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A une passante, Baudelaire

Commentaire de texte : A une passante, Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 969 Mots (8 Pages)  •  389 Vues

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        Au XIX° siècle, le roman devient un genre littéraire très apprécié, lu par de très nombreux lecteurs grâce aux revues qui publient des feuilletons et aux progrès de l’imprimerie qui permet d’éditer des ouvrages à des prix plus bas. Dans ce siècle, le mouvement réaliste prend de l’ampleur. En réaction contre le romantisme, et à l’image du peintre Courbet qui déclarait : « Je ne peux pas peindre un ange, car je n’en ai jamais vu », des écrivains tels que Balzac, Flaubert , Maupassant ... dont les romans connaissent un grand succès, représentent crûment la réalité quotidienne. Leur démarche choque, on juge dégradante leur vision de l’homme et de la société, comme on est choqué par les tableaux de Gustave Courbet, l’Origine du monde ou un Enterrement à Ornans. Nous pouvons nous demander quelle vision de l’homme et du monde donne le roman réaliste du XIXème siècle. Pour cela nous allons nous appuyer sur le roman le Père Goriot de Balzac publié en 1835. Balzac cherche à décrire la société de son temps et il a l’idée géniale de faire revenir ses personnages d’un roman à l’autre. Ce sera sa Comédie humaine, un grand cycle romanesque. Dans le Père Goriot, le personnage éponyme est un vieillard qui s’est dépouillé de tout pour faire le bonheur de ses deux filles. Nous allons voir dans un premier temps que le roman réaliste du XIXème siècle donne une vision de l’homme et du monde qui ressemble à la réalité, où l’argent et la réussite sociale sont une priorité. Nous verrons ensuite, dans un second temps, que toute la richesse du roman provient de sa complexité tragique.

        Tout d’abord, le roman réaliste du XIX° s est une création qui donne une vision de l’homme et du monde qui paraît réelle, qui est vraisemblable et qui est gouvernée par la réussite sociale et l’argent .En effet, les descriptions y sont très présentes et le cadre spatio-temporel est donné avec une très grande précision. Ainsi, dès la 1° page du Père Goriot, nous trouvons le nom de la rue et du quartier qui entoure la pension qui est le lieu principal du roman :  « une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le quartier latin et le faubourg Saint-Marceau. ». Balzac détaille la rue et la façade de cette pension avec des éléments que l’on peut croiser au quotidien tels que «un jardinet » ou encore « un cailloutis en cuvette, large d’une toise, devant lequel est une allée sablée, bordée de géraniums, de lauriers-roses et de grenadiers plantés dans de grands vases en faïence bleue et blanche ». Il ne cherche pas à embellir la réalité mais à décrire le monde qu’il crée avec le maximum de détails. Les rues données existent aussi dans le monde réel ce qui nous pousse à nous demander si cette histoire est bel et bien inventée d’autant plus que Balzac nous donne le moment précis où cette histoire commence, « à la fin du mois de novembre, 1819 », ce qui la rend encore plus vraisemblable. Certes, tout ce récit est inventé, il le dit clairement :  «... le roman ne serait rien si, dans cet auguste mensonge, il n'était pas vrai dans les détails. ». Pourtant il dit aussi : «  ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est si véritable, que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son cœur peut-être », ce qui ne veut pas dire que cette histoire est une histoire vraie mais qu’on peut y croire car tout y est plausible.

        Parallèlement aux descriptions des lieux, dont les détails vrais constituent des effets de réel, Balzac donne de nombreuses indications réalistes sur ses personnages. On connaît leurs nom et prénom, âge approximatif, comme « le père Goriot, vieillard de soixante-neuf ans environ », leur origine sociale, leur histoire… Balzac s’aide du principe de réciprocité qui consiste à associer l’homme et son milieu de vie afin d’enrichir l’image que nous avons de ses personnages. A travers la description de la pension, on voit que le manque d’argent englue les pensionnaires. Mme Vauquer, la propriétaire de cette pension, est veuve, triste, âgée et  son établissement est vétuste, crasseux, dégradé. Ce lieu est le reflet d’une vie de « misère économe »,  « sans poésie ». Une vie sans argent, sans amour, sans énergie, où les jours s’accumulent sans surprise. Ceux qui vivent là sont condamnés à vivre tapis dans l’ombre de la société. C’est l’inverse, chez madame la comtesse de Restaud, rue du Helder, où Eugène de Rastignac «  avait déjà compris son infériorité en entrant dans cette cour, où piaffait un beau cheval richement attelé à l’un de ces cabriolets pimpants qui affichent le luxe d’une existence dissipatrice, et sous-entendent l’habitude de toutes les félicités parisiennes ». La vision de Balzac est donc réaliste , il donne l’illusion du vrai, et désillusionnée car on voit que pour se sentir bien et être épanoui il faut de l’argent.

        Enfin, l’intrigue du roman est vraisemblable puisqu’elle consiste à suivre l’apprentissage des lois sociales, des codes qui les dirigent, par le jeune Eugène de Rastignac . Il vient d’une famille d’aristocrates de province et afin d’étudier le droit et de faire son  « entrée dans le monde » ,il est  monté à Paris. Il a reçu une bonne éducation mais par manque d’argent, il loge dans la pension Vauquer depuis un an. Au fil du roman, nous le voyons évoluer :  « si d’abord il voulait se jeter à corps perdu dans le travail, séduit bientôt par la nécessité de créer des relations, il remarqua combien les femmes ont d’influence sur la vie sociale, et avisa soudain à se lancer dans le monde afin d’y conquérir des protectrices. » Madame de Beauséant, sa cousine, l’aide dans son parcours en lui donnant les clés de la réussite. Par la suite, Vautrin aura lui aussi un impact sur son parcours en le tentant dangereusement et en lui montrant tout le cynisme des relations humaines. Ce personnage qui est un ancien bagnard est tout à fait réaliste et on peut se demander jusqu’où il arrivera à influencer le jeune homme naïf. Les gens pauvres sont exclus de la société, ils vivent loin du pouvoir et du luxe et le parcours d’Eugène nous montre la difficulté à changer de rang social. Jusqu’où la fin justifie t-elle les moyens ?Le roman réaliste du XIXe s présente donc au lecteur un univers qui ressemble au monde réel de cette époque, bien qu’il soit inventé par le romancier et cet univers n’est pas simpliste.

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