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Phèdre - Racine Acte V Scène 6

Mémoire : Phèdre - Racine Acte V Scène 6. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  6 Décembre 2013  •  1 466 Mots (6 Pages)  •  1 782 Vues

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Introduction

Toute parole au théâtre s'adresse à deux destinataires : le ou les autres protagonistes en jeu et le public. C'est ce que l'on appelle la double énonciation. (Situation de l'extrait) Désemparée en apprenant le retour de Thésée, Phèdre laisse sa confidente, Oenone, mentir au roi en accusant Hippolyte d'avoir voulu la séduire. Furieux, Thésée demande à Neptune de punir le traître. Lorsqu'il comprend son erreur, il est trop tard. Théramène, le gouverneur d'Hippolyte, vient, dans cette 6 de l'acte V, faire le récit de la mort de son maître. (Présentation de l'extrait) L'attaque et le meurtre d'Hippolyte par un monstre marin envoyé par le dieu Neptune ne peuvent, de toute évidence, être représentés sur la scène. Le souci de l'unité de lieu, mais aussi la nécessité d'observer les bienséances conduisent l'auteur à recourir au récit. Pour autant, et comme l'écrit Aristote, « la fable doit être composée de telle sorte que, même sans les voir, celui qui entend raconter les faits frémisse et soit pris de pitié. » (Poétique, 1453b). Aussi le récit a à charge, selon le principe de la double énonciation, d'informer le personnage de Thésée du sort réservé à son fils, en même temps que d'informer le spectateur, chez qui il doit susciter terreur et pitié. (Problématique) Dans cette perspective, nous nous demanderons comment le récit de Théramène parvient à toucher le spectateur, davantage même que s'il était représenté. (Annonce du plan) Pour ce faire, nous nous proposons de suivre trois axes d'étude. Tout d'abord, nous nous attacherons à montrer en quoi cet extrait est un récit captivant qui suscite l'attention du spectateur et le captive par son pouvoir de suggestion. Puis, nous nous attacherons à montrer en quoi cet épisode constitue une véritable scène héroïque. Enfin, nous montrerons en quoi la mort d'Hippolyte est une mort tragique qui constitue le premier mouvement du dénouement, ainsi que le premier mouvement cathartique réel de la pièce.

I- Un récit captivant

Le public du XVIIe siècle est turbulent. La tirade force son écoute et le maintient en respect. Plus encore lorsqu'il s'agit de personnages secondaires, dont D'Aubignac précise « qu'on ne les écoute point » : « c'est le temps que les spectateurs prennent pour s'entretenir de ce qui s'est passé, pour reposer leur attention ou pour manger leurs confitures ». Si le récit de Théramène a partie liée avec le dénouement, il lui faut tout de même susciter l'intérêt et captiver l'attention.

A- Un récit structuré

La tirade de Théramène est un récit dont la composition répond au schéma narratif traditionnel, lequel, présentant les événements de façon progressive et méthodique, assoit la cohérence de l'ensemble et favorise l'attention du spectateur. Dans cette perspective, le « monstre furieux » apparaît comme l'élément perturbateur qui modifie la situation initiale (« Un effroyable cri sorti du fond des flots / Des airs en ce moment a troublé le repos » v. 1507-1508). Cet élément perturbateur est mis en exergue par le recours au passé composé, qui rompt avec l'imparfait duratif des premiers vers de la tirade. Tandis que les compagnons d'Hippolyte vont trouver refuge dans un temple, ce dernier prend à charge de combattre le monstre. Cette étape constitue l'étape des péripéties, où dominent le présent de narration et l'emploi de verbes d'action. La première péripétie voit le monstre touché au flanc par Hippolyte (« Il lui fait dans le flanc une large blessure » v. 1530). La deuxième péripétie, elle, introduit un renversement. Le monstre s'attaque aux « coursiers » du héros, « leur [présentant] une gueule enflammée, / Qui les couvre de feu, de sang, et de fumée » (v. 1533-1534). Ceux-ci, effrayés, s'enfuient au galop. Cette course effrénée génère la troisième et ultime péripétie, qui voit le héros tomber de son char (« Dans les rênes lui-même il tombe embarrassé » v. 1544). L'élément de résolution tient dans la course interminable des chevaux, qui traînent Hippolyte vers une fin tragique (« Traîné par les chevaux que sa main a nourris » v. 1548). La situation finale, en effet, présente Hippolyte blessé à mort (« Tout son corps n'est bientôt qu'une plaie » v. 1550) et ses compagnons le pleurer douloureusement (« De nos cris douloureux la plaine retentit » v. 1551). Outre le canonique schéma narratif, qui structure

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