Racine, théâtre
Fiche de lecture : Racine, théâtre. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar dissertation • 6 Mai 2013 • Fiche de lecture • 329 Mots (2 Pages) • 687 Vues
Bérénice, se levant.
Arrêtez, arrêtez. Princes trop généreux,
En quelle extrémité me jetez-vous tous deux !
Soit que je vous regarde, ou que je l’envisage,
Partout du désespoir je rencontre l’image.
Je ne vois que des pleurs, et je n’entends parler
Que de trouble, d’horreurs, de sang prêt à couler.
(A Titus.)
Mon coeur vous est connu, Seigneur, et je puis dire
Qu’on ne l’a jamais vu soupirer pour l’empire.
La grandeur des Romains, la pourpre des Césars1
N’ont point, vous le savez, attiré mes regards.
J’aimais, Seigneur, j’aimais, je voulais être aimée.
Ce jour, je l’avouerai, je me suis alarmée :
J’ai cru que votre amour allait finir son cours.
Je connais mon erreur, et vous m’aimez toujours.
Votre coeur s’est troublé, j’ai vu couler vos larmes :
Bérénice, Seigneur, ne vaut point tant d’alarmes2 ;
Ni que par votre amour l’univers malheureux,
Dans le temps que Titus attire tous ses voeux
Et que de vos vertus il goûte les prémices3,
Se voie en un moment enlever ses délices.
Je crois, depuis cinq ans jusqu’à ce dernier jour,
Vous avoir assuré d’un véritable amour.
Ce n’est pas tout : je veux, en ce moment funeste,
Par un dernier effort couronner tout le reste :
Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus.
Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus.
(À Antiochus.)
Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même
Que je ne consens pas de quitter ce que j’aime
Pour aller loin de Rome écouter d’autres voeux.
Vivez, et faites-vous un effort généreux.
Sur Titus et sur moi réglez votre conduite.
Je l’aime, je le fuis ; Titus m’aime, il me quitte.
Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers4.
Adieu : servons tous trois d’exemple à l’univers
1 « La pourpre des Césars » : allusion à la toge rouge des
empereurs romains.
2 « Tant d’alarmes » : tant de craintes, tant d’émotion.
3 « Les prémices » : le début.
4 « Vos fers »
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