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En attente du Brexit (2017)

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Par   •  7 Novembre 2018  •  Dissertation  •  2 604 Mots (11 Pages)  •  452 Vues

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Introduction

Ce 29 mars, la Première Ministre britannique, Theresa May, a lancé un processus inédit dans l’histoire de l’Union européenne. En activant l’article 50 qui prévoit le lancement d’une négociation pour la sortie d’un État-membre, elle réaffirme le mandat populaire donné lors du référendum en juin 2016. Bien que le Royaume-Uni ait toujours été un eurosceptique notoire, le résultat serré de la consultation a étonné plus d’un observateur. Or, comment s’est articulé l’euroscepticisme britannique avec son statut d’état-membre? Fut-il constant dans l’histoire, ou changeant selon le contexte économique et géopolitique mondial?

Au-delà de la politique, le Brexit pose également la question de l’identité et de la volonté du vivre-ensemble qui affecte directement les citoyens. Pour cette analyse du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, nous tâcherons de répondre à ces interrogations et d’expliquer les racines de ce phénomène selon une approche historique. Nous tenterons bien évidemment de ne pas se laisser influencer par la proximité de l'événement. Hautement polémique, il divise l’Europe entre les partisans de la souveraineté nationale et les europhiles. Cela renforce la nécessité de garder un regard critique, conscient des éventuels biais.

Quant au plan, nous analyserons d’abord les relations entre les pays continentaux et le Royaume-Uni avant son adhésion à l’Union, de même que son statut particulier et enfin, analyser la marche progressive vers le retrait officiel.

L’adhésion du Royaume-Uni aux Communautés européennes

Les tensions entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne sont symptomatiques de l’antagonisme régnant entre la France et l’Angleterre depuis longtemps. Même dans les moments les plus critiques, ces nations ne se sont jamais entendues. À titre d’exemple, le projet d’une constitution commune amorcé en 1940 stipulait : « Les deux gouvernements déclarent que la France et la Grande-Bretagne ne seront plus, à l’avenir deux nations, mais une seule union franco-britannique. » Ce projet citoyen visait à accorder la double citoyenneté ainsi que leurs privilèges aux membres des deux nations. Il fut piloté par Churchill et de Gaulle pour lutter contre l’Allemagne, leur ennemi commun, mais il ne verra jamais le jour car il n’obtiendra pas l’aval du président du Conseil français de l’époque, Albert Lebrun, et sombrera aux oublis sous l’impulsion du maréchal Pétain. Ceci démontre que, même dans les moments les plus difficiles, une alliance et une mise en commun des ressources françaises et britanniques seraient compliquées.

D’ailleurs, cet état de fait est renforcé par la vision de Churchill, lui qui voulait fonder des États-Unis d’Europe en y calquant le modèle américain, idée notamment reprise plus tard par Jean Monet, sans succès. L’éloignement entre la France et la Grande-Bretagne est symbolisé par les propos de Churchill envers le général de Gaulle le 2 juin 1944 durant les préparatifs du débarquement: « Comment voulez-vous que nous, Britanniques, prenions une position séparée de celle des États-Unis ? […] Chaque fois qu’il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai [...] Roosevelt. » Ce dernier répondait à de Gaulle qui refusait de soumettre la France à une sujétion aux États-Unis. Malgré ces allégations, il faut noter que le Royaume-Uni est plus proche économiquement et politiquement des États-Unis, ce qui le distingue des autres pays européens. De Gaulle se souviendra de ces propos lorsque, après avoir refusé de participer aux institutions en vue de la création d’une Europe unifiée et pacifiée après la guerre, le Royaume-Uni posa sa candidature à l’entrée dans la jeune union économique européenne. Churchill et Roosevelt, n’ayant pas considéré le général et entretenant une relation privilégiée, ont exclus la France des discussions, comme en témoigne la conférence de Yalta en 1945 et la planification du débarquement en Normandie.

Or, Churchill n’était pas hostile à la mise en place d’une union européenne. Il faisait même partie des rares « europhiles » britanniques. Il déclara à ce propos en 1949 : « Il n’y a aucune raison de ne pas réussir à réaliser le but et à établir la structure de cette Europe unie dont les conceptions morales pourront recueillir le respect et la reconnaissance de l’humanité, et dont la force physique sera telle que personne n’osera la molester dans sa tranquille marche vers l’avenir. » C’est bien l’aspect supranational de cette Europe qui l’incita lui ainsi que la Grande-Bretagne à ne pas participer aux prémices de cette nouvelle alliance européenne économique.

Lors de la rencontre de Champs, en juin 1962, le général de Gaulle déclara à l’attention de Macmillan, Premier ministre anglais, sur l’attitude du Royaume-Uni: « vous nous faites l’effet d’avoir beaucoup évolué et de comprendre l’intérêt que vous auriez à faire l’Europe. Mais vous n’êtes pas encore sur le point de la faire parce que vous demeurez encore attaché au monde extra-européen et parce que l’idée de choisir entre l’Europe et l’Amérique n’est pas encore mûre dans votre esprit. », « La Grande-Bretagne est en train de venir à l’Europe, mais n’y est pas encore venue. »

L’adhésion du Royaume-Uni fut ainsi marquée par deux refus successifs en 1963 et en 1967, avant son adhésion finale en 1973. Ces refus ont été justifiés par les rapports économiques différents de ce pays en comparaison aux membres européens, sa culture et ses traditions particulières, ainsi que son économie maritime. Le premier refus, par le général de Gaulle, sera motivé par le rapprochement trop marqué entre les britanniques et l’administration Kennedy, ainsi que leur refus de la Politique agricole commune (PAC), symbolisé par la conférence de Nassau. Il déclara à ce propos au sujet du peuple britannique : « il n’était pas alors en mesure d’appliquer les règles communes et qu’il venait à Nassau d’attester d’une allégeance extérieure à une Europe qui en serait une. Or, en se prolongeant vainement, ces négociations empêchaient bel et bien les Six de bâtir leur Communauté. »

En 1967, les choses ont peu changées. Cependant, cette fois les aspects économiques et financiers ont pris le pas sur le volet politique. L’état du sterling a ainsi freiné les ardeurs européennes malgré la dévaluation de ce dernier. À ce sujet, de Gaulle juge « incompatible » l’arrivée du sterling avec la volonté de renforcer le marché commun car, pour lui, il s’agirait alors de « donner d’avance

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