Histoire. Commentaire du discours de Jacques Chirac 1995

Explication du texte 4 p 93 sous la forme d’un exercice type bac :

« Après avoir présenté ce document, vous montrerez qu’il illustre une certaine évolution des mémoires et le rôle de l’historien dans cette évolution. »

• En rouge et entre crochets apparaissent les différentes étapes de l’étude du texte. Ceci est fait pour vous aider mais ne doit aucunement apparaître sur une copie.
• De même on ne doit pas mettre de titre aux parties mais les faire apparaître par des alinéas et en mettant en relief l’idée essentielle.
• Ce qui est en italique sont les connaissances permettant d’expliquer le texte.
•  Le texte cité doit être entre des guillemets.

DOCUMENT 4 P 93 : Discours de Jacques Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1995.

            [Nature]Le document soumis à notre étude est un extrait du discours de Jacques Chirac prononcé lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1995.  [Auteur]Jacques Chirac, gaulliste, nouvellement élu président de la République va être le premier à accepter de reconnaître la responsabilité de la France de Vichy dans la collaboration et la déportation des Juifs de France. [ Contexte] .Ce discours a été prononcé à une période où les travaux des historiens a révélé le rôle actif de Vichy dans la collaboration et la déportation des juifs. [Idée générale] Dans cet extrait, mémoire de la Shoah et mémoire de la Résistance fusionnent avec la mémoire des Justes.

[Problématique]On peut dès lors se demander en quoi ce texte montre à la fois une évolution des mémoires et quel a été le rôle de l’histoire dans cette évolution.

            [ 1ère partie : Reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français]

            Dans cet extrait c’est d’abord la France de Vichy, « les Années noires » (Henri Rousso) qui est évoquée : « la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français » ( L3 et 4) .  C’est une allusion à la collaboration de l’Etat français et à sa participation dans la déportation des Juifs. Le président prend acte des révélations faites par les travaux des historiens sur le rôle actif des autorités françaises dans la déportation des Juifs.  Il l’illustre à la ligne suivante par la rafle du Vel d’Hiv qui est alors commémorée où «  450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondent aux exigences des nazis » (L 5,6 et 7). En effet, la rafle du Vel d’Hiv qui a eu lieu le 16 et 17 juillet 1942, a entraîné l’arrestation de 13 000 personnes à Paris et dans sa région par la police française, qui les a ensuite internées dans des camps en France, avant qu’elles ne soient envoyées dans les camps d’extermination. Comme ce sont « des moments qui blessent la mémoire » (L 1 et 2), ces années de l’histoire de France ont été occultées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui a vu dominer le résistancialisme. En effet, le Général de Gaulle dès la libération va développer le mythe d’une France résistancialiste, présentant le visage d’une France unie et totalement résistante et présentant Vichy comme une parenthèse de l’histoire. Le rôle de Vichy dans la déportation de 76 000 Juifs avait été minoré, comme le montre la censure du film, « Nuit et Brouillard » de 1956 où on cache par une poutre le visage d’un gendarme français. Ce n’est qu’avec des films comme « Le Chagrin et la Pitié » en 1971(qui sera interdit de diffusion à la télévision française jusqu’en 1981) ou «  La France de Vichy » de Robert Paxton en 1973 qu’on rétablit la vérité sur les années de Vichy. En effet même si la majorité des Français n’étaient ni résistants ni collaborateurs, la plupart d’entre eux était attentiste et silencieusement complice de ce qui se passait. Les historiens ont vu leur travail faciliter par la consultation d’archives, par des témoignages recueillis lors du procès de Eichmann en 1961, par les témoignages filmés dans « le Chagrin et la Pitié » (1971) ou Shoah……Cette ère des témoins leur a permis d’écrire peu à peu une histoire plus objective et de pousser les hommes politiques à une reconnaissance des responsabilités de la France durant cette période.

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