Nicolas Boileau : Présentation

Nicolas Boileau (né en 1636, mort en 1711) fut l’auteur de plusieurs grandes oeuvres poétiques de son temps, notamment les douzes Satires (1666-1706), le Lutrin (1674-1683) et l’Art Poétique (1669-1674). Cette dernière œuvre, poème divisé en quatre parties, présente la première partie de l'œuvre, le poème Chant I, sur lequel se penchera cette analyse. Boileau étant un écrivain de l’époque classique, il publie l’Art Poétique sous le signe du retour des règles et de l’imitation du travail des anciens. Par son caractère didactique, Boileau présente son œuvre comme une norme à respecter pour tout écrivain souhaitant publier au XVIIe siècle. Le poème Chant I de Boileau sera donc analysé par son caractère éducatif, qui cherche à faire respecter les lois qui gouvernent l’écriture de la poésie française à l’époque classique, à travers l’utilisation que fait l’auteur du langage et des figures de style.

Dans un premier temps, l'œuvre de Boileau fait l’utilisation de multiples antithèses afin de présenter les critères d’écriture qu’il cherche à voir appliqués par les autres écrivains de son époque. La nature du texte permet de comprendre que le but final de l’oeuvre de Boileau est d’instruire sur sa conception de la poésie, inspirée par les poètes venus avant lui, qui, selon lui, est celle que l’on devrait suivre. Une première utilisation que fait l’auteur du langage afin de renforcer la didacticité de son texte est d’utiliser l’impératif afin de s’adresser directement aux écrivains dans plusieurs de ses vers, notamment dans sa deuxième strophe : « Ô vous donc qui, brûlant d’une ardeur périlleuse, / Courez du bel esprit la carrière épineuse, / N’allez pas sur des vers sans fruit vous consumer, / Ni prendre pour génie un amour de rimer : / Craignez d’un vain plaisir les trompeuses amorces, / Et consultez longtemps votre esprit et

vos forces. » (l. 7-12) Dans ces vers, l’auteur varie son utilisation de l’impératif positif et négatif afin de classer les normes à suivre, en présentant les méthodes à appliquer et celles à éviter. L’utilisation de ce temps de verbe démontre que Boileau ne cherche pas à donner des conseils, mais plutôt des commandements auxquels les écrivains de l’époque devraient, selon lui, se conformer. Cette strophe, plus particulièrement, exige que les écrivains se remettent en question lors de l’écriture et qu'ils ne s’imaginent pas virtuoses dès qu’ils commencent à maîtriser les bases de l’art poétique. Boileau présente clairement que la poésie est un art qui se cultive, et que le premier venu qui sache utiliser des rimes ne doit pas pour autant s’en penser poète. L’utilisation de l’impératif apparaît ainsi, à travers tout le poème mais plus précisément dans ces vers, comme une opportunité pour l’auteur de donner une leçon.

Dans un deuxième temps, les antithèses utilisées par l’auteur étayent le caractère didactique de l'œuvre en mettant en relief ses idées et ses demandes. Par exemple, dans l’extrait suivant : « Souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire : / Un vers était trop faible, et vous le rendez dur ; / J’évite d’être long, et je deviens obscur ; / L’un n’est point trop fardé, mais sa muse est trop nue ; / L’autre a peur de ramper, il se perd dans la nue. » (l. 64-68) Cette strophe présente que, parfois, à trop s’inquiéter de la justesse de leurs vers, les écrivains peuvent aller jusqu’à les ruiner en les surchargeant. Le rapprochement des termes « faible » et « dur » démontre l’opinion de l’auteur quant aux précautions que doivent prendre ses semblables lors de l’écriture d’une œuvre : ceux-ci doivent porter attention à ne pas alourdir leurs vers par peur qu’ils paraissent trop simples. Une seconde

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