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Societé Et Individu

Mémoire : Societé Et Individu. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  7 Juin 2014  •  4 562 Mots (19 Pages)  •  628 Vues

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La notion de société désigne en premier lieu tout groupement d’individus, dépendant les uns des autres et agissant selon des schèmes communs. En ce sens, il est possible de parler de sociétés animales. Pourtant, le plus souvent, le terme de société désigne exclusivement les groupements humains caractérisés par leur dynamisme, leur capacité à changer, à évoluer, à se donner de nouvelles formes et de nouvelles règles, à se doter d’institutions, etc. Lorsque l’on traite de la société, il semble difficile de ne pas faire intervenir la notion d’individu. Les différentes formes de société semblent pouvoir être caractérisées par le rôle qu’y joue l’individu, par la reconnaissance dont il jouit en tant qu’être singulier, par la considération de ses intérêts particuliers, etc. Ce qui est en question, c’est donc la relation de la partie au tout de la société. On aurait ainsi, d’un côté, des sociétés individualistesreposant sur l’utilité, le bénéfice que retire chaque individu de sa participation à la vie en commun, et de l’autre côté, des sociétés qu’on pourra dire « communautaristes » (à condition de délester ce terme de toutes ses connotations péjoratives), dans lesquels le lien social est premier, précède la définition de ceux qui sont « liés », autrement dit dans lesquels la visée de l’intérêt individuel est subordonnée à celle du bien commun. Si l’on se place à présent du point de vue des théories de la société, on constatera une division analogue. En effet, lorsqu’on se pose la question de savoir ce qu’est une société, quelles en sont les conditions d’existence et les formes possibles, on peut débuter par la considération de ses constituants ultimes, les individus séparés, pour ensuite examiner la manière dont leur association fait naître la société. Mais on peut aussi considérer cette même société comme un tout dont la réduction à ses éléments ferait perdre ce qui la constitue en propre, un tout qui est bien plus que la somme de ses parties. Ces deux perspectives sur la société peuvent être respectivement qualifiées d’individualisme et de holisme. Notons enfin que le fait qu’on retrouve une scission similaire de l’individuel et du social tant dans les formes de société que dans les théories de la société nous rappelle ceci qu’il ne saurait exister d’indépendance complète entre les unes et les autres. Mais ceci nous incite également à être prudent à l’égard de la théorisation d’une telle scission en ce qu’elle est elle-même situéedans un contexte historique et social.

L’homme, animal politique

« C’est pourquoi toute cité est un fait de nature, s’il est vrai que les premières communautés le sont elles-mêmes. Car la cité est la fin de celles-ci, et la nature d’une chose est sa fin, puisque ce qu’est chaque chose une fois qu’elle a atteint son complet développement, nous disons que c’est là la nature de la chose, aussi bien pour un homme, un cheval, ou une famille. En outre, la cause finale, la fin d’une chose, est son bien le meilleur, et la pleine suffisance est à la fois une fin et une excellent. Ces considérations montrent donc que la cité est au nombre des réalités qui existent naturellement et que l’homme est par nature un animal politique » Aristote, La politique.

Débutons avec Aristote dont on peut affirmer qu’il est le premier théoricien du fait politique, fait qu’il décrit sans ignorer la contingence qui l’affecte (à la différence de Platon qui s’était avant tout consacré dans La République à prescrire une forme idéale de cité, gouvernée par les philosophes, et réglée sur la science du Bien). Pour Aristote, les hommes se regroupent tout d’abord en famille ou foyer (lieu des relations homme/femme, maître/esclave, père/enfant) puis en village et enfin en cité, celle-ci n’étant rien d’autre que la communauté politique. Si l’analyse aristotélicienne part des constituants ultimes de la cité, de sa matière, à savoir des hommes en tant qu’individus, cela ne signifie en aucun cas que ceux-ci puisse être définis adéquatement si on les considère à l’état isolé, en tant qu’être solitaire. Que la cité ne soit pas originelle (au sens où elle présuppose des formes antécédentes de réunion des hommes) n’implique pas qu’elle ne soit pas naturelle. En effet, pour Aristote, ce qui définit la nature d’un être, ce n’est pas ce qui se dévoile originellement en lui. La nature d’un être est constituée de puissances ou de possibilités qui attendent leur réalisation. (par exemple, le langage appartient à la nature de l’homme et pourtant l’homme ne parle pas à sa naissance). La nature d’un être, c’est ce à quoi il tend. Or les formes inachevées de la réunion des hommes (foyers, villages) montrent déjà cette tendance de l’homme à la vie dans la cité. L’homme« solitaire » est incapable de pourvoir à lui seul à certains de ses besoins : pour se reproduire, l’homme doit se lier à une femme ; pour exécuter les tâches qu’il conçoit, le maître doit se lier à un esclave. Ainsi, l’homme couvre ses besoins vitaux… mais exclusivement ceux-ci. Il existe d’autres besoins qui ne peuvent être comblés que par la réunion des foyers dans des villages. Mais le village à son tour appelle son dépassement dans la cité. Seule cette dernière est en mesure d’être autarcique, c’est-à-dire de subvenir à tous ses besoins. Elle est ainsi à elle-même sa propre fin (au sens à la fois d’achèvement et de finalité). On comprend donc que, pour Aristote, ce n’est pas par contrainte que les hommes s’associent mais par nature. L’homme est un animal politique, c’est-à-dire que tant qu’il ne vit pas dans la communauté politique, c’est un être inachevé. On est très loin de Protagoras pour qui l’homme ne vivait en société que pour son intérêt particulier. Bien au-delà de celui-ci, ce que permet la cité aristotélicienne (et qu’elle est la seule à permettre), c’est la réalisation du bonheur.

On trouve également chez les stoïciens une conception selon laquelle la société est un fait naturel. Selon eux, nous participons à deux républiques : la première regroupe l’ensemble des hommes et des dieux (c’est le monde) ; la seconde, ne regroupe qu’un nombre déterminé d’hommes attachés à elle par le hasard de la naissance. Pour les stoïciens, l’homme doit vivre en conformité avec la nature et cela signifie participer pleinement au gouvernement de la cité du monde. Certes, on a là une identification de la nature et de la cité, mais cette dernière ne semble n’avoir aucune signification politique et être tout à fait étrangère à la « petite cité » dans laquelle nous vivons concrètement. Cependant,

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