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Analyse de La Médée de Pierre Corneille

Dissertation : Analyse de La Médée de Pierre Corneille. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Septembre 2022  •  Dissertation  •  1 041 Mots (5 Pages)  •  499 Vues

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ANALYSE DE LA MÉDÉE DE PIERRE CORNEILLE

La pièce de théâtre tragique se distingue par sa finale poignante et souvent ensanglantée. La plupart du temps, le responsable de cette fin tragique est connu sous le nom de « héros ». Dans la Médée[1] de Pierre Corneille, c’est Médée, une sorcière très puissante qui joue ce rôle. Bien que le personnage de Médée ait d’abord été exploité par Jean Bastier de La Péruse en 1553, Corneille lui donne des caractéristiques qui sont propres à ses préoccupations esthétiques. En fait, Médée incarne le héros cornélien typique. En d’autres mots, le personnage de Médée possède des traits qui se trouvent aussi chez les autres protagonistes des pièces de Corneille. D’une part, Médée se montre très orgueilleuse dans sa vengeance et par son insoumission. D’autre part, la sorcière fait ressortir ses sentiments amoureux pour Jason et pour elle-même.

D’abord, dans la Médée, le personnage de Médée incarne parfaitement le héros type de Corneille par son attitude orgueilleuse.  En effet, l’orgueil blessé de Médée fait naitre dans son esprit un désir de vengeance. Médée, étant très imbue d’elle-même, n’arrive pas à accepter l’infidélité de son mari, Jason. L’héroïne prépare donc un « […] sanglant divorce, en meurtres, en carnage […][2] ». Dans cet extrait, Médée utilise une courte gradation qui fait allusion à l’intensité de sa future vengeance. En commençant par « sanglant » et en terminant par « carnage », l’héroïne de Corneille met de l’avant la puissance qu’elle prétend posséder. C’est avec cette puissance que Médée cherche à tout diriger en commençant par le sort de Jason et de son amante.  La sorcière cherche avant tout à mettre son bien-être avant celui des autres en renvoyant sa souffrance à quelqu’un d’autre. Ainsi, ce désir de pouvoir et de vengeance ébauche le portrait d’un personnage rongé par l’orgueil. En outre, Médée refuse de se soumettre à quiconque à cause de son orgueil. Malgré la trahison dont elle est victime, l’héroïne continue de mettre en évidence son aplomb. Lors d’une conversation avec Nérine, sa suivante, Médée explique l’importance qu’elle accorde à la rébellion : « l’âme doit se roidir plus elle est menacée, Et contre la fortune aller tête baissée, La choquer hardiment, et sans craindre la mort Se présenter de front à son plus rude effort [3] ». Dans cet extrait, l’héroïne utilise le mode verbal infinitif ce qui donne l’impression qu’elle indique une marche à suivre ou même, une formule magique à utiliser pour les sorcières comme elle. Les verbes infinitifs amplifient également l’intention qu’elle a d’agir « tête baissée ». D’ailleurs, la locution « tête baissée » signifie agir sans hésitation et sans crainte. En fait, c’est l’orgueil de l’héroïne qui la pousse à agir de la sorte.  Bref, en donnant au personnage de Médée le goût de vengeance et de rébellion, Corneille met en scène un personnage bouffi d’orgueil digne des héros de ses pièces tragiques.

        Ensuite, le personnage de Médée est fidèle aux héros cornéliens car cette sorcière est aveuglée par un amour démesuré. Effectivement, l’amour que ressent Médée pour son infidèle mari est malsain, ce qui l’encourage à commettre un crime passionnel. L’amour profond se transforme rapidement en jalousie lorsque Médée apprend la présence d’une autre femme dans son mariage. Créuse, fille du roi Créon, agit comme une menace pour la relation amoureuse entre Jason et Médée. En fait, Médée semble incapable de voir Jason heureux avec Créuse. L’héroïne cherche donc à mettre fin au bonheur des nouveaux tourtereaux. Connaissant très bien son infidèle époux, Médée s’attaque aux êtres qui tiennent le plus à Jason. L’héroïne choisit alors de tuer ses enfants, persuadée que c’est ce qui heurtera le plus Jason. Médée est tellement consumée par la jalousie que la douleur de Jason amortit sa propre douleur après la mort de ses enfants : « Je vous perds, mes enfants ; mais Jason vous perdra ; Il ne vous verra plus … [4] ». La première phrase met en évidence les victimes du crime passionnel, les enfants, par sa forme emphatique. Cette figure d’insistance démontre également la violence de son geste. L’emploi des points de suspension laisse toutefois le lecteur déduire la suite des choses. Par ailleurs, l’amour qu’elle ressent envers Jason se transforme en amour narcissique. Consciente qu’elle ne peut reconquérir son mari, Médée se tourne vers son égo démesuré. Pour l’héroïne, le seul individu nécessaire à sa satisfaction, c’est « Moi, Moi, […] et c’est assez [5] ». La répétition de « moi » souligne son amour excessif envers sa propre personne. Médée, la sorcière de l’histoire, désormais libérée de tout lien amoureux, utilise ses pouvoirs contre Jason. De fait, le temps où elle utilise « […] le fer et la flamme, Et la terre, et la mer, et l’enfer, et les cieux, Et le sceptre des rois, et le foudre des dieux[6] » en faveur de son mari est terminé. L’héroïne souligne les dons qu’elle possède et qui font d’elle un personnage si puissant. En somme, les sentiments amoureux qu’a Médée envers Jason et sa propre-personne affectent les actions qu’elle pose. Ces actions démesurées tels le meurtre de ses enfants et l’utilisation de sa sorcellerie classent l’héroïne parmi les héros de Corneille.

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