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Commentaire d'un extrait de la Chartreuse de Parme de Stendhal. Fabrice à Waterloo

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Par   •  17 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  1 831 Mots (8 Pages)  •  601 Vues

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Aux yeux de la jeune génération née à l’aube du XIXème siècle, Napoléon symbolisait l’esprit de conquête et d’aventure. Aussi n’est-il pas étonnant de voir le héros de la Chartreuse de Parme, célèbre roman de Stendhal publié en 1839, vouloir rejoindre les troupes de l’empereur. Malheureusement pour lui, il se retrouve confronté au désastre de la bataille de Waterloo, événement majeur dont il n’a pas pleinement conscience. En quoi le regard que Fabrice porte sur la bataille est-il différent de celui du narrateur externe ? Nous montrerons tout d’abord que le narrateur porte un récit précis et dépassionné sur cette scène de guerre, pour souligner ensuite qu’au contraire, Fabrice voit le combat de manière subjective et enthousiaste. Nous soulignerons enfin que ce décalage de perception fait ressortir la naïveté et l’inexpérience de Fabrice.

Le narrateur externe porte un regard expert et précis sur le bataille. Il prend grand soin de donner au lecteur toutes les indications qui lui permettent de jauger la situation et de la bien visualiser. C’est pourquoi les indications spatiales abondent dans le texte : « au delà du canal » (l. 3), « à vingt pas sur la droite » (l 12), « du côté où ils regardaient » (l 12-13), « en arrière » (l 14), « à vingt pas en avant » (l 24), « à vingt pas de l’escorte » (l 29). Il semble également soucieux de restituer la chronologie des faits, ce qui se traduit par des indications temporelles : « d’abord » (l 5), « tout à coup » (l 23), « quelques instants après » (l 24). La présence de l’adverbe « précisément » (l 12) souligne encore cette volonté de précision de la part du narrateur, qui comme un militaire expérimenté, semble connaître l’importance des positions. On le voit, il cherche à donner des informations très claires au lecteur, pour que ce dernier puisse estimer le mieux possible les mouvements des troupes.

Le regard du narrateur se porte également sur les conséquences du combat, et il ne cherche pas à nous épargner la violence qui fait rage. La présence de la mort est explicite dans le texte, elle rode partout sur le champ de bataille, qui est décrit par l’expression adjectivale « jonché de cadavres » (l 3). A la ligne cinq, l’adverbe « tous » et le déterminant pluriel « les » soulignent encore l’étendue des massacres, qui ont fait de très nombreuses victimes. L’euphémisme « tombaient atteints par des boulets » (l 28) qui désigne le décès de deux hussards ne parvient pas à nous faire ignorer que c’est bien de morts dont il s’agit. Enfin, le texte se clôt sur un détail particulièrement macabre, où le narrateur nous décrit de manière très explicite « un cheval tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée, en engageant ses pieds dans ses propres entrailles » (l 29-30). L’adjectif « sanglant » se trouve redoublé à la ligne suivante par le nom « sang ». Le lecteur ne peut donc qu’être saisi de dégoût devant ce spectacle ignoble de la bataille, où la mort violente règne.

Le narrateur, par son regard précis et dépassionné, livre au lecteur un tableau sans concession de la violence des combats. Le jeune Fabrice, néophyte dans la bataille, assiste à la même scène. Mais voit-il la situation de la même manière ?

On sent bien que le texte résulte d’un croisement de regards, et qu’à celui du narrateur s’ajoute celui de Fabrice. Les verbes de perception dont le sujet est le pronom « il » (ce qui désigne Fabrice) sont nombreux : « il remarqua » (l 5, 7 et 27), « Fabrice s’aperçut » (l 12) , « il vit » (l 14 et 24), « il contemplait » (l 22 ) , « il entendit » (l 27). On remarque qu’il s’agit aussi bien de perceptions visuelles que de perceptions auditives. Et le lecteur a aussi connaissance des réactions qu’engendrent ces sensations. Il perçoit la gêne auditive de Fabrice (« ce bruit lui faisait mal aux oreilles » l 2), mais a connaissance également de la peur que ressent le jeune héros. On relève en effet le champ lexical de l’effroi : « la peur » (l 1), « frisson d’horreur » (l 6), « ce qui lui sembla horrible » (l 29). On peut donc en conclure que le texte adopte parfois un point de vue interne, car c’est par les yeux de Fabrice que l’on perçoit la bataille.

On ressent d’ailleurs les sentiments de Fabrice, et pas seulement la peur, mais également la pitié qu’il ressent pour les victimes des combats. L’adjectif « malheureux » est employé deux fois (l 6 et 10) pour désigner des blessés, et ce qui peut surprendre, c’est que la pitié de Fabrice est à destination de ses adversaires. En effet, la réification « habits rouges » (l 4 et 6) désigne les soldats anglais, dont l’uniforme est rouge. On assiste à une scène pathétique, que le regard apitoyé de Fabrice livre au lecteur : « ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s’arrêtait » (l 7). Fabrice, contrairement aux autres soldats, est sensible à leur détresse et cherche à éviter de leur marcher dessus : il « se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habit rouge ». L’hyperbole « toutes les peines du monde » montre bien l’effort extrême de Fabrice. C’est cette pitié envers l’ennemi qui vaut à Fabrice d’être qualifié par le narrateur de « héros fort humain » (l 8). On notera que l’adjectif « humain », renforcé par l’adverbe d’intensité « fort », insiste sur le fait que, contrairement aux autres soldats, Fabrice

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