Synthèse sur la lenteur

CORRIGE DE LA SYNTHESE 4

CORPUS DE Julien Gracq, Montesquieu, Samuel Beckett et Carl Honoré

INTRODUCTION

La vitesse est vantée dans nos sociétés occidentales, et ce depuis plusieurs siècles déjà mais la lenteur n’en est jamais éloignée. Le corpus soumis à notre étude se concentre sur le thème de l’immobilité et se compose des oeuvres suivantes : un extrait du roman de Julien Gracq Un Balcon en forêt, publié en 1958, où l’on retrouve un personnage décrivant la nature calme qui l’entoure ; la lettre 24 des Lettres Persanes de Montesquieu datant de 1721 qui dépeint les surprises d’un Perse fraîchement arrivé à Paris. Le troisième document est tiré du roman Malone meurt de Samuel Beckett paru en 1951 qui décrit les dernières heures d’un grabataire ; enfin un passage de l’essai de Carl Honoré Eloge de la lenteur sorti en 2013 aborde les bienfaits de la méditation. Nous pouvons nous demander en quoi la lenteur est indispensable à l’homme. Dans un premier temps nous étudierons la géographie de la lenteur, dans une deuxième partie son impact sur les individus et enfin nous chercherons pourquoi elle est source de richesse.

I  - GEOGRAPHIE DE LA LENTEUR

VILLE ET NATURE

Les effets positifs de la lenteur ne s’exercent pas n’importe où. La ville (D.2) est opposée aux espaces naturels (à la campagne D.1, la montagne D.4). Les « automobiles » (D.2), « les voitures et machines » dans les rues de Paris évoquent un paysage urbain. Les citadins, qui s’adonnent à des retraites, s’éloignent du stress des professionnels. Le héros de Beckett, lui,  attend calmement la mort dans un endroit clos (D.3).

AUTRES ELEMENTS DU DECORS

D’autres éléments du décors accompagnent la lenteur : l’obscurité, la nuit, l’absence de bruits ou presque (D.1) contrastent avec les rayons rapides de la lumière des voitures. La description d’un environnement à l’opposé de la lenteur,  est faite par le personnage de la lettre 24 du roman épistolaire de Montesquieu, parti à la découverte d’un Paris tumultueux. Quant au personnage de S. Beckett, détaché des « réjouissances » inscrites dans le calendrier et de leur succession rapide, il se meut dans un paysage intérieur, très silencieux.

II – LE BIEN-ETRE RESULTANT

SUR LE PHYSIQUE

La marche lente (D.1) est accompagnée d’une « respiration heureuse » et « d’un air tiède » et fait écho au passage de l’essayiste qui décrit des citadins adonnés à la marche. A l’inverse la  visite de la capitale parisienne s’avère vite éreintante. (D.2) Le héros de S. Beckett, lui,  se tient inerte aux portes de la mort, mais ne veut pas brusquer les choses. Pour les adeptes du yoga, les méditants, la lenteur, le recueillement favorisent un mieux- être physique où l’on remarque notamment une pression sanguine moindre.

SUR LE MENTAL

La lenteur joue positivement sur leur psychisme. Grange le protagoniste de J. Gracq a la possibilité d’analyser ses sensations (D.1), de profiter de la vie et du bonheur. Les facultés mentales du grabataire lui permettent de dépasser sa condition, les souffrances liées à la condition humaine. Les individus qui partent faire des retraites sont dans un monde serein et apaisé.

III – DES DECOUVERTES S’ENSUIVENT

Les protagonistes présents dans les quatre documents du corpus font chacun des découvertes. La réalité se présente différemment. Le personnage des Lettres Persanes adopte un recul, une distance qui lui permettent d’analyser le monde environnant avec un regard critique. La vitesse, par opposition, est instrumentalisée par des « magiciens » qui dupent autrui : le premier transforme des objets en pain et en vin, le second fait croire que des morceaux de papier ont valeur de pièces d’or. De son côté Grange fait une découverte inédite, le sentiment de la liberté, une communion avec la nature « les bêtes nocturnes, les chemins libres ». Les méditants enfin connaissent un éveil spirituel en découvrant l’harmonie. La découverte de Melon, dans son long monologue intérieur, est faite d’une résignation tranquille, d’une lucidité froide face à la mort qui va suivre les derniers jours de sa vie.

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