ne se réclame pas seulement, à travers les Bellini et Mantegna, leur parent par alliance, des maîtres de Padoue. Il y eut l’influence – bien moindre à vrai dire – des peintres de l’île de Murano, située au milieu de la lagune de Venise. Le souvenir de la petite colonie de Murano survit dans l’œuvre des Vivarini – surtout d’Alvise Vivarini et de son père Bartolomeo. Alvise eut pour élève le charmant Lorenzo Lotto, dont l’œuvre, à certains égards, semble prolonger l’école de Sienne et exprime, par sa douceur et sa mélancolie, la nature propre de l’artiste. La tradition veut qu’à l’époque des Bellini, le peintre Antonello de Messine ait rapporté des Flandres, où il avait travaillé, une technique nouvelle – celle de la peinture à l’huile. Antoonello n’est pas seulement l’homme qui introduisit à Venise cette innovation remarquable ; c’est aussi un peintre qui, s’il avait vécu à une époque moins riche en génie, aurait sans doute connu la gloire. Il se distingua particulièrement dans le portrait. On connait de lui, au Louvre à Paris, une Tête d’homme, également appelée le Condottiere, qui est peut-être son chef-d’œuvre. A la National Gallery de Londres, on peut encore admirer de lui un autre portrait, ainsi qu’un Christ sur la Croix, qui fut sa première œuvre signée.

S’ils adoptèrent la peinture à l’huile, les artistes vénitiens de l’époque ne l’employaient pas comme on le fait de nos jours. Ils continuaient è peindre à la détrempe, c’est-à-dire qu’ils mélangeaient la matière colorante avec du blanc d’œuf ; c’est seulement lorsque le tableau était déjà presque achevé qu’ils y ajoutaient une dernière couche à l’huile. Leur méthode avait en tout cas l’immense avantage de préserver la peinture des ravages de l’humidité, particulièrement dangereuse à Venise, où l’atmosphère brumeuse abîmait rapidement fresques et détrempes. La double carrière de Gentile et Giovanni Bellini marque la grande époque de la peinture vénitienne. Dans l’œuvre de ces deux maîtres, comme aussi dans celle de Crivelli, autre élève e d’Alvise Vivarini, nous voyons déjà s’affirmer tout ce qui allait, pendant un siècle et demi, faire la grandeur de l’école de Venise. Pour la première fois dans l’histoire de l’art italien, la couleur, au lieu d’être ajoutée en quelque sorte après coup, entrait désormais dans la composition même du tableau.

Les Bellini associèrent leur art à la pompe de la vie vénitienne

Avec les Bellini commence la tradition de ces grandes peintures spectaculaires, à multiples personnages, qu’inspiraient à leurs auteurs, la pompe de la vie vénitienne, avec ses cérémonies publiques, ses cortèges et ses processions. Les peintres de l’époque aimaient à évoquer ces manifestations de la grandeur de la République, en représentant, en de féériques couleurs, le spectacle du doge et de sa suite défilant dans le cadre uniques des places, des palais et des canaux de la vile merveilleuse. De tels tableaux ravissaient les Vénitiens. Les Bellini et leurs élèves faisaient régner la même atmosphère de splendeur et de richesse dans leurs tableaux d’inspiration religieuse, ainsi qu’en témoignent le Corpus Christi et la Prédication de saint Marc à Alexandrie de Gentile Bellini, et la féérique Histoire de la sainte Ursule, due au pinceau de Carpaccio. On peut dire que les Bellini et leurs adeptes ne s’attachaient guère à traduire le sens des choses ;  ce qui comptait pour eux, c’était la couleur et la lumière. Ils étaient aussi des maîtres du portrait ; on peut admirer, à la National Gallery de Londres celui du doge Léonard Loreddano, par Giovanni Bellini.

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