Andromaque, un personnage tragique réussi ? acte I

Andromaque, un personnage tragique réussi ?

Dans la premiere preface d’Andromaque, Racine ecrit : « « Et Aristote, bien éloigné de nous demander des héros parfaits, veut au contraire que les personnages tragiques, c'est-à-dire ceux dont le malheur fait la catastrophe de la tragédie, ne soient ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants. Il ne veut pas qu'ils soient extrêmement bons, parce que la punition d'un homme de bien exciterait plutôt l'indignation que la pitié du spectateur ; ni qu'ils soient méchants avec excès, parce qu'on n'a point pitié d'un scélérat. Il faut donc qu'ils aient une bonté médiocre, c'est-à-dire une vertu capable de faiblesse, et qu'ils tombent dans le malheur par quelque faute qui les fasse plaindre sans les faire detester ».

Andromaque correspond-elle à cette définition du personnage tragique ?

Dans un premier temps, nous allons voir la pitie que l’on peut ressentir envers ce personnage. Puis nous allons parler de ces incompetences, malfaits.

Andromaque est victime d’un dilemme tragique : doit-elle privilégier sa fidélité à Hector ou la survie de son fils ?

Andromaque, une femme souffrante

Apres la guerre de troie et la mort d’Hector, Andromaque est prisonniere captive de Pyrrhus. Elle se decrit comme une epouse en deuil, humiliee par sa servitude. « captive, toujours triste, importune » a elle-meme (l.4,v.301), elle est egalement une mere inquiete et sousciante. Lorsque son fils est de nouveau menace par les Grecs, qui voient en lui l’heritier de leur ennemi, Hector, elle envisage sa mort si son fils lui est enleve (l,4 v.376-380). Ou au moieux l’exil « en quelque ile deserte » (III, 4, v.878), pour pleurer avec lui la perte des siens. On remarque bien a quel point cette femme est mentalement brisee.

Andromaque est egalement victime d’un dilemme tragique auquel Pyrrhus la confronte : doit-elle privilégier sa fidélité à Hector ou la survie de son fils ? elle peut sauver son fils en epousant Pyrrhus et trahir son mari defunt ou bien prendre le risque de sacrifier son fils si elle refuse cette alliance. Epouser le fils d’Achille, le meurtrier d’Hector, lui est impensable car elle est d’une fidelite sans faille a son epoux. Toutefois elle ne peut se resigner a la mort de son enfant innocent, sa « seule joie et l’image d’Hector » (III, 8, v.1016) ce dilemme est source de souffrance psychologique pour Andromaque.

Andromaque est aussi hantee par le souvenir de sa patrie et de la defaite des Troyens. Elle revit les scenes de cruaute infligees par Pyrrhus a sa famille au cours de « cette nuit cruelle/ Qui fut pour tout un peuple une nuit eternelle » (III,8 v.997-998). La fidelite aux souffrances de sa famille et son peuple rend pour elle impossibles l’oubli et le pardon enver Pyrrhus et donc le dilemme.

Par amour maternel, autant que par respect pour le mémoire d’Hector, elle decide d’epouser Pyrrhus et de se sucider apres la ceremonie. Sans trahir son premer mari, elle garantit a Astyanax la protection de son ancien ennemi. En se cacrifiant, por « donner un père au fils d’Hector » (IV, 1, V.1088), elle parvient a sauver a la fois son fils et sa vertue.

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