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Obeid en Mésopotamie

Analyse sectorielle : Obeid en Mésopotamie. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  7 Octobre 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 713 Mots (7 Pages)  •  583 Vues

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Au cours de la ville d'Obeid en Mésopotamie, (6500 à 3750 av JC) vont apparaitre et se combiner deux faits importants:

Le phénomène de structuration économique initié au début de l'ère Néolithique atteint un niveau critique, qui entraîne l'émergence d'une nouvelle cellule sociologique, la ville, ainsi que l'avènement d'inégalités sociales3. L'invention de l'écriture permet l'administration rationnelle d'un espace donné : « les écrits, en effet, permettent de porter au loin des messages, de noter des comptes, de conserver des archives, toutes ressources susceptibles d'aider au plus haut degré l'administration de l'État »4. L'avènement conjoint de ce modèle sociologique et de cette technologie intellectuelle contribue à l'émergence d'une structure humaine nouvelle, l'État, et de son corollaire, la politique.

À partir de l'an 3000 av. J-C, Les Cités-États qui apparaissent en Mésopotamie semblent privilégier des régimes politiques assez proches de la monarchie constitutionnelle, voire de la république. Un poème sumérien étudié en particulier par Samuel Noah Kramer fait ainsi état de la présence de deux assemblées à Uruk, l'une, l'assemblée des anciens, s'apparentant à une sorte de sénat, l'autre à une assemblée du peuple. La légitimité du roi d'Uruk semble dépendre étroitement de ces deux assemblées : il ne déclare en effet la guerre à la cité de Kish qu'après avoir reçu au moins le soutien de l'assemblée du peuple5. Qui plus est, l'attribution du pouvoir royal n'est que rarement héréditaire. Le terme sumérien pour désigner le roi, Lugal, consiste en effet en l'association de la racine Lu, homme et gal, grand. Ce qui importe ici avant tout ce sont les qualités morales et nullement l'appartenance héréditaire : Sargon d'Akkad n'obtient ainsi le trône que grâce à ses vertus royales6.

Progressivement le pouvoir monarchique se renforce, tout à la fois en puissance (les premières cérémonies de sacre, qui impliquent une légitimité de droit divin apparaissent au début du IIe millénaire av. J-C6) et en étendue (les cités-États sont absorbées par de grands royaumes). Les institutions démocratiques et républicaines, notées par Kramer, tombent de fait en désuétude. Le renforcement de l'autorité monarchique va favoriser, au cours du premier quart du IIe millénaire av. J-C, la mise en place d'une administration et d'une jurisprudence normalisées, évolution illustrées par les codes d'Ur-Nammu (vers -2100), de Lipit-Ishtar (vers -1930) et d'Hammurabi (vers -1750), ainsi que les Lois d'Eshnunna (vers -1760)7. Certes ces premiers corpus juridiques n'ont aucune visée exhaustive et s'apparentent plutôt par leur style à des recueils de prescriptions morales7. Toutefois le fait qu'ils entendent corriger les traditions orales dans une optique rationnelle représente une rupture importante : « la situation dans une société proche-orientale est donc très différente de celle des sociétés sans histoires, où les coutumes sont absolument fixes et où le changement est subi et non organisé »8

L'affermissement de grands États centralisés et rationalisés induit l'organisation de relations internationales. De la fin du IIe millénaire av. J.-C. à -1100, un espace allant de l'Égypte à Élam, et de l'Arabie au royaume Hittite est régi par un système diplomatique élaboré : le système d'Armana9. Fondé sur relatif équilibre géopolitique entre quatre ou cinq grandes puissances, ce système dispose de sa lingua franca, l'akkadien, et de ses protocoles propres. Ainsi, les « différents rois entretenant des relations diplomatiques sont réputés appartenir à une seule et même grande famille ou grande maison (…) les rois de statut identique se traitent de frères, ceux de moindre envergure sont les fils ou les serviteurs des premiers »9. Les invasions successives des peuples de la mer mettent fin à cette construction politique élaborée.

Il semble ainsi que les États proche-orientaux ont forgé la quasi-totalité des formes et structures politiques. Pour autant si le politique est certes un objet bien établi, il ne s'agit en aucun cas d'une pensée ni d'une théorie politique. : « jamais le mythe, la loi, la coutume dans leur ensemble ne deviendront objet de débat explicite, parce qu'elles continuent à relever du sacré, et du sacré seul »10. Les hommes d'États proche-orientaux se préoccupent avant tout des politiques, de la gestion des affaires administratives, et fort peu de la Politique, de l'ordre étatique dans son ensemble — car l'ordre est partie prenante de l'ordre divin dans son ensemble, et ne saurait être contesté, discuté ou simplement considéré10.

Cité grecque

Article détaillé : Cité grecque.

En dépit des précédents proche-orientaux, l'origine de la politique se confond généralement avec celle de la pensée politique et donc de fait, avec la Cité grecque. Ainsi l'helléniste anglais Moses Finley, a-t-il pu affirmer que la politique « est une des activités les moins répandues dans le monde pré-moderne ». Il s'agit en effet, « d'une invention grecque, ou, pour être plus précis, une invention que firent séparément les Grecs, les Étrusques et/ou les romains »11.

Tout au long du IIe millénaire av. J.‑C., la Grèce apparaît comme une simple continuité périphérique du système d'Amarna. Comme le note en effet Jean-Pierre Vernant : « la Méditerranée ne marque pas encore de part et d'autre de ses rives, une coupure entre l'Orient et l'Occident. Le monde égéen et la péninsule grecque se rattachent sans discontinuité (…) d'une part au plateau anatolien (…) de l'autre (…) à la Mésopotamie et à l'Iran »12. De la sorte, le premier État

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