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Le roi se meurt de Eugène Ionesco

Commentaire de texte : Le roi se meurt de Eugène Ionesco. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 871 Mots (8 Pages)  •  3 441 Vues

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Intro :

Eugène Ionesco, dramaturge, écrivain et représentant majeur du théâtre absurde en France, né le 26 novembre 1909 à Slatina en Roumanie et mort le 28 mars 1994 à Paris, écrit de nombreuses œuvres dont La Cantatrice chauve en 1950, Les Chaises en 1952, Rhinocéros en 1959, et, en 1962 Le Roi se meurt, une pièce absurde en un acte. Il met en scène dans cet extrait le Roi égocentrique Bérenger Ier à qui ont vient d’annoncer son terrible sort : il mourra à la fin de la pièce ; le Roi, ne supportant pas sont destin, en devient fou et la cours le suit dans sa lente agonie. L’enjeu de cette scène est donc la suivante, Comment Eugène Ionesco mélange un univers à la fois tragique et absurde et fais du Roi se meurt une pièce au fond plutôt comique ? Nous étudierons d’abord la tournure tragique de la pièce pour ensuite développer le rapport absurde que les personnages ont avec cet aspect.

I.

Pour commencer, cette pièce est propre à la tragédie, avec un protagoniste qui tend à mourir.

L’omniprésence de la mort y est ostensible. Nous pouvons le voir de part son champ lexical : « immortalité provisoire » (l.2), « je ne mourrais » (l.3). Le roi présente sa répulsion, son appréhension face à la mort, ce qui rend le dialogue davantage tragique. Nous constatons tout d’abord le champs lexical de la fatalité, « c’est cela qui est impossible » (l.32), « tu passeras l’examen. Il n’y a pas de redoublants. » (l.52) ; ce destin semble donc inéluctable. L’« examen » à passer désigne la mort, un examen final, Marguerite essaie de faire comprendre qu’il est temps à présent pour le Roi de quitter l’enfance, dans laquelle « il vivait » (l.16) comme le décrit Marie, et de passer à la vie adulte, à l’après, représenté par la mort. De plus, cette prise de conscience de la mort du Roi est prompte et brutale, il vit depuis plusieurs siècle, « tu as eu soixante ans, quatre-vingt-dix ans, cent vingt-cinq ans, deux cents ans, quatre cents ans » (l. 25-26), et apprends seulement qu’il ne lui reste qu’une heure à vivre, « il faut tout faire en une heure » (l.30). Il est prit de surprise, « Je suis comme un orateur qu’on pousse à la tribune, qui ne connaît pas le premier mot de son discours, qui ne sait même pas à qui il s’adresse » et est dans la répulsion de sa mort : « Je ne connais pas ce public, je ne veux pas le connaître ! » (l.46).

On suit donc tout au long de la scène son agonie, qui se découpe en trois parties. L’aversion face à la mort, « les Rois devraient être immortels » (l.1), « on m’a trompé, on aurait dû me prévenir » (l.6), « je ne veux pas mourir… je ne voudrais pas » (l.8), « qu’on me sauve » (l.9). Ensuite, son incompréhension face à cette promptitude, s’appropriant un registre pathétique, marqué par des phrases exclamatives, « j’étais en bonne santé, j’étais si jeune ! » (l.22), « j’étais plein de vie, comme j’étais plein de vie ! » (l.24), « Ah ! Si je pouvais avoir un siècle devant moi » (l.28) ; Puis enfin,  la lamentation, la souffrance du Roi, après avoir saisie que rien n’arrenterait cette fatalité, mélangeant à la fois trivial et lyrique, « Je suis comme un écolier qui se présente à l’examen sans avoir fait ses devoirs » (l.41), « dans quel état suis-je ! », « j’aimerais redoubler. ».

La fin de son agonie se caractérise par le dialogue avec la personnification de la mort présente sur scène. En effet, marguerite est la seule personnage réaliste dans cette pièce tragique et est en quelque sorte un guide à suivre, elle convainc le roi que la mort est inévitable et le rassure, le conforte dans sa perte, « en une heure, il a tout son temps » (l. 32), « ne t’inquiète pas » (l. 43) ; elle accompagne le Roi jusqu’à ses derniers instant et conduit ce dernier à la fin de la pièce jusqu’à la mort, elle peut être comparé à un psychopompe, guidant Bérenger Ier jusqu’aux enfers.

Enfin, la solitude du Roi dans son agonie est constaté : tous les personnages à part sa première femme marie avec qu’il a profité de la vie et qui partage son point de vue est contre lui, refuse de l’aider et approuve inéluctablement sa mort. Il y avant tout une incompréhension du roi, la cour n’allant pas dans son sens, banalisant et vulgarisant la souffrance qu’il subit : « Une heure bien remplie vaut mieux que des siècles et des siècles d’oubli et de négligence » (l.33), «  On lui donne une heure : soixante minutes, trois mille six cents secondes. Il a de la chance. » (l.35). Ensuite, Marguerite culpabilise, diffame le roi, elle le responsabilise, coupant toute dépendance, affinité avec lui « on t’avait prévenu. » (l.7), « C’est ta faute «  (l.10), « Il a flâné sur les routes. » (l.34), « dans quelle ignorance. » (l.49) et le déprécie, on lui reproche de ne jamais avoir fait assez, « Jamais sérieusement, jamais profondément, jamais de tout ton être » (l.15), « nous avons régné » (l.37), « du bricolage » (l.39).

En somme,

II.

En second lieu, cette scène tragique est mêlée à un aspect absurde ubiquiste.

Nous constatons tout d’abord un rapport étrange à la raison, la cohérence, la logique. Plusieurs registres tel que le lyrique, le trivial, le pathétique et le réaliste sont mélangés créant une atmosphère absurde. Berenger est un personnage pathétique, il va mourir,  écrasé par le destin il exprime sa souffrance en se plaignant et son caractère est voué à émouvoir le public, « je vais mourir », « j’étais si jeune ! », « comme j’étais plein de vie ! » ; tandis que Marguerite est plutôt un personnage réaliste, elle confronte le roi à la mort, « ceci ... est impossible », « il n’y a pas de redoublants ». Dans l’ensemble le dialogue, Le roi et Marie et Marguerite et le Médecin se confrontent, et mélangent les différents registres et renforçant l’inutilité du garde et de Juliette. En effet, ils ne parlent qu’aux l. 38, 48 et l. 40, 50, ces repiques sont supprimables, elle ne font pas avancer l’action et ne sont même pas dédier aux personnages. De plus, le vocabulaire et les dialogues sont décalés, irrationnels, voire insensés. Par exemple, la vie de Bérenger, son règne et sa mort, est comparé aux études, avec le champ lexical de la scolarité : « il a fait l’école buissonnière » (l.40), « je suis comme un écolier qui se présente à l’examen sans avoir fait ses devoirs, sans avoir préaré sa leçon... » (l.41), « faire l’école buissonnière » (l.50), « j’aimerais redoubler. » (l.51), « tu passeras l’examen. Il n’y a pas de redoublants. » (l.52), l’« examen » à passer est la mort, sérieuse, tel une vie d’adulte, contradictoire avec son existence insouciante dont il a profité comme enfant.

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