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Molière Scene Du Pauvre Don Juan

Commentaire d'oeuvre : Molière Scene Du Pauvre Don Juan. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  24 Juin 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 365 Mots (10 Pages)  •  799 Vues

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Le libertin en action

§ Après avoir affirmé, dans la scène précédente, que « deux et deux sont quatre… et que quatre et quatre sont huit » –assertion rationaliste énonçant ici sa seule croyance, Dom Juan est amené à faire la preuve de son impiété face aux hommes.

§ Dans cet univers en mouvement constant dans lequel Dom Juan peut exercer son impitoyable « méchanceté », Molière fait revenir le peuple sur scène : après le Pierrot bafoué, les paysannes méprisées, c’est un pauvre anonyme et démuni qui subira les caprices du « grand seigneur méchant homme ».

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Structure de la scène

§ Le texte, très court, composée de courtes répliques, révèle une fois de plus, et avec une efficace rapidité, le désir effréné de séduction, mais aussi de domination qui anime le personnage-titre. Après la séduction amoureuse, ce sera ici une tentetive de séduction morale, en quelque sorte.

§ La scène s’amorce par un échange apparemment anodin entre le seigneur et le pauvre, le premier devant s’enquérir du chemin à suivre. Au cours de cet échange, Dom Juan montrera son peu de générosité devant la misère humaine, quelque peu provoqué par le mode de vie affiché de l’ermite (cf. la phrase de Sade, « Dieu est le seul tort que je ne puisse pardonner à l’homme »).

§ Le libertin entreprend, dans l’étape suivante, de démontrer les contradictions inhérentes, selon lui, à la dévotion. Pratique coutumière de l’ironie : questionner – amener à la contradiction puis à la conclusion :« Voilà qui est bien étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins ».

§ Dans un troisième temps, il aura recours à la corruption, mais à ce stade de l’ignominie morale, son entreprise échouera, et son esprit chevaleresque trouvera à s’employer, dans la scène suivante, en se portant au secours d’un « homme attaqué par trois autres ». « [La pièce] va de tableau en tableau comme [son héros] va d’aventure en aventure. » (Alfred Simon, Molière par lui-même)

La contestation

§ L’orientation générale pour un projet de lecture de cette scène peut s’établir sur l’originalité et la puissance destructrice d’un personnage comme le Dom Juan de Molière : le libertinage moral s’accompagne, comme chez les grands libertins du XVIIIème siècle, d’un libertinage philosophique.

§ De la part d’un seigneur, toutes les valeurs qui fondent l’ordre féodal ancien sont contestées. Molière se devait de présenter sous sa forme vivante, de l’actualiser, de la visualiser, une revendication aussi audacieuse de la libre pensée. Celle-ci ne peut s’exprimer encore comme telle, restera donc peu élaborée, peu démontrée. C’est sans doute pourquoi le dialogue adopte une démarche plutôt grossière, à la limite de la caricature.

Un « anti-libertin » ?

§ Le personnage rencontré sur la route n’est peut-être pas noble, mais donne une impression de quelqu’un de qualité : un sage, un philosophe peit-être, ce qui justifierait le vouvoiement adopté par Sganarelle : « Enseignez-nous... » terme d’ailleurs très pédagogique, qui fait état davantage de la délivrance d’un savoir que d’une simple information sur la route à prendre.

§ Les versions françaises antérieures du Festin de Pierre (Dorimond, Viliers) faisaient apparaître un pèlerin, comme si Molière avait, lui, davantage mis l’accente sur la dimension sociale du personnage et la portée philosophique de cette rencontre.

§ L’apparence physique du « Pauvre » est suffisamment humble pour que le valet l’apostrophe par « mon compère » et « l’ami » à la fin de la scène précédente. Son maître, quant à lui, sur un ton doucereux,opte résolument pour un tutoiement déférent : un grand d’Espagne ne s’abaisse pas à tant de politesse devant un inconnu. Il le fera tout-à-l’heure, à la scène suivante, devant un autre inconnu qui, lui, avait sorti l’épée, marque clairement établie de l’aristocratie de naissance.

La symbolique du lieu

§ L’organisation de l’espace de la narration dans l’espace de la représentation, telle qu’elle est proposée par le Dom Juan de Molière, est en contradiction avec la règle d’unité de l’idéal classique. Les personnages sont en mouvement constant, les agissements illicites de Dom Juan, faux mariages, dettes et tricheries (« amas d’actions indignes », IV, 4) l’obligent à fuir sans cesse.

§ La « ville » évoquée ici préfigurant le lieu de prédilection où Dom Juan peut agir, assouvir ses « passions », même si la campagne lui a procuré matière à divertissement (cf. acte II), le passage dans la forêt constitue probablement un lieu où les convictions de Dom Juan, ainsi que ses pratiques habituelles sont comme mises à l’épreuve . Sganarelle, au cours de la scène précédente, vient de le « disputer » sur son incroyance, et l’errance dans « la forêt » (Dom Juan vient d’affirmer, quatre lignes plus haut, qu’il croit s’être égaré), marque une pause, un temps d’hésitation, le lieu de tous les possibles comme dans les tragi-comédies baroques ou les drames shakespeariens. C’est d’ailleurs dans cette forêt que se prosuisent les premiers « miracles » : découverte du tombeau du Commandeur – la statue accepte d’un mouvement de tète l’invitation de Dom Juan.

Dialectique du maître et du pauvre

§ Ce Pauvre, anonyme, semble prévenir le seigneur contre un risque sans doute habituel pour l’époque, celui des « voleurs ». mais ne fait-il pas également figure

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