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Pourquoi Travaillons Nous

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Par   •  19 Janvier 2014  •  1 994 Mots (8 Pages)  •  878 Vues

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Pourquoi travaillons-nous ?

L'opinion commune voit le travail justifié par des notions très terre à terre: « il faut travailler pour vivre ». De ce point de vue, le travail est perçu comme une contrainte extérieure. Cette idée vient du fait que le travail est considéré comme pénible, et qu'on ne consent à l'exécuter qu'en vue d'un gain (le salaire par exemple). L'entrée dans le monde du travail est ainsi perçue comme la fin de la liberté sous sa forme « légère » (l'adolescence).

Mais le travail ne répond-t-il qu'à un impératif naturel, évident, ou bien aussi à d'autres finalités ? Outre le salaire, gagnons-nous quelque chose à travailler ?

I) Une nécessité naturelle

Le travail et la nature

On peut d'abord remarquer le lien entre travail et nature. Le travail consiste toujours de près ou de loin en une transformation de la nature. On a d'ailleurs classé les différents types de travaux dans notre économie selon le caractère plus ou moins proche de la relation avec la nature (secteur « primaire », l'agriculture , « secondaire », l'industrie ou « tertiaire », les services).

Dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) explique que dès la formation des premiers groupements humains, les Hommes eurent besoin d'obliger la Nature à produire davantage pour combler leurs besoins. Car jusqu'alors, ils vivaient dans l'oisiveté, les ressources de la Nature suffisant amplement pour satisfaire leurs désirs. Faute d'être comblé par une Nature généreuse, l'Homme est obligé de produire des biens indispensables à sa survie.

Karl Marx (1818-1883) note qu'à la différence des autres animaux, l'Homme produit les conditions de son existence. Celui-ci modifie son environnement naturel en en changeant les formes et en exploitant les matières premières. L'Homme, auparavant asservi dans les temps primitifs par la nature, en devient propriétaire par le travail et la technique. La nature telle que nous la voyons aujourd'hui n'a d'ailleurs plus grand chose de « naturel »: les paysages que nous contemplons résultent de l'histoire de l'agriculture, nos forêts sont plantées et entretenues, les rivages maritimes ont été modifiés. Certaines modifications imposées apparaissent aujourd'hui comme lourdes de conséquences négatives (déstabilisation des équilibres naturels avec des ouragans, des tremblements de terre).

Le travail comme contrainte

Étymologiquement, le mot « travail » renvoie au latin tripalium qui désigne les entraves qui attachaient le bétail, suggérant l'idée de torture.

Dans l'Antiquité grecque et romaine, le travail était accompli par les esclaves (les « outils animés » selon l'expression d'Aristote), guère différents des animaux. Le Christianisme vint ensuite confirmer la pénibilité du travail et son caractère maudit: celui-ci est considéré comme une punition, voire une malédiction, lancée à Adam par Dieu à la suite du péché originel: « Tu travailleras à la sueur de ton front. »

II) Une tâche formatrice

La valeur morale et anthropologique du travail

Le travail ne sert pas qu'à produire de la richesse et des produits matériels, il a aussi une valeur morale puisqu'il oblige à persévérer pour aboutir. Le travail constitue donc une discipline. Par le travail, nous sommes confronté aux nécessités du réel, nous sortons du monde de l'enfance, dominé par les plaisirs. Aussi Emmanuel Kant (1724-1804) considère t'il la contrainte propre au travail comme une des conditions de l'éducation morale des enfants, condition que remplit l'école.

Karl Marx remarque que ce qui distingue le plus malhabile architecte et la plus adroite des abeilles, c'est que le premier construit sa maison d'abord dans sa tête. Le travail est donc une activité réfléchie, qui suppose une capacité à se représenter ses fins. Nous ne disons jamais d'animaux qu'ils travaillent car le travail suppose un projet. Marx souligne qu'en révélant à l'homme ses propres capacités, tant mentales que physiques, et en développant des facultés qui étaient encore en sommeil, le travail est un moyen privilégié de manifestation de soi. Il a ainsi non seulement une valeur morale mais aussi une valeur anthropologique.

Le risque d'aliénation

Marx, s'il voit dans le travail la réalisation de l'essence humaine, montre aussi que le travail peut perdre toute humanité dans le cadre de l'organisation capitaliste. Il souligne le caractère aliénant de la division du travail dans la manufacture. Par définition, l'aliénation est une dépossession de soi.

Pour Marx, le travailleur est aliéné de trois façons:

Par rapport à lui-même: l'ouvrier n'est plus seulement un producteur de marchandises, mais aussi une marchandise qu'on achète (par le salaire).

Par rapport à la marchandise: le produit du travail de l'ouvrier ne lui appartient pas (contrairement, par exemple, à l'artisan).

Par rapport au capitaliste: le salariat est considéré comme une forme substitutive de l'esclavage.

Marx pointe aussi le caractère asservissant de la technique. Si la machine était auparavant considérée comme un moyen de libération, elle devient à l'usine maîtresse de l'ouvrier. Ce n'est plus l'outil qui est approprié par l'homme mais l'homme aliéné qui est approprié aux machines du système productif: « Dans la manufacture et le métier, l'ouvrier se sert de son outil; dans la fabrique, il sert la machine. » En cela, l'homme n'est guère différent d'une bête de somme.

De même, Friedrich Nietzsche (1844-1900) voit derrière la « glorification du travail » le dressage des individus car « le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, il retire cette force à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine ».

III) Un instrument de libération

La liberté apportée par le travail

Le travail

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