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Alchimie de la douleur

Commentaire de texte : Alchimie de la douleur. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 107 Mots (5 Pages)  •  879 Vues

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Les fleurs du mal est un recueil de poème écrit par Charles Baudelaire entre 1840 et 1867 environ (date de sa mort). Cette œuvre majeure de la poésie moderne est au carrefour de toutes les influences poétiques du 19e siècle : le romantisme, le symbolisme et le Parnasse. Le recueil a un certain nombre de thèmes récurant, tel que le spleen (la dépression/la mélancolie), la fuite du temps, les femmes (et plus particulièrement ses trois muses), la religion mais aussi et surtout la mort et l’abime, ce qui valut au recueil d’être sanctionner par la justice pour « outrage à la morale publique » et « offense à la morale religieuse ». Ledit recueil s’articule en 6 parties :

- Spleen et Idéal

-Tableaux Parisiens

-Le Vin

-Fleurs du Mal

-Révolte

-La Mort.

 Dans « Spleen et Idéal », il décrit son tiraillement entre le spleen, qui est une profonde angoisse existentielle et l’Idéal, un monde invisible fait de douceur et de volupté. La muse malade est le septième poème de cette section, et se situe entre Les phares et La muse vénale. La muse malade est un sonnet, donc 2 quatrains et deux tercets, en alexandrins. On peut remarquer que les rimes dans les quatrains sont des rimes croisées tandis qu’il s’agit de rimes suivies dans les tercets. Nous nous demanderons comment est représentée la muse de Baudelaire, après la lecture de poème.

La muse malade :

Ma pauvre muse, hélas ! qu'as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l'horreur, froides et taciturnes.

Le succube verdâtre et le rose lutin
T'ont-ils versé la peur et l'amour de leurs urnes ?
Le cauchemar, d'un poing despotique et mutin,
T'a-t-il noyée au fond d'un fabuleux Minturnes ?

Je voudrais qu'exhalant l'odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques,

Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.

Alors qu’une muse est supposée être une belle femme qui inspire le poète, dans la muse malade, Baudelaire nous représente une muse terrifiante. On le voit notamment à travers le champ lexical de la maladie : « yeux creux » (v2), « ma pauvre muse » (v1), « visions » (v2), « la folie et l’horreur » (v5). Ces termes ne sont pas associés à une muse en temps normal. Cette muse est loin de la muse que peut espérer le poète. Le poète insiste sur le côté cauchemardesque de la vision de sa muse, en décrivant la folie et l’horreur du vers 4 comme une folie et une horreur « froides et taciturnes ». Le poète est inquiet pour sa muse et cherche à comprendre comment elle à pu devenir comme cela : « Ma pauvre Muse ! Qu’as-tu donc ce matin ? » (Vers 1).  L’association au vers 2 du terme « tes yeux creux » et « visions nocturnes » puis ensuite au vers 4 « la folie et l’horreur, froides et taciturnes » peut être significatif de problèmes mentaux de la muse. Cette dernière a vu des choses terrifiantes qui l’ont marquée et elle ne se remet pas de ce traumatisme. Le portrait de la muse come une muse mourante est renforcée par deux allitérations, en « r » et en « t », qui sont deux consonnes brutes, qui renforcent la présence de la mort. On peut également remarquer l’opposition au vers 5 « le succube verdâtres » et « le rose lutin ». La couleur verdâtre qui est une couleur froide fait opposition au rose qui une couleur plus accueillante et agréable, pourrait être la représentation de la peur face à l’amour, du réel face à l’imaginaire. De là, on peut remarquer une présence démoniaque qui fait son apparition avec le mot « succube ». Le succube est un démon qui prend la forme d’une femme, ce qui renforce une idée comme quoi la muse de Baudelaire devient une démone. A cela on peut ajouter le champ lexical du maléfique, notamment dans le deuxième sonnet : « succube, peur, horreur, vision nocturne, cauchemar, noyé ». Au vers 8, c’est une opposition entre le « fabuleux » et le « Minturnes ». Le Minturnes désigne un marécage italien, connu pour être représenter par Jean-Germain Drouais dans ton tableau « Marius prisonnier à Minturnes ». Le mot « fabuleux » désignerait alors la fable, et non plus quelque chose de fabuleux. On peut imaginer que les cauchemars dont nous parlions tout à l’heure, au vers 2, ont eu raison de la muse et l’ont noyée dans la folie et l’horreur (vers 4), ce qui confirmerais l’hypothèse du mot fable et non de l’adjectif fabuleux Minturnes.

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