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Questions : "Jeannot et Colin", Voltaire

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Par   •  29 Octobre 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 105 Mots (5 Pages)  •  13 956 Vues

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Questions : "Jeannot et Colin", Voltaire

Quelles caractéristiques du contre ce récit met-il en œuvre ?

1. Outre la brièveté – critère tout relatif mais important –, on notera que le récit de Voltaire appartient clairement au genre du conte (qu’il soit merveilleux, moral ou philosophique) par de nombreux traits: – une intrigue simple et traditionnelle, qui suit le schéma narratif le plus clair possible (situation initiale: l’amitié de deux jeunes Auvergnats; élément déclencheur: l’arrivée de l’habit, signe de promotion sociale ; etc.) et dont la fin est heureuse (retrouvailles et réconciliation); – un nombre réduit de personnages, d’ailleurs plus typiques que véritablement individualisés (ils incarnent des conditions sociales – bourgeoisie, noblesse, clergé – et des caractères – ambition, naïveté, pédantisme, etc. –, leur épaisseur « psychologique» est peu conséquente, leurs noms sont conventionnels); – un cadre spatio-temporel peu précis: une ville de province quasi inconnue des lecteurs parisiens de l’époque, Issoire, présentée dès l’incipit par antiphrase, comme une « ville fameuse dans tout l’univers par son collège et par ses chaudrons » ; on notera au passage le zeugme humoristique qui associe le culturel (collège) et le trivial (chaudrons); – la présence d’une sorte de moralité à la fin (comme dans les contes de Perrault): «le bonheur n’est pas dans la vanité».

Quelle morale est proposée à la fin du récit ?

2. La morale exprimée à la toute fin du récit est transparente : « Et Jeannot le père et Jeannotte la mère et Jeannot le fils, virent que le bonheur n’est pas dans la vanité ». Le vice de la vanité est condamné parce qu’il mène au malheur, contrairement à l’amitié. De façon assez manichéenne, Colin incarne des valeurs morales positives: générosité, «bonté d’âme», simplicité, fidélité, «douceur», «gaieté», indulgence (il n’est nullement rancunier envers Jeannot). Au contraire, Jeannot et ses parents font preuve de vanité (une envie d’être approuvé par les autres, d’être considéré, assez proche de l’orgueil, encore que celui-ci n’ait pas besoin, contrairement à la vanité, d’être nourri par le regard des autres). À Paris, ils sont fats, c’est-à-dire qu’ils laissent voir qu’ils sont contents de leur réussite sociale. Leur ambition, comme celle de M. Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière, est de plaire dans le grand monde, de s’élever par leurs manières au-dessus de  leur condition roturière. Jeannot est, en outre, aussi oublieux de son ami que celui-ci lui est fidèlement attaché.

Mettez en évidence la façon dont Voltaire ironise sur l'ignorance de "l'homme du monde".

3. Outre le gouverneur, «homme du bel air», en charge d’éduquer Jeannot alors qu’il ne sait rien, l’homme du monde est incarné par l’auteur à la mode que les parents invitent à dîner. Celui-ci est désigné par des antiphrases perceptibles par le contexte : le narrateur l’appelle «bel esprit» quand il vient de rapporter des paroles où l’auteur avoue son ignorance du latin, puis «ami » quand il vient de conseiller de maintenir Jeannot dans l’ignorance (ce qui est à l’évidence un bien mauvais conseil!). Plus loin, la dénonciation se fait plus manifeste grâce à l’alliance de mots grinçante: «le gracieux ignorant », « l’aimable ignorant ». L’auteur dénigre systématiquement toutes les disciplines: latin, histoire, sciences, héraldique et ne consent à déclarer utile qu’une discipline des plus futiles: la danse. De plus, Voltaire souligne l’intérêt de cet « homme du monde » : il vient pour dîner, semble tenté de séduire la mère de Jeannot (il la complimente sur son aisance naturelle à plaire) et cautionne cyniquement l’ambition: «la grande fin de l’homme est de réussir dans la société».

Faites la liste des vices de la bonne société que vise le récit et identifiez les procédés employés par Voltaire pour les mettre en évidence

4.

Vices

Procédés satiriques

Le bavardage et le parasitisme mondain

Le paradoxe: «l’art de parler sans s’entendre», «se perfectionna dans l’habitude de n’être propre à rien»

La cupidité

La périphrase perfide : «Une jeune veuve de qualité […] qui n’avait qu’une fortune médiocre, voulut bien se résoudre à mettre en sûreté les grands biens de monsieur et de madame de la Jeannotière» («mettre en sûreté» = s’accaparer)

La manipulation

L’accumulation de verbes, la gradation et l’euphémisme : « Elle l’attira chez elle, se laissa aimer, lui fit entrevoir qu’il ne lui était pas indifférent, le conduisit par degrés, l’enchanta, le subjugua sans peine»

Le cynisme

Le persiflage : « je lui veux toujours du bien : j’ai besoin d’une femme de chambre et je lui donnerai la préférence»

L’indifférence, l’individualisme

La théâtralisation des réactions des personnages: rapidité de l’infidélité de la «jeune veuve», fuite du confesseur comprenant que la famille de Jeannot est ruinée.

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