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Commentaire composé « Petit Pays », Gaël Faye

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Par   •  24 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 054 Mots (9 Pages)  •  8 923 Vues

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Commentaire composé « Petit Pays », Gaël Faye.

L’œuvre Petit Pays est le premier roman de Gaël Faye, paru en 2016. Ce roman n’est pas autobiographique mais inspiré de l’expérience de l’auteur. Il parle de la vie d’une famille avec comme narrateur, le fils, Gabriel. Ils vivent tous à Bujumbura (Burundi), jusqu’à ce que leur bonheur soit menacé par la réalité géopolitique de leur pays qui va entrainer des tensions entre les parents.

Nous étudierons un extrait du chapitre II : il s’agit d’un dialogue entre les deux époux qui sont en désaccord à propos du pays dans lequel chacun veut vivre.

Nous nous demanderons comment ce dialogue montre l’opposition de deux visions radicalement différentes de l’Afrique et de l’Europe et quelles conséquences ce désaccord peut-il entrainer.

Dans un premier temps nous étudierons les deux visions différentes de l’Afrique de Michel et Yvonne, puis dans un second temps nous verrons la divergence des visions de l’Europe entre les deux époux et enfin dans un dernier temps nous observerons un conflit conjugal irrémédiable.

Les époux ont des visions différentes de l’Afrique. Michel, a la vision du Colomb européen qui arrive sur la terre africaine pour profiter de ce que l’Afrique lui propose : il a une vision totalement idyllique de l’Afrique, un peu comme s’il était en vacances et il l’a décrit comme une vraie carte postale. On peut le voir avec sa réplique de phrases nominales énumérées avec un rythme ternaire, en effet il parle de « ces montagnes », « ces lacs », « cette nature » ; l’accumulation de groupe nominaux montre bien la satisfaction du Colomb. De plus, cette accumulation est plutôt admirative avec l’adjectif démonstratif « ces » et montre bien que ce lieu est une forme de satisfaction des plaisirs de vivre en Afrique. Il ne se soucie que de la richesse et de son propre confort en fermant complètement les yeux sur la réalité de l’Afrique et de la souffrance qui s’y trouve. De plus, il présente une énumération des avantages qu’il tire à vivre ici. En effet, en habitant en Afrique, ils vivent dans « de belles maisons », ils ont même « des domestiques », de « l’espace pour les enfants » et « un bon climat » : cette façon de s’exprimer est cynique et présente bien la satisfaction que Michel éprouve a à être privilégié. Par ailleurs, Michel dit que « les affaires ne marchent pas trop mal » pour eux : c’est une litote. Il cherche à en dire le moins possible pour en montrer plus car les affaires marchent en réalité très bien ; ils sont privilégiés et vivent dans le luxe. C’est en fait une fausse modestie qui cache une prétention.

Alors que Michel a une vision idyllique de l’Afrique, sa femme Yvonne, la voit avec le point de vu de l’exilée. Elle a la vision de la femme qui a grandi dans la misère et qui regarde la vérité en face. En effet, elle est une femme d’origine africaine et a été persécutée dans son pays natal le Rwanda, du groupe Tutsi qui a été oppressé par les Hutus. Elle est victime d’une forme de racisme et a été déracinée par obligation suite à un traumatisme. C’est pourquoi elle a la vision de l’Afrique d’une personne qui a été victime d’une souffrance importante. Elle répond à la vision idéalisée de son mari en essayant de lui ouvrir les yeux, parce que contrairement à lui elle voit la réalité de l’Afrique. A chaque fois elle va opposer sa vision à celle de son mari ; c’est une comparaison des visions et un parallélisme de construction qui a deux fois la même construction. En effet, on retrouve toujours une proposition subordonnée et ensuite la principale, comme le souligne les phrases : « quand tu vois », « je sais » ; « quand tu t’émerveilles », « je respire ». Cette construction de phrases montre bien l’opposition radicale de perception du continent africain. Yvonne ne voit que les difficultés parce qu’elle y est sensible à cause de son passé. Par ailleurs, le méthane est personnifié comme un monstre qui est là et qui est susceptible d’attaquer et de surgir à tout moment ; en effet, il « dort sous les eaux ». Cette personnification est effrayante et à pour but de rabaisser l’image de l’Afrique auprès de son mari.

Yvonne et Michel ont également une divergence de points de vue à propos de l’Europe. Michel essaye de dissuader sa femme de ne pas partir en Europe par simple acte d’égoïsme : au Burundi il est privilégié et il sait que s’il retourne là d’où il vient il ne sera « plus personne ». Il va contredire sa femme et désacraliser le mythe de l’Europe pour qu’elle veuille rester au Burundi. En effet, il lui dit qu’elle « n’aura jamais tout ce luxe en Europe », que là-bas ce n’est pas le paradis » : il dit du mal de sa propre terre natale pour réussir à garder le luxe qu’il a au Burundi et c’est un acte purement égoïste : il incarne parfaitement le Colomb cynique. Il rejette l’Europe et demande à sa femme de lui faire confiance alors que c’est une demande simplement pour son propre plaisir. Par ailleurs, on retrouve aussi le parallélisme de construction que sa femme a utilisé pour parler du Burundi, en effet, les mots « ici » et « là-bas » souligne bien la comparaison des Eldorados de chacun. Les questions rhétoriques montrent qu’il cherche à marquer les esprits de sa femme, la faire changer d’avis ; par exemple la phrase « Qu’est-ce-que tu veux d’autre ? » : en fait il n’attend pas de réponses parce que ses questions ont pour seul but de faire réfléchir sa femme. Par ailleurs, l’antithèse des mots « privilégiés » et « plus personnes » souligne la détermination de Michel à faire rester sa femme au Burundi.

Alors que son mari méprise la vie européenne, Yvonne va l’idéaliser car elle cherche la paix et la sécurité, l’Europe est son Eldorado. Pour cela, elle évoque les points positifs qu’ils auraient à aller vivre en Europe. Par ailleurs, elle va faire comme son mari pour le Burundi et essayer de trouver tous les points positifs possibles pour le convaincre de partir là-bas, en effet, elle « cherche la sécurité », « le confort de [ses] enfants ». Ce qu’elle décrit de l’Europe est en fait l’exacte antithèse de ce qu’elle vit, a vécu et voit au Burundi. L’Europe est son Eldorado, elle voit là-bas la sécurité qu’elle a toujours cherché, le confort, le bon endroit où élever ses enfants et la paix ; tandis qu’ici, au Burundi elle ne voit que la guerre et la misère. Yvonne utilise une périphrase pour parler de l’Europe, en effet, elle dit que là-bas elle trouvera « un pays où l’on ne craint pas de mourir ». Cette périphrase appuie sur le fait que l’Europe est un pays parfait où vivre. Pour valoriser l’image de l’Europe, Yvonne va utiliser des antithèses aux arguments de son mari, en effet, elle dit que son mari voit « la douceur des collines » tandis qu’elle, elle « sait la misère » ; quand il s’émerveille de « la beauté des lacs », elle, « respire déjà le méthane ».

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