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Deux Salomés : l’utopie chez Flaubert et chez Wilde

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Par   •  17 Novembre 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 642 Mots (15 Pages)  •  853 Vues

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Deux Salomés : l’utopie chez Flaubert et chez Wilde

Eri OHASHI

Salomé est la fille d’Hérodias, seconde femme d’Hérode, roi des juifs et de son premier mari. Le nom de Salomé signifie «Paix» en Hébreu, mais dans le nouveau testament, elle représente le vice, comme sa mère Hérodias. En dépit de sa jeunesse, elle a fait demander le cou d’Iaokanann en tant que récompense pour sa danse au roi Hérode. L’image de Salomé élevant la tête coupée d’Iaokanann stimule depuis l’antiquité l’imagination de nombreux peintres. Cependant l’image de Salomé a grandement changé. Cela a commencé par évoluer de sujet de peinture pour arriver à un sujet de littérature. Elle s’est surtout imposée comme centre d’attention du 19ième siècle jusqu’au début du 20ième siècle où l’orientalisme était à la mode. Salomé est considérée comme le symbole de la femme mythique orientale qui possède à la fois cruauté, sensibilité et beauté.

Les œuvres représentatives de ce courant sont  Hérodias  de Gustave Flaubert en 1882 et  Salomé  d’Oscar Wilde en 1893. Dans cet article, nous analysons les raisons pour lesquelles ces deux écrivains ont choisi Salomé, puis trouvons la relation entre l’orientalisme et l’utopie qui découle de ces raisons.

Les couleurs

Dans un premier temps, les européens ont d’abord été attirés par les couleurs vives particulières à l’Orient. Cette tendance se retrouve dans l’œuvre  Salomé  de Wilde. En particulier, les autres personnages, en faisant l’éloge de Salomé, associent sa beauté aux couleurs de l’or et du blanc.

Nous nous proposons pour commencer d’étudier la couleur, Or. Lorsque Iaokanann voit Salomé pour la première fois, il lui dit: «Pourquoi me regarde-t-elle avec ses yeux d’or sous ses paupières dorées » ? Iaokanann a été fait prisonnier par Hérode, qui l’accusait d’avoir reproché à sa femme Hérodias d’avoir trahi son premier mari, qui était aussi son petit frère. Malgré cela, Iaokanann a continué à critiquer Hérodias: «Ah !l’impudique ! la prostituée ! Ah ! la fille de Babylone avec ses yeux d’or et ses paupières dorées ! Voici ce que dit le Seigneur Dieu. Faites venir contre elle une multitude d’hommes. Que le peuple prenne des pierres et la lapide».

Cette expression de paupières d’or qu’il a utilisé pour décrire Babylone, rappelle les mots qu’il a utilisé pour décrire Salomé. En fait, la couleur or représente à la fois le symbole de la débauche et la preuve de l’existence de la prophanation religieuse latente dans l’exercice du pouvoir.

Analysons maintenant l’utilisation de la couleur blanche. Le Syrien dit a Salomé : «Ses peites mains blanches s’agitent comme des colombes qui s’envolent vers leur colombier. Elles ressemblent à des papillons blancs. Elles sont tout à fait comme des papillons blancs». La couleur blanche est généralement le symbole de tout ce qui est Sacré, de plus, même dans la peinture, la colombe blanche que le Syrien utilise en parlant de Salomé, est souvent le moyen de représenter le Saint Esprit. Comme on utilise la couleur blanche, qui est l’adjectif qui s’apparente à la colombe pour décrire Salomé, cela suggère que celle-ci possède même la beauté Sacrée.

Cependant comme la couleur blanche est le plus souvent utilisée vis à vis du Saint Iaokanann, on ne peut pas dire que ces deux personnages soient sans relations. Salomé glorifie la beauté de Iaokanann de cette manière :

Ton corps est blanc comme le lys d’un pré que faucheur n’a jamais fauché. Ton corps est blanc comme les neiges qui couchent sur les montagnes, comme les neiges qui couchent sur les montagnes de Judée et descendent dans les vallées. Les roses du jardin de la reine d’Arabies ne sont pas aussi blanches que ton corps.

Tous ces mots qui qualifient la blancheur, à savoir le lys, la neige et la rose, sont tirés du «cantique des cantiques». La blancheur, qui est à l’opposé de la couleur or, est le symbole de la beauté Biblique absolue.

Dans la Bible, les personnages d’Hérodias, représentée par l’or qui est le symbole de la lumière, et donc à l’origine de toutes les couleurs et d’Iaokanann, représenté par le blanc, qui n’est pas considéré comme une couleur à part entière, sont situés à l’opposé l’un de l’autre. Le fait que la beauté de Salomé soit représentée par ces deux couleurs montre la dualité de sa personne. À partir de ceci, on peut comprendre, à travers l’utilisation de l’éventail de toutes les couleurs utilisées, que Salomé devient l’existence absolue qui possède toutes les contradictions. Aussi, on peut dire que le charme de Salomé qui contient toutes ces contradictions, constitue l’idéal de beauté orientale recherché par Wilde.

Regardons maintenant comment Flaubert traite les couleurs dans  Hérodias . Voici un extrait de la célèbre scène où Salomé danse pour prendre le cou d’Iaokanann:

Mais il arriva du fond de la salle un bourdonnement de surprise et d’admiration. Une jeune fille venait d’entrer.

Sous un voile bleuâtre lui cachant la poitrine et la tête , on distinguait les arcs de ses yeux, les calcédoines de ses oreilles, la blancheur de sa peau. Une carré de soie gorge-de–pigeon, en couvrant les épaules tenait aux reins par une ceinture d’orfèvrerie.

[…] puis elle se mit à danser.

Cette image de Salomé se retrouve pour la première fois dans une lettre envoyée à son ami Louis Bouillet par Flaubert, le 13 mars 1850 alors que celui-ci faisait un voyage en Égypte. Dans cette lettre il décrit de cette manière Kuchuk-Hanem, danseuse et prostituée:

le bas du corps caché par ses immenses pantalons roses, le torse tout nu couvert d’une gaze violette, elle se tenait debout au haut de son escalier, ayant le soleil derrière elle et apparaissant ainsi en plein dans le fond bleu du ciel qui l’entourait. […] Un triple collier d’or était dessus. On a fait venir les musiciens et l’on a dansé.

Du point de vue des couleurs froides comme le bleu et le violet et des parures luxueuses dorées, on peut dire que les images de Salomé et de Kuchuk se superposent. De cette manière, les couleurs qui entourent Salomé, ne sont pas celles présentes dans la Bible, mais se mêlent plutôt aux couleurs réelles des prostituées orientales, excitant ainsi le desir d’Hérode.

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