Corpus sur la vision du pouvoir idéal
Commentaire de texte : Corpus sur la vision du pouvoir idéal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sophie.totin • 12 Janvier 2019 • Commentaire de texte • 1 163 Mots (5 Pages) • 622 Vues
Durant le XVI° siècle, de nombreux auteurs ont eu l'occasion d'offrir leur vision du roi idéal à travers leurs écrits dû au couronnement de Francois Ier ou encore de Charles IX. Ainsi, Nicolas Machiavel nous interprète sa vision personnelle de ce souverain dans Le Prince en proposant une réponse plus politique que morale à la question : vaut-il mieux qu'un Prince soit aimé ou craint ? ; le texte traité date de 1516. Rabelais, quant à lui, présente un bon roi influencé par de mauvais conseillers dans Gargantua datant de 1534. A travers un registre satirique, l'écrivain humaniste nous délivre le contre-portrait héroïque du bon souverain. Dans l'Institution pour l'adolescence de Charles IX datant de 1561, Ronsard adresse au jeune roi un discours dans lequel il définit sa conception du souverain en rimes. Le Portrait mythologique de François 1er réalisé en 1545 propose quant à lui une représentation du roi portant des attributs de Dieux romains. Ainsi, à travers ce corpus, nous pouvons aisément nous demander quelle image du souverain chacun de ces textes propose-t-il, et quels procédés littéraires mobilisent-ils au service de cette visée ?
Au cours du XVème siècle, de nombreux auteurs proposent leur vision du roi idéal à travers l'humanisme : celle d'un roi ni cupide ni avide de pouvoir, comme le décrit Rabelais dans Gargantua. Dans un registre satirique, l'extrait étudié cache de nombreux sous-entendus qui expriment la pensée profonde de l'auteur. Ainsi, par le biais d'accumulations exagérées de conquêtes proposées par les conseillers ; « […] l'Aunis, la Saintonge, l'Angoumois et la Gascogne, et aussi le Périgord, le Médoc, et les Landes […] la Crête, Chypre, Rhodes et les îles Cyclades [...] » l'auteur évoque implicitement sa vision d'un bon roi qui doit savoir s'entourer de conseillers capables et intègres, qui ne l’influenceront pas dans des guerres futiles. Comme le confirme Ronsard dans l'Institution pour l'adolescence de Charles IX, un bon roi doit donc « savoir l'art de la guerre, de garder les cités ou les ruer par terre » ; par une césure, l'auteur insiste sur ce vers. Achille apparaît au début et à la fin de l’extrait. C’est même cette référence qui permet de « découper » le premier moment du discours. En humaniste, Ronsard consacre toute la première partie de son poème à la référence antique, c’est-à-dire au prince et à son modèle mythologique, avant de passer au prince chrétien et de terminer sur le modèle biblique de l’idéal royal : David. Cependant, Achille cependant n’est pas la seule référence mythologique ; nous trouvons aussi dans le texte une allusion aux Muses, autre figure antique chère aux poètes humanistes. Ainsi, à travers Chiron, c’est bien le modèle du poète humaniste que développe Ronsard. Les références, nombreuses dans ce discours, à la mythologie et aux figures antiques, sont propres à l’humanisme et à la Pléiade. Mais elles révèlent dans ce texte plusieurs fonctions. Une fonction politique : il s’agit pour Ronsard de construire un discours sur le prince à travers le modèle politique d’Achille. L’objectif traditionnel des institutions du prince est en effet de poser que le roi, en tant qu’homme, doit être un superlatif du sujet moral, par la crainte de Dieu, le respect de la mère, de la règle des aïeux, autant d’idées que nous retrouvons chez Ronsard par le biais de ses maximes morales indiquées par les guillemets dans la marge mais aussi par le rappel de la vertu à de nombreux vers (vers 2,3,27) mais surtout en démontrant l'importance de la vertu dès l'enfance, sans quoi il portera «le Sceptre en vain, Qui ne lui est sinon un fardeau dans la main » . L'éducation est aussi abordée en employant l'exemple du jeune Prince Achille dont l'auteur prône le savoir ; « ils deviennent appris en la Mathématique, En l'art de bien parler, en Histoire et en Musique, En physionomie, à fin de mieux savoir juger de leurs sujets seulement à les voir. » Ainsi, il évoque le trivium et le quadrivium, mais surtout les septs arts libéraux / 7 colonnes de la sagesse. Mais plus qu'une simple éducation humaniste, l'auteur définit sa conception du souverain par le savoir universel au vers 13 ; « Un Roi pour être grand ne doit rien ignorer » mais aussi en effectuant une énumération visant à insister sur le savoir que doit avoir un roi aux vers 14 à 20. En évoquant l'équité au vers 36, l'auteur porte garant le souverain de la justice. Il propose également un roi différent des autres en évoquant le système des animaux où le plus fort est celui qui règne. Ainsi, en donnant des attributs de Dieux mythologiques comme dans le Portrait mythologique de François 1er, Ronsard et Rabelais caractérisent leur image du roi idéal par un roi qui suit un modèle antique, vertueux, juste et qui sait s'entourer de conseillers intègres et utiles.
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