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Faut il tout faire pour être heureux

Dissertation : Faut il tout faire pour être heureux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 935 Mots (8 Pages)  •  1 321 Vues

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Faut- il tout faire pour être heureux ?

          « Tout le monde veut une vie heureuse, mais lorsqu’il s’agit de voir clairement ce qui la rend telle, c’est le plein brouillard » écrit Sénèque dans son œuvre La vie heureuse. Il semble alors étonnant de se demander s’il faut « tout faire pour être heureux » alors qu’il est si difficile de définir clairement ce sentiment. Notre perplexité se renforce avec l’expression « tout faire » qui parait elle-même ambiguë.  Comment l’Homme, dont l’existence est nécessairement limitée, pourrait- il tout faire ? Il faudrait alors comprendre cette expression dans un sens  figuré : on dira d’un médecin par exemple qu’il a tout fait pour sauver son patient lorsqu’il a mis en œuvre tous les moyens dont il disposait ; qu’il ne s’est épargné aucun effort, en somme qu’il a fait tout son possible.

On peut alors se demander s’il souhaitable voire obligatoire de réaliser tout ce dont notre volonté est capable pour parvenir à atteindre ce sentiment de satisfaction complet et durable qui caractériserait le bonheur.

Deux questions se posent alors :  faut-il vraiment faire quelque chose pour être heureux, le bonheur n’est il pas d’abord un état que l’on connaît sans nécessairement accomplir une action  ?  Au contraire ne faudrait- il pas parfois s’abstenir d’agir pour éprouver vraiment la plénitude du bonheur ?   D’autre part, le bonheur est- il  si important  qu’on doive absolument tout y consacrer sans restriction et sans limites ?  

Nous verrons d’abord en quoi le bonheur peut constituer le but par excellence de l’existence humaine, puis les problèmes que soulève la réalisation de ce but et enfin les limites et conditions qu’il faudrait alors fixer à la quête du bonheur.

I   /  Le bonheur : le but par excellence de l’existence humaine.

A/ Le bonheur est le but de l’existence :

Si le but de l’animal est de vivre (satisfaire ses besoins élémentaires) le but de l’Homme est de bien vivre selon Aristote. Ainsi le bonheur constitue consciemment ou non le but ultime de l’action humaine.

Aristote Ethique  à Nicomaque  (LI.1): Tous les actes  apparaissent comme des moyens pour atteindre une fin (un but) or  la seule fin qui n’est pas recherchée pour autre chose mais pour elle -même : c’est le bonheur. (ex : travailler → salaire → s’offrir des loisirs → satisfaction, bonheur).  Le bonheur serait donc  la fin en soi ou le souverain bien.

 

B/ Si le bonheur est le but de l’existence, il est logique de tout faire pour le réaliser.

« Tout faire »  peut signifier réaliser tout ce qui dépend de notre volonté, tout ce qui dépend de nos décisions.  Cela signifie aussi  « se donner du mal » ; « faire des efforts ». Il est logique de penser que pour atteindre son but (ici le bonheur) il faut se donner de la peine , voire accepter des sacrifices,  faire des concessions pour y parvenir .    (ex : Travail scolaire -→ diplôme → métier intéressant → bonheur).  

De plus, il ne faut pas laisser son bonheur aux « mains de la fortune » même l’étymologie du mot bonheur rappelle la précarité du bonheur et son lien avec la chance (bon= bonne ; l’heur= la chance)

C/  Bonheur et réalisation des désirs.  

Le bonheur chez l’Homme est lié à la réalisation des désirs. Le désir est ressenti comme un manque, une absence. Le bonheur passe alors par la satisfaction des désirs. « Tout faire » pour être heureux reviendrait à tout faire pour satisfaire ses désirs. Or satisfaire  ses désirs sans réserves  pourrait-il combler l’Homme ? C’est la thèse du personnage Calliclès dans le dialogue de Platon intitulé Gorgias .  Calliclès glorifie les désirs et la force de l’Homme qui pourrait les réaliser sans restriction y compris en renversant les principes de la morale qui ne sont pour  lui que des conventions établies par les faibles.

D/ Bilan/ transition

Le bonheur parait constituer le but de l’existence humaine, il passe notamment par la réalisation des désirs les plus importants ce qui oblige en retour à agir pour les réaliser . Il faut alors faire preuve de grande détermination pour atteindre cet aboutissement car le bonheur ne nous est pas « livré sur un plateau », il faut partir à se conquête. Mais comment parvenir au bonheur alors qu’il semble si difficile à trouver ?

 II/   La difficile mise en œuvre du bonheur

A/ Un idéal mal identifié

« Le bonheur est un idéal non de la raison mais de l’imagination » écrit  Kant , ce qui signifie que l’on ne peut pas clairement définir ce qu’il représente concrètement. Il prend des visages très différents selon les personnes et les circonstances :  on pourra l’assimiler au plaisir, à la satisfaction des désirs, à la réussite, au fait d’avoir bonne conscience. L’Homme pourrait alors passer sa vie à vouloir toucher du doigt ce qui n’est qu’une chimère.

B/  Remise en question de la valeur du bonheur

Si le bonheur est indéterminé, il semble alors difficile d’évaluer sa  véritable valeur. Peut- on mettre sur un même plan le bonheur d’un alcoolique qui consiste à s’enivrer d’alcool, d’un sadique dont le bonheur consisterait à faire souffrir autrui et  le bonheur du sage qui est de comprendre le monde ou encore le bonheur d’un « saint homme » qui  serait de se sacrifier pour secourir les autres ?

C’est pourquoi Kant soutient que le bonheur ne peut pas constituer un bien absolu (le souverain bien) .    Ce que l’homme doit faire  sans réserve, la seule obligation morale selon Kant serait d’agir moralement et de ne pas nuire à son prochain.   (→ voir le cours sur la morale)

C/ Une recherche égoïste ?

La morale consiste à respecter autrui et à considérer les autres comme des personnes et non comme des choses ou des moyens. Or la recherche de son propre bonheur peut s’opposer au devoir moral.  Le roman de Guy de Maupassant, Bel ami illustre cette idée en présentant   l’ascension sociale d’un ancien soldat qui instrumentalise ses relations avec les femmes.  

        

D/ Une quête interminable

On place souvent le bonheur dans la réalisation des désirs or ces derniers renaissent sans cesse plongeant l’Homme dans un état d’anxiété oscillant entre l’espoir et la crainte . Ainsi ce ne serait pas en poursuivant sans relâche la satisfaction des désirs que l’Homme pourrait espérer trouver le bonheur stable comme le souligne Schopenhauer dans son œuvre Le monde comme volonté et comme représentation mais au contraire en limitant au maximum les exigences des désirs. C’est le but même de l’ascétisme qui est de « tuer le désir » pour se satisfaire de ce que l’on a et de ce que l’on est.

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