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Madame Bovary

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Par   •  9 Avril 2014  •  4 844 Mots (20 Pages)  •  747 Vues

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Naissance, croissance et mort: tel est le trio qui fait la loi de toutes les activités humaines, y compris la littérature. Les écoles littéraires, comme les êtres humains, naissent, se développent et meurent. Le romantisme ne peut échapper à ce sort. Ce mouvement qui constitue un dépassement du classicisme, s'étend jusqu'à l'avènement du réalisme. Lequel constitue une réaction anti-romantique.

Avec le romantisme, le roman n'avait de définitions autres que : illusion, imaginaire et donc mensonge. Le romantisme signifie, l'illusoire et l'utopique. Le romantique se ment en représentant non la réalité mais ce qu'il en espère. Le roman enferme le plus souvent, la proposition d'un idéal presque impossible à réaliser. Or, l'incompatibilité du romanesque avec la réalité est bientôt proclamée par l'arrivée du réalisme.

La seconde moitié du XIXème siècle marque l'apparition d'une génération d'écrivains qui ont estimé nécessaire de battre en brèche les principes romantiques. FLAUBERT fait figure de chef de file du réalisme. Le choix de cet auteur vient du fait qu'il est une charnière entre l'époque romantique et l'époque réaliste. Son œuvre doit connaître une métamorphose qui incarne la réaction de ce qui est (réalisme) contre ce qui était (romantisme).

Le réalisme prétend avoir des liens avec la réalité, le romantisme se rattache au romanesque. Le premier essaye de révéler des vérités, le second crée des mensonges. Et il est temps d'omettre le mensonge romantique pour mettre à jour les vérités romanesques ([1]). René GIRARD, dans son étude, confronte les deux pôles de cette dichotomie dans les œuvres de CERVENTES, de PROUST, de FLAUBERT….

L'auteur évoque Madame Bovary comme étant l'un des romans les plus représentatifs de ce conflit. Mais centrant son attention sur d'autres œuvres, il ne fait que de légères allusions à celle de FLAUBERT.

L'esquisse du problème dans Madame Bovary ouvre notre appétit sur un essai de lecture dans ce sens. Dès lors, les questions qui nous préoccupent sont les suivantes:

Comment FLAUBERT représente-t-il les dimensions ″des mensonges romantiques et des vérités romanesques″ dans cette œuvre? (René GIRARD). Quel est l'impact du désir sur la personnalité de Madame Bovary? Que représente la réalité pour l'héroïne? Le choix de cette ouvre s'impose à la postérité parce qu'elle représente le réalisme avec FLAUBERT comme chef de file.

Le monde de la littérature et en particulier celui du roman est gouverné par une loi que la lecture moderne atteste, à savoir, la médiation. Les personnages fictifs d'un roman se copient dans leurs comportements, leurs attitudes et leurs désirs. Ils sont dépourvus de toute spontanéité. Ce phénomène est vrai pour les personnages d'une œuvre comme il l'est pour ceux qui appartiennent à des œuvres différentes. Les êtres de ce monde fictif peuvent être des modèles les uns pour les autres. Selon la terminologie de René GIRARD, ils sont les "médiateurs" les uns des autres.

Cependant, les personnages d'un roman ne sont que des créatures imaginaires. Ce sont leurs créateurs qui leur donnent une existence, une vie. Cela nous conduit à confirmer que ce sont ces créateurs (les romanciers) qui vivent le phénomène de la médiation. Phénomène sur lequel nous nous basons pour définir un terme qui fait partie de notre sujet, en l'occurrence: vérité romanesque.

Si nous essayons de lui donner un premier sens, le terme romanesque signifie tout ce qui se rattache au roman. Autrement dit, le romanesque englobe les actions, les événements et les êtres dont le seul univers est celui du roman, loin du monde réel. Or, René GIRARD convient que "le terme romanesque ([2]) reflète toujours, par son ambiguïté, l'ignorance où nous sommes de toute médiation. Ce terme désigne les romans de chevalerie et il désigne Don QUICHOTTE; il peut être synonyme de romantique et il peut signifier la ruine des prétentions romantiques" ([3]).

Un écrivain ne part jamais du néant. Les romanciers subissent des influences les uns des autres. C'est ce qui fait la ressemblance entre les romans notamment, ceux qui marquent le début du XIXème siècle. Presque une même construction, les mêmes actions, un même type de personnages, les mêmes épisodes stéréotypés et conventionnels, unissent la majorité des productions romanesques. Le roman devient un schéma constant.

Le romantique, aveuglé par la volonté d'être original, ignore le mécanisme de cette médiation. Tout en se fixant des modèles qu'il imite, il les dénie. C'est là une vérité romanesque telle que la définit René GIRARD. Mais il y en a d'autres, dans cette œuvre, révélées par FLAUBERT.

En plus de son imagination, le romancier s'inspire de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Il en résulte que les motifs qui constituent le roman deviennent artificiels et conventionnels. Ils deviennent quelque chose de typique qui se répète d'une œuvre l'autre. En effet, chaque roman conteste l'originalité de son propre auteur.

Dès lors, les situations romanesques ne sont là que pour construire un univers de fantaisies imitatives et mensongères.

Le roman romantique est celui qui témoigne le plus de cette réalité. C'est, entre autres, une raison qui fait déchoir le romantisme et annonce le mouvement réaliste.

Comme son appellation l'indique, le roman réaliste doit être à proximité de la réalité. Le monde des illusions ne vaut la peine d'être fréquenté que pour être gravement bafoué. Le roman de FLAUBERT est une censure et une lecture du romantisme et de tout ce qui est du romanesque. Il manifeste un ferme refus de qui n'est pas et ne peut être "réel".

C'est dans Madame Bovary que les vérités romanesques romantiques sont démenties et tournées en dérision. Néanmoins, avant de nous pencher sur ces vérités, il est adéquat de voir comment est traitée la littérature romanesque en général dans cette œuvre.

1- La satire du romanesque:

Dans Madame Bovary, il y a manifestement une satire du romanesque. Ici, FLAUBERT outrage le roman par la mise en scène d'une héroïne" dont le prénom même suggère le rêve romantique.

Si la lecture des romans médiocres participe à rendre amère l'existence d'Emma, c'est parce qu'elle la détache de la réalité. Cette jeune femme d'éducation livresque, est choquée une fois confrontée à la réalité. Il

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