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Thérèse Desqueyroux

Commentaire d'oeuvre : Thérèse Desqueyroux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Décembre 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 845 Mots (12 Pages)  •  879 Vues

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Commentaire Littéraire de Thérèse Desqueyroux

Les premières années du XXème siècle ont été surnommées « la Belle Époque » car ce sont des années d'insouciance, de confiance et de découvertes, comme les recherches scientifiques de Marie Curie en 1903 et en 1911 qui lui obtiennent deux Prix Nobel. En France, les signes de la modernité s'installent, tandis que les tendances littéraires du siècle précédent continuent à marquer un grand nombre d’œuvres. Comme l'a fait Flaubert pour Mme Bovary, François Mauriac s'est inspiré d'un fait divers pour son œuvre Thérèse Desqueyroux : Henriette Canaby est accusée en 1905 d'avoir voulu empoisonner son mari. Celle-ci lui aurait fourni en trop grandes quantité des médicaments nocifs pour sa santé. Dans Thérèse Desqueyroux, Mme Canaby est  représentée à travers le personnage de Thérèse, tourmentée par le péché. Au chapitre 4, il est question de Thérèse et son mari dans le lit conjugal. En quoi le mariage de Bernard et de Thérèse est-il un échec ?



                 Tout d'abord, l'auteur met en lumière le ressenti de Thérèse dans sa relation conjugale, dans laquelle elle occupe une place restreinte. L’héroïne évoque de manière explicite sa condition féminine blessée au sein d’une société étouffante. Ainsi, elle multiplie ses efforts afin d'échapper à son destin, mêle sa solitude à des idées sombres proches de la mort lorsqu'il s'agit de son époux.


 
         Dans ce passage, l'auteur insiste sur la répulsion qu'éprouve l'héroïne vis-à-vis de son mari et son mal-être quotidien.


         Tout d’abord, l’auteur utilise un point de vue interne de Thérèse, et donne à son lecteur son jugement. Dans ce passage, Thérèse éprouve du dégoût vis à vis de son mari. En effet, elle n’arrive pas à trouver sommeil tandis que son mari est profondément endormi, cela suggère que leurs façons de vivre sont assez différentes. Mauriac met en avant des mouvements contraires entre les époux dans le lit conjugal : Bernard se rapproche de Thérèse qui le repousse continuellement. Les expressions « elle le repoussa » entrent ainsi en opposition à « il roula de nouveau ». De cette manière, les actions de Thérèse entrent en permanence en contradiction avec celles de Bernard. Le lecteur retrouve cette idée dans les expressions « ayant rejeté sur ce corps la couverture » et « il avait repoussé les couvertures ». A la fin du passage, lorsque l’aube se lève, Thérèse va se coucher, ce qui suggère qu'elle n'a pas dormi de la nuit, qu'elle a ruminé ses pensées et qu'elle a peut-être pris une sinistre décision concernant son mari et accentue le décalage entre les époux. Ensuite, lorsqu'ils sont au lit et que Bernard se rapproche de sa femme, l'expression « elle sentit contre elle » suivie de « elle s'étendit sur l'extrême bord » montre que Thérèse essaye de s'éloigner le plus possible de son mari. Elle a d'abord utilisé la violence, comme cela est visible avec les termes « d'une main brutale ». Par la suite, au lieu de répéter ces gestes violents, Thérèse s'écarte afin d'éviter tout contact, elle « s'étendit sur l'extrême bord de la couche », avant de sortir du lit, elle « se leva ». Progressivement, le lecteur comprend le sentiment de Thérèse vis à vis de Bernard et ne partage avec celui-ci ni désir ni attirance physique.

Ensuite, Thérèse est continuellement plongée dans un mal-être, qui l’amène peu à peu au désespoir. Le passage débute lorsque les deux époux vont se coucher. Le lit est censé être un lieu reposant et apaisant pour un individu et Thérèse devrait trouver du réconfort le soir aux côtés de son mari. Or, ce n’est pas le cas : Thérèse est ici tourmentée par les agitations de son mari : « elle le repoussa […] pour n’en plus subir le feu ». Par ailleurs, son premier geste en allant se coucher est de prendre « un cachet ». Elle « avale » son médicament : ce verbe traduit une nécessité physique primaire. Cela montre qu’elle n’est pas en capacité de trouver le sommeil de façon naturelle. Par la suite, Thérèse comprend que ses efforts n’ont pas porté ses fruits, qu'elle ne dormira pas, qu'elle ne trouvera pas de repos, et que Bernard reviendra toujours vers elle.

Finalement, la lettre reçue d'une amie de Thérèse lui rappelle qu’elle n’est pas heureuse auprès de son mari et qu’elle ne goûtera probablement jamais au véritable bonheur. Consciente de son insatisfaction, Thérèse développe un sentiment de solitude qui l’isole en permanence. En effet, la seule véritable amie de Thérèse connaît un bonheur sans pareil : « la seule approche dépasse toutes les joies ». Son amie se distance davantage de Thérèse par les expressions qui font allusion à l’érotisme « l’extrême bord de la dernière caresse », « bord » ou encore « pentes », et donc à un monde très lointain de Thérèse. L'héroïne est d’autant plus isolée qu'elle est convaincue que le bonheur n’existe pas. Or, si Thérèse avait connu le bonheur avec  Bernard, elle n’aurait pas réagi de cette manière face à la lettre de son amie et ne se serait pas donné pour mission de la convaincre qu’elle n’est soi-disant pas heureuse. Ainsi, la lettre qu’elle lit lui rappelle constamment son insatisfaction et l'échec de son mariage. Pour finir, cette insatisfaction dépasse les allusions au bonheur de la lettre. En effet, lorsque Thérèse tente de s'endormir, Bernard arrive et la dérange dans ses réflexions avec un « marmonnement incompréhensible ». Ses paroles que Thérèse ne comprend pas sont une preuve du manque de communication et de compréhension dans le couple, donc de l'insatisfaction de Thérèse. En outre, l'auteur contraste les actions de Thérèse avec celles Bernard : la scène se déroule la nuit entière où Bernard fort profondément, tandis qu'aux dernières lignes, l'aube se lève et Thérèse va se coucher. Ce décalage entre les époux accentue l'isolement de Thérèse.


 
                 A travers son insatisfaction, son mal-être et sa solitude, Thérèse réalise l'échec de son mariage, en contraste avec le bonheur que lui décrit sa confidente dans sa lettre. 
 
                 Thérèse et Bernard forment un couple distant où Thérèse ne peut pas s'émanciper en tant que femme dans une société étouffante.


                Tout d'abord, le lecteur perçoit la distance entre Bernard et Thérèse. En effet, au début du passage, lorsque Thérèse est dans ses pensées, « son esprit sombra jusqu'à ce que Bernard […] se fut retourné ». L'emploi de la locution de subordination « jusqu'à ce que » suggère que la présence de Bernard vient déranger Thérèse jusque dans ses pensées. Ainsi, la jeune femme ne supporte pas la présence de son époux qui interrompt ses réflexions. On note la volonté d'exprimer le ressenti et les émotions de Thérèse à travers le discours indirect libre, ainsi qu'indiquer au lecteur la distance que prend l'héroïne avec son mari. Ainsi, la jeune femme brosse un portrait dévalorisant de son époux et impose entre eux une certaine distance, comme cela est visible avec les qualifications de « grand corps brûlant ». Dans cette expression, la jeune femme décrit son mari, l'une des personnes avec qui elle est censée être très proche. En outre, on note plusieurs passages où Thérèse parle de « cet homme » pour qualifier son mari. Elle n'emploie aucune marque d'affection lorsqu'elle évoque l'homme qu'elle a épousé. L'expression « cet homme dans sa vingt-septième année » illustre cette distance, car Thérèse suggère qu'elle ne le connaît pas. Ainsi, elle le présente au lecteur tel un étranger.

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