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Le portrait de l’idéal féminin insaisissable

Commentaire d'arrêt : Le portrait de l’idéal féminin insaisissable. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2021  •  Commentaire d'arrêt  •  1 202 Mots (5 Pages)  •  327 Vues

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J. VINOT                                                                            1D - 2021-2022

Corrigé rédigé d’une partie du commentaire

Partie choisie :

III. Le portrait de l’idéal féminin insaisissable

1) Une femme impossible à décrire

2) La mélancolie et le manque

        Après avoir analysé la façon dont ce rêve fonctionne comme un refuge pour le poète, apaisant ses angoisses, lui procurant un doux bercement consolatoire grâce à la figure féminine convoquée, nous allons à présent voir comment cette dernière représente un idéal fémininin malheureusement insaisissable.

Cette femme est d’emblée caractérisée par son aspect insaisissable. C’est une femme “inconnue” (vers 2). Ainsi, aux vers 3 et 4, la négation, avec la répétition du “ni”, renforce cela. Elle n’est jamais : « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ». L’homme qui fait ce songe essaie de se souvenir de son apparence à son réveil, il se questionne donc comme au vers 9 : “Est-elle brune, blonde ou rousse ?”, mais cette interrogation se révèle vaine car il en “ignore” la réponse. Nous avons la sensation d’une altération de la figure féminine au fur et à mesure que le sonnet se déploie. Ainsi, nous pouvons imaginer, au début du sonnet, qu’il la voit, ou la perçoit, et que la réciprocité des sentiments et la profondeur de leur amour fonctionne comme un cocon rassurant : “et que j’aime, et qui m’aime”. Mais peu à peu, le sens de la vue est remis en cause (notamment lorsqu’il se demande de quelle couleur sont les cheveux de la femme). C’est ensuite le sens du toucher qui prend le relais, devant primordial et permettant d’apporter une forme de sérénité à l’homme. Dans un geste presque maternel, en effet, la femme : “elle seule sait rafraîchir [les moiteurs de son front blême]”. Au fil des vers, c’est enfin le sens de l’ouïe qui domine le poème : le femme semble donc s’étioler, disparaître, n’est plus incarnée finalement que par sa voix seule : de son nom, oublié, il ne reste plus que la sensation diffuse d’une tonalité “douce et sonore”, et la voix est “lointaine, calme et grave”. La répétition de la conjonction “et” plus d’une dizaine de fois tout au long du poème semble tisser une toile autour de cette femme mystérieuse appelée à disparaître, donnant l’impression que le poète cherche à saisir son apparition onirique. Cette femme, qui n’a pas de nom et est désignée essentiellement par des pronoms dans le poème (“elle”), reste donc vague et imprécise, et lointaine tout comme les statues auxquelles son regard est comparé.

“Son regard est pareil à celui des statues” : le vers 12 renvoie donc à l’idée que le regard de la femme, appelée à disparaître comme nous l’avons vu, est froid, vide est inanimé. Outre le fait d’être difficile à décrire, comme émanant d’un rêve flou, la femme est donc inaccessible, caractérisée aussi par le champ lexical de la disparition et de l’éloignement : “exila” (v. 11), “lointaine” (v. 13), “qui se sont tues” (v. 14).  La mélancolie et le manque sont donc également très présents dans ce poème, comme aux vers 10 et 11 : “son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore comme ceux des aimés que la vie exila”, l’expression “ceux des aimés que la vie exila” renvoie au vocabulaire de la mort par un euphémisme : “la vie exila”, et renvoie au vocabulaire de l’éloignement qui nous rappelle que cette femme n’est pas réelle. Elle appartient en effet à un souvenir, et le passé simple et le passé composé dans les deux tercets “exila”, “se sont tues” semblent clore le sonnet sur un passé achevé et irrémédiable. D’ailleurs, le vers 12 : “son regard est pareil à celui des statues” renvoie à la mort, car une statue est figée, sans émotion. Le poète réutilise le vocabulaire de l’éloignement et de la mort au vers 13 “Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave” : ces adjectifs accentuent le sentiment de mélancolie. Au vers 14 l’adjectif “chères” : renvoie à l’amour, et induit des émotions mélancoliques dans un vers qui renvoie à un amour perdu, mais renvoie aussi aux personnes disparues, et traduit l’inquiétude du poète face à l’effacement des images et des sons dans la mémoire et le souvenir : pas uniquement de la femme que l’on a aimée, mais aussi de toutes les personnes disparues. La femme acquiert ainsi une valeur d’universalité, elle représente “toutes les voix”.

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