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La religion au cœur du mythe fondateur des États-Unis : réalité historique ou déviance historiographique ?

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Par   •  22 Février 2021  •  Résumé  •  7 930 Mots (32 Pages)  •  398 Vues

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La religion au cœur du mythe fondateur des États-Unis : réalité historique ou déviance historiographique ?

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Colonisation et sociétés coloniales, XIXe-XXe siècles

Table des matières

I.        L'établissement en Amérique : la déconstruction du mythe des Pilgrim Fathers comme seuls fondateurs des futurs Etats-Unis.        3

A. Les premiers pas anglais en Amérique : la colonie de Virginie        3

B. Le mythe fondateur des Pilgrim Fathers        4

C. Les puritains et la théocratie du Massachusetts        6

II.        Entre mythe et réalité : l’expérience religieuse dans les colonies britanniques et son traitement par l’historiographie        8

A.        Rigueur religieuse : les débuts de l’effritement d’un mythe        8

B.        Face à un mythe en perte de vitesse, l’approche d’une nouvelle ère        10

III.        Origines historiques et perceptions historiographiques de la construction des États-Unis en un État laïc : les sources de l’ambiguïté du rapport entre le politique et le religieux        13

A.        Le revivalisme religieux du Great Awakening        13

B.        Le Great Awakening au service de la liberté confessionnelle        15

C.        Quelle influence du Great Awakening sur la Constitution des États-Unis ?        16

Bibliographie……………………………………………………………………………………………………………20


        La prégnance du protestantisme dans la société américaine, notamment symbolisée par le choc de l’accession à la présidence des États-Unis pour la toute première fois d’un non-protestant en 1961, à travers la figure du catholique John F. Kennedy, est aujourd’hui une représentation souvent mise en lumière lorsqu’il s’agit de traiter de la question religieuse dans l’État américain. En effet, la religion semble particulièrement présente au cœur d’un État où chaque investiture se voit être accompagnée d’un serment prêté par le futur président la main posée sur une Bible tenue par son épouse. Cette religiosité est par ailleurs d’autant plus apparente qu’elle est aujourd’hui banalisée dans le quotidien des américains, dont les vies sont imprégnées de symboles religieux, ancrés dans la tradition. Ainsi, l’utilisation de l’expression « God bless America » par les présidents américains en clôture de discours officiels, même si celle-ci s’apparente aujourd’hui à une expression d’usage plus qu’à un réel appel à la protection du divin, laisse entrevoir l’image fantasmée d’une nation américaine bénie de Dieu. Toutefois, les textes fondateurs des États-Unis, que sont la Constitution de 1787 et la Bill of Rights de 1791, proclament la laïcité comme principe fondamental de l’État américain. Bien que religieux en apparence, les États-Unis font en effet partie des rares pays du monde à avoir fait le choix d’une laïcité protégée par les institutions et d’une séparation stricte entre le religieux et l’État. Nous sommes donc face à un paradoxe dont il convient de s’interroger sur les origines. En effet, il semblerait que la perception de la religiosité de la société américaine et de l’État américain dans l’imaginaire collectif soit en réalité une perception biaisée qui ne coïnciderait pas avec la réalité normative. Ainsi, il revient de détricoter l’apparente construction des États-Unis en une nation bénie de Dieu par une étude des origines coloniales des États-Unis et de sa constitution en un État indépendant et laïc, tout en nous focalisant sur la manière dont est traitée la question religieuse dans le récit historique. Une analyse de l’historiographie semble ici pertinente dans la mesure où nos conceptions contemporaines sont souvent façonnées par l’Histoire, mais aussi et surtout, par la manière dont elle nous est comptée.

        Dès lors, jusqu’à quel point peut-on admettre que la perception visiblement erronée de la religiosité au sein de la société américaine dans l’imaginaire collectif trouve ses sources à la fois dans l’histoire mais aussi dans sa narration ?  

        Cette étude tend à s’interroger sur la véracité du mythe fondateur des États-Unis, celui de l’établissement des Pilgrim Fathers qui auraient, à eux seuls, forgé ce qui deviendrait la future nation américaine sur les bases d’un idéal religieux protestant.

  1. L'établissement en Amérique : la déconstruction du mythe des Pilgrim Fathers comme seuls fondateurs des futurs Etats-Unis.

        La colonisation de l'Amérique du Nord est souvent vue comme la fuite d'une petite communauté de puritains oppressés qui trouvent en Amérique le lieu idéal pour fonder la société divine dont ils rêvent. Ce mythe des Pilgrim Fathers comme seuls fondateurs des futurs Etats-Unis peut pourtant être contesté. En effet, l'historiographie nous montre que si les Pilgrim Fathers font bien partis des colons anglais qui fuient les persécutions qu'ils subissent dans le Royaume-Uni décadent de Jacques Ier, pour s'installer en Amérique, ils ne sont pourtant pas les seuls à faire la traversée

        A. Les premiers pas anglais en Amérique : la colonie de Virginie

        En 1607, l'Angleterre fonde son premier établissement en Amérique du Nord : la colonie de Virginie. Malgré un accord avec les Indiens, l'installation est difficile. Beaucoup de colons meurent à cause du manque de nourriture et des maladies comme la malaria.

        Avant de laisser les colons partir, le roi leur a confié une charte, un contrat légal passé entre le roi et les colons qui jette les bases du gouvernement de la colonie. Cette charte détermine également les droits et devoirs des colons. Le texte instaure un conseil royal de quatorze personnes choisies par le roi et octroi une assez large liberté aux colons qui peuvent frapper monnaie. Les colons sont également assurés de jouir des mêmes droits que les anglais, de pouvoir garder leurs possessions et les léguer à leurs fils en échange du paiement du socage (un impôt) au roi[1]. La colonie de Virginie dispose donc d'une certaine autonomie lui permettant d'établir un régime dans lequel le vivre ensemble et la collectivité sont au centre des préoccupations. Au début de l'installation en Virginie, ce sont les valeurs spirituelles anglicanes qui dominent avec cette idée de créer une société basée sur l'ordre voulu par Dieu. L'Amérique doit être ce lieu, loin de la métropole décadente, permettant la création d'une société parfaite où chacun a sa place, comme chacun a sa place dans l'ordre créé par Dieu[2].

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