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Commentaire Le Savetier et le Financier, Jean de la Fontaine

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Par   •  13 Février 2020  •  Commentaire de texte  •  1 763 Mots (8 Pages)  •  1 155 Vues

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« LE SAVETIER ET LE FINANCIER » – JEAN DE LA FONTAINE

À la fois moraliste (qui étudie les « mœurs », les comportements humains) et fabuliste (qui compose des fables), Jean de La Fontaine est l’un des plus grands auteurs français du XVIIe siècle. Ses Fables en vers, dont les éditions se succèdent à partir de 1668 sur près de trente années, sont emblématiques du classicisme : imitant les modèles antiques d’Esope et de Phèdre, elles délivrent une morale par le biais d’une fiction allégorique, selon le principe de l’apologue.

Présentation du texte

La deuxième fable du livre VIII édité pour la première fois en 1678 et dédié à Mme de Montespan, favorite du roi Louis XIV, s’intitule « le Savetier et le Financier ». Reprenant le thème du bonheur inscrit au centre de son œuvre, La Fontaine a trouvé son inspiration dans un texte latin d’Horace pour le schéma narratif et dans une fantaisie de la Renaissance pour l’un des personnages. Fonctionnant sur le principe du paradoxe, la fable raconte comment un modeste savetier perd sa joie de vivre à cause de son voisin, un riche financier, alors qu’il a reçu de lui une grosse somme d’argent. Du point de vue de la versification, cette fable est marquée par une grande variété : alexandrins, décasyllabes, octosyllabes, en rimes suivies, croisées ou embrassées.

Problématique et plan d’étude

Nous nous demanderons comment interpréter cette fable dont la morale n’est pas explicitée. Pour ce faire, nous montrerons tout d’abord que la fable est construite sur deux portraits en opposition, puis nous étudierons la manière dont le récit est rendu plaisant et permet de transmettre une morale.

DES PERSONNAGES EN ANTITHESE

La fable est en effet construite sur l’opposition des deux personnages du titre désignés par leurs métiers : un savetier ou cordonnier d’une part, un homme de finance d’autre part. Les majuscules sont le signe d’une allégorie et la conjonction de coordination « et » marque ici un rapport d’antithèse .

Le personnage du Savetier

Le Savetier est le premier à être mentionné (vers 1), suivant l’ordre du titre, et sa désignation est déjà une qualification sociale : c’est un artisan et un homme modeste, ce qu’il confirme lui-même au Financier des vers 15 à 29 par des expressions populaires : « […] je n’entasse guère / Un jour sur l’autre », « Chaque jour amène son pain », « Tantôt plus, tantôt moins », « J’attrape le bout de l’année ».

Mais au lieu d’être associé aux travaux de cordonnerie, il est d’emblée caractérisé par une activité artistique, celle du chant, qu’il pratique par plaisir et non par profession : « Un Savetier chantait » (vers 1), « il faisait des passages » (vers 3), c’est-à-dire des vocalises « en chantant » (vers 9) ; l’expression « Le Chanteur » se substitue même à celle de Savetier au vers 15 pour le désigner de manière plaisante. La répétition du mot « merveilles » aux vers 2 et 3 de même que la comparaison hyperbolique et amusante du vers 4 (« Plus content qu’aucun des Sept Sages ») insistent sur le plaisir communicatif de ce personnage dont le bonheur est matérialisé par le chant – ce qui explique le double sens (syllepse) du mot « chansons » au vers 48 (« rendez-moi mes chansons » = rendez-moi moi ma joie de vivre).

Cette qualification psychologique du Savetier associe gaieté d’âme et insouciance, comme le souligne le narrateur aux vers 17 et 18 « […] un ton de rieur / Le gaillard Savetier » puis au vers 30 avec le mot « naïveté », repris par l’hyperbole ironique des vers 34-36 « Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre / Avait, depuis plus de cent ans / Produit pour l’usage des gens ».

Le personnage du Financier

Il n’y a donc qu’une proximité spatiale entre lui et son « voisin », le Financier. C’est le connecteur « au contraire » (vers 5) qui introduit en effet l’opposition des personnages, le Financier étant désigné par une périphrase qui se déploie sur le vers 7 (octosyllabe) comme pour suggérer son importance : « C’était un homme de finance ».

A l’inverse du Savetier, il pratique des activités lucratives (= qui rapportent de l’argent) en lien direct avec sa fonction, sans considération de plaisir ni de repos, ce qu’exprime la gradation du vers 6 « Chantait peu, dormait moins encore » ; le rapport est induit par le participe présent « étant tout cousu d’or » au vers 5 qui introduit une qualification autant physique (vêtements brodés d’or ) que sociale (riche). De plus, le narrateur révèle au discours indirect la frustration (« se plaignait » à la rime du vers 10 ) d’un personnage qui souffre de ne pouvoir tout acheter, y compris le sommeil, comme l’exprime la comparaison des infinitifs en emploi nominal : « le dormir » au vers 12 et « le manger », « le boire » au vers 13 – cet emploi n’est pas courant en français, même à l’époque de La Fontaine.

Enfin le personnage se caractérise par cette assurance que donne l’argent : « En son hôtel il fait venir » (vers 14 - convocation) ; il interroge le Savetier de manière directe et insistante : « Que

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