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Analyse linéaire- Phèdre Acte II scène 5

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Par   •  8 Mai 2020  •  Analyse sectorielle  •  1 261 Mots (6 Pages)  •  9 395 Vues

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Étude de l’Acte II, scène 5

Tirade de Phèdre qui se croyant veuve de Thésée, s’entretient avec Hippolyte dans le but de parler de la succession qui peut s’ouvrir. Cette scène débute donc par une discussion politique entre la reine et son beau-fils mais, petit à petit, par un glissement psychologique lié à la passion, Phèdre en vient à avouer avec ses sentiments personnels : c’est le second aveu de la pièce, l’aveu d’un amour incontrôlé et excessif.

Effet d’accroissement et de tension en parallèle avec le rythme dynamique. Fureur d’une femme amoureuse.

Problématique : L’aveu de Phèdre, au vers 672, est empreint de solennité et de pathétisme, de par le côté incestueux de cet amour. Mais il est aussi le résultat d’une femme amoureuse qui se laisse déborder par sa passion.

Plan : 1. Un aveu honteux
2. Une passion destructrice gouvernée par la folie

Phèdre abandonne son masque et avoue son amour, un amour qui la consume. Ier changement qui marque un rapprochement : le tutoiement « je t’en ai dit », « je t’aime » : intimité créée. « Ah » : interjection, signe de son désarroi, côté tragique de son aveu.

« cruel » : passion contre nature. Injuste pour elle de ressentir cela.

Parle d’elle à la troisième personne « Phèdre » : effet de distanciation avec elle-même, comme si elle parlait d’une autre personne et portait un regard extérieur sur elle = « fureur » effet de la folie : passion dévastatrice qui trouble le personnage.

Aveu direct avec l’épiphore (répétition d’un mot) « j’aime » et insiste en répétant « je t’aime » à la fin du vers. Veut que ça soit claire pour Hippolyte, elle se dévoile.

Vers 675 : se clôt sur aveu de Phèdre qui c’est que c’est amour est contre nature, inacceptable et donc inenvisageable.

b. Un amour immoral

Phèdre va, comme dans l’aveu face à Oenone, montrer qu’elle est le jouet du destin. Racine utilise le champ lexical de la divinité (vengeances célestes, les Dieux (3 fois) et par opposition « faible mortelle ») pour situer Phèdre dans la souffrance d’une lutte. Mais elle ne doit pas seulement lutter contre les Dieux, elle doit lutter contre elle-même, et surtout contre un discours qui s’échappe d’elle-même. Phèdre introduit une stratégie de disculpation : poids du destin, malédiction divine. 2 exemples frappants dans cet extrait : aux vers 665-666, Phèdre revient à la lucidité en réponse à l’étonnement d’H. Il faut imaginer le ton hautain et très sec de cette réponse. C’est comme si Phèdre se réveillait soudain, qu’elle se jugeait avec sévérité, qu’elle redevenait un être moral en même temps qu’une personne de sang royal. Le 2e exemple se situe à la suite du vers 694 : on note que Phèdre s’exprime par une question (qui signifie sa faiblesse), que Racine utilise une assonance en « on », des sons sourds et durs. Le vers 699 développe une syntaxe lourde et peu élégante (avec une allitération en p) : « je ne t’ai pu parler que de toi- même », ce qui montre un embarras.

Devant cet aveu terrifiant (au XVIIe siècle, une femme ne doit jamais parler de son amour, elle doit attendre que l’homme devance ses sentiments), Phèdre se forge une image d’elle-même particulièrement repoussante. Elle a honte. La honte est d’ailleurs répercutée par le fait qu’H ne la regarde pas (« si tes yeux un moment pouvaient me regarder » vers 692). Elle va se traiter de monstre deux fois dans la scène (v. 701 et 703), et remplace donc le Minotaure dans l’esprit des héros. Comment définir la monstruosité de Phèdre ? Elle est entièrement morale, évidemment. Elle se concentre dans la phrase affirmative du vers 702. Analysons-la.

Vers 702 : La veuve de Thésée : périphrase qui consiste à faire de Phèdre un être frappé par le deuil, deuil d’un Roi, deuil d’un héros de la Grèce vénéré par tous, deuil qu’elle bafoue.

Ose aimer Hippolyte : faute morale, faute active (c’est Phèdre le sujet de la phrase) La violence est enfin présente dans cet extrait sous deux aspects :

2. Une passion destructrice gouvernée par la folie

a. Violence de la passion

La passion, bien sûr, qui est un amour anormal et irrépressible. Les antithèses employées marquent que ce sentiment est d’une extrême violence (languir/séché pleurs/larmes du vers 690). Phèdre montre également qu’elle a souffert de la haine que lui a porté H lorsqu’elle le contraignait à l’exil (opposition malheurs/charmes du vers 689). La figure qui symbolise cette passion est à nouveau le labyrinthe, lieu où l’on se perd, lieu où l’on perd ses repères, lieu de la folie (champ lexical de la folie : « fureurs » au vers 672, la formule « trouble ma raison » au vers 675, et « perdue » au vers 662). La passion est une soumission. L’absence d’H est donc une souffrance bien pire que celle de sa présence : on notera la violence du cri qui empêche H de terminer sa phrase et qui donc l’empêche de partir (« Ah cruel »). Il s’agit par cette aposiopèse de créer chez Phèdre un instant de panique. C’est d’ailleurs cette panique qui va créer l’aveu direct.

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