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Ne désirons-nous que les choses qui nous semblent bonnes ?

Analyse sectorielle : Ne désirons-nous que les choses qui nous semblent bonnes ?. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  19 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 379 Mots (6 Pages)  •  731 Vues

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Ne désirons-nous que les choses qui nous semblent bonnes ? (a)

R. Gardien

[Introduction]

« Aimer la vie »… Un logicien trouvera peut-être que cette expression est dépourvue de sens, car aimer implique

nécessairement une prédilection, en raison de quoi on ne saurait aimer le tout, mais seulement l'une ou l'autre de ses parties.

Mais si l'on quitte ce langage pour retrouver celui de l'opinion commune, alors « aimer la vie » prend une signification. Nous

aimons la vie lorsque nous aimons le désir, lequel offre à chaque instant mille occasions de ne pas s'ennuyer. Certes, nous

savons bien qu'il peut être trompeur, mais qu'importe puisqu'il se renouvelle sans cesse, comme la vie justement. En d'autres

termes, nous savons que ce que nous désirons n'est pas forcément bon, mais au moins il a le mérite de nous attirer, et qu'il

nous semble bon, parfois, nous suffit. Mais ne désirons-nous que les choses qui nous semblent bonnes ? Cela semble évident,

et même cela pourrait découler de la définition même du désir. Mais c'est postuler un peu rapidement l'innocence de ce dernier.

Qu'en est-il de la perversité, ou bien de l'attirance pour le morbide ou l'horrible ? Faut-il les négliger en les rejetant dans la

catégorie du pathologique ? Pourtant nous avons tous entendu parler de foules excitées au meurtre et avides de génocides,

foules composées apparemment de gens très ordinaires. Ainsi la question qui paraissait à première vue sans objet rencontre un

enjeu effrayant. Ne désirons-nous que les choses qui nous semblent bonnes, ou bien le désir révèle-t-il au contraire la présence

du mal en nous, au point qu'il faudrait l'éradiquer si l'on veut que l'humanité cesse d'être folle ? Le prix à payer paraît cependant

très élevé.

[1re partie : En quel sens ne désirons-nous que ce qui nous semble bon ?]

Le désir pourrait être défini provisoirement comme l'effet sur un sujet de l'attirance exercée par un objet. Comme le désir n'est

pas la possession, il subsiste une distance entre le désir et son objet, en laquelle peut se glisser l'illusion. Tout désir est peutêtre

désir du bien si l'on entend par là que l'objet désiré est jugé bon en tant qu'on le désire, mais chacun sait que la satisfaction

peut être décevante, ce qui tendrait à dire que ce qui nous semblait bon ne l'était pas.

(a) Les titres entre crochets ne sont indiqués que pour faciliter la lecture du corrigé ; une dissertation, à l’épreuve

écrite de philosophie du baccalauréat, ne doit pas en comporter.

Il en résulterait quatre possibilités logiques relatives au désir et à son objet, mais dont deux seulement seraient retenues

comme psychologiquement vraisemblables. Ce que nous désirons peut nous sembler bon et l'être en effet, ou bien nous

sembler bon et ne pas l'être, telles sont les deux possibilités familières, la première correspondant à la satisfaction et la

seconde à la déception ; mais aussi, théoriquement du moins, nous pourrions désirer quelque chose qui ne nous semble pas

bon tout en l'étant, ou bien qui ne nous semble pas bon et est effectivement mauvais. Cependant ces deux possibilités

semblent ne correspondre à aucune de nos expériences, c'est pourquoi l'opinion commune jugera que nous ne désirons que

les choses qui nous semblent bonnes.

Admettons donc provisoirement cette hypothèse. Ou bien alors nous refusons de distinguer entre l'apparence du bien et sa

réalité, ou bien au contraire nous sommes attentifs à cette différence. Dans le premier cas, nous devenons hédonistes, c'est-àdire

que nous organisons notre vie en fonction du plaisir maximal. En effet, puisque le désir est conditionné par l'attrait du

plaisir, et puisque tout plaisir est un bien apparent et donc réel par hypothèse, nous pouvons nous laisser guider par nos désirs.

Ce qui semble bon est bon, or ce que nous désirons semble bon, donc ce que nous désirons est bon, tel est le syllogisme par

lequel on peut résumer l'hédonisme.

Mais si en revanche, comme il semble commun de le penser, on considère que ce qui paraît bon peut se révéler mauvais, que

ce soit parce qu'il est nuisible ou bien immoral, alors une morale quasiment universelle se dégage : puisqu'il y a des

apparences trompeuses, et donc de bons et de mauvais désirs, il faudra apprendre à ne pas céder à ceux-ci tout en étant

complaisant à ceux-là.

Il nous faudra alors combattre, non pas forcément

...

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