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Lucien Fèbvre, Combats pour l’histoire, A. Colin, 1953

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Par   •  12 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 176 Mots (9 Pages)  •  1 005 Vues

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Lucien Fèbvre, Combats pour l’histoire, A. Colin, 1953

L’auteur, Lucien Febvre, est un historien de la 1ère moitié du XX ème siècle, que l’on peut qualifier de moderniste. Il fonde en 1929, avec son contemporain Marc Bloch, une célèbre revue intitulée Annales d’histoire économique et sociale, qui comme son nom l’indique vise à promouvoir une écriture de l’histoire (ou historiographie) fondée en bonne partie sur les sciences sociales (économie et sociologie). Cette revue est à l’origine de l’Ecole des Annales, célèbre courant historiographique français. Dans cet extrait de Combats pour l’histoire de 1953, Febvre fait de sa nouvelle approche de l’histoire un combat. Il s’attaque à une conception de l’historiographie qui est celle de l’Ecole méthodique que l’on rattache d’ordinaire à deux historiens de la fin du XIX ème : Langlois et Seignobos. Pour cette école, l’historien doit pour l’essentiel se préoccuper d’établir les faits historiques, son travail est donc une critique des sources et des documents écrits. L’histoire n’est que la mise en oeuvre de ces documents : l’historien se contente d’établir les faits avec le plus d’objectivité possible, il n’a pas à les interpréter car tout interprétation relève de choix discutables. Febvre critique cette conception qui réduit l’historien à un simple « chiffonnier » qui collecte inutilement les traces laissées par le passé. Ainsi on peut se demander en quoi son approche de l’histoire marque une césure avec l’approche traditionnelle. Dans un premier temps nous verrons le statut du document écrit, puis dans une seconde partie nous verrons l’impact de l’introduction d’une multiplicité des sources dans la nouvelle approche de Febvre.

« l’histoire se fait avec des documents écrits, sans doute », il est vrai en effet que l’histoire se fait usuellement, en ce temps avec des documents écrits et des sources officielles, c’est à dire les archives. L’histoire n’est donc pas une reconstitution du passé, mais bien une accumulation de faits et de dates; le document écrit étant pris à son sens le plus littéral, c’est à dire une pièce écrite servant d’information et de preuve, et qui serait la seule forme d’enseignement (latin : documentum) du passé et aussi la seule forme de l’enseigner (latin: docere). Ainsi les historiens traditionnels ne travaille que sur les formes de documents écrits, c’est à dire les sources écrites officieuses comme les testaments, les articles de journaux, les chartes, les ordonnances, les manuscrits, les télégraphes ou encore les correspondances de lettres, cependant même si ils travaillent certaines sources, elles restent très officielles, en effet il n’y a pas d’interprétation ou de reconstruction des faits passés ou de la parole passée. De plus, les documents officiel sont une ressource limité justement parceque se sont des documents administratifs. Ainsi une multiplicité des sources pousserait l’historien à changer son objectif, et par là l’objectif de l’Histoire même, ce que ne font pas les historiens traditionnels qui préfèrent utiliser les « fleurs usuelles » c’est à dire les documents écrits provenant des archives. Ainsi quand il n’y a pas de sources officielles, les historiens traditionnels sont obligés soit de laisser des périodes obscures dans le passé… puisque leur seule source viable, vérifiable et concrète est le document écrit.

Ainsi donc, pour ce qui est des faits historiques eux-mêmes, Langlois et Seignobos considèrent qu'ils ne sont visibles qu'à l'état de traces, et leur complexité empêche de faire des généralisations. L’école méthodique prônait donc une objectivation et une rigueur de l’étude des documents historiques, sans que l’historien n’use de subjectivité, le but étant qu’il soit impartial. Cependant selon Langlois et Seingnobos, l’historien doit malgré lui avoir recours à des classements, il doit donc se poser des questions, et faire preuve d’un minimum de subjectivité. Mais Seignobos se méfiait de cette intervention de l’historien et il regrettait même d'être forcé lui-même d'avoir recours à son imagination. Ainsi selon Febvre, ils rataient la partie « la plus passionnante (…) du travail de l’historien » , c’est à dire la joie palpitante de la découverte, celle qui se montre lorsque l’historien confronte, associent ou découvre de nouveaux indices et de nouvelles pistes à suivre. De même que cet « effort constant » dont parle Febvre, les historien de l’école méthodique ne le pratiquent pas puisqu’il amassent les documents pour les confrontés, il n’y a pas de recherches sur le terrain, pas de recherches qui implique de la sueur physique… en cela peut être Febvres fait-il une critique de l’école méthodique, qui ne marche pas assez sur le terrain, n’inspecte pas concrètementt et réellement les vestiges d’un passé lointain, ils se contenter de lire les écrits. Cependant comment faire pour les sociétés qui n’écrivaient pas ? comment fait-on alors pour reconstruire leur passé, leur histoire ? Cependant l’Histoire est un phénomène en mouvement, et « elle doit se faire » même malgré l’absence de documents écrits. En effet, il est impensable de penser laisser une période dans l’obscurité, elle doit impérativement être expliquée ou du reste expliciter ou même délimitée… car dans le cas contraire elle reste mystérieuse et nébuleuse et n’existe alors pas réellement…

Ainsi, lorsque Lucien Febvre et Marc Bloch décident de créer leur propre revue, Annales d’histoire économique et sociale; ils défendent un nouveau projet historique qui va bouleverser la discipline puisque leurs recherches rompent avec l’histoire traditionnelle. En effet pour eux, l’Histoire ne commence pas dans les archives, mais entre les mains des historiens, Febvre ajoute que collecter des faits passés ne sert à rien s’il n’y a pas une intelligence pour les mettre en oeuvre, ainsi l’histoire doit se faire même sans documents écrits, « s’il n’en existe point. Avec tout ce que l’ingéniosité de l’historien peut lui permettre d’utiliser pour fabriquer son mie, à défaut des fleurs usuelles » Le fait passé lui-même n’a d’intérêt que pour une pensée qui l’intègre dans une explication. En ce sens, c’est la pensée qui crée ou plutôt recrée le fait : non pas qu’elle l’invente, ce qui serait contraire à la rigueur historique, mais elle lui donne un sens, une pertinence, en le reliant à d’autres faits dans le cadre plus général d’une explication du passé. il considère que l'historien quoi qu'il fasse, est subjectif, même quand il ne fait que relever les faits.

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