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De l’amitié, Roland et Olivier, Pantagruel et Panurge

Dissertation : De l’amitié, Roland et Olivier, Pantagruel et Panurge. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  24 Mai 2017  •  Dissertation  •  4 945 Mots (20 Pages)  •  1 347 Vues

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Sujet : De l’amitié, Roland et Olivier, Pantagruel et Panurge

« Les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin d’une vie plus heureuse. »[1] ou encore « Ne choisis tes amis que parmi tes égaux. »[2], les exemples de citations sur l’amitié ne manquent pas et ce, depuis l’Antiquité. Dans la Grèce antique déjà, les penseurs s’intéressaient à ce sentiment, tentant de le comprendre et de le définir. Bien que Aristote[3], Cicéron[4] et de nombreux autres philosophes au cours des siècles se soient penchés sur la question, on ne trouve, aujourd’hui encore, aucune définition universelle de l’amitié.

Cependant, une certitude semble se dégager : il faut être au moins deux dans une relation d’amitié. D’après ce présupposé, on peut analyser n’importe quelle relation et essayer d’en dégager des éléments signifiants d’une « vraie amitié », bien que ce dernier terme reste à définir.

Il est temps de se pencher plus spécifiquement sur les deux cas qui vont occuper cette réflexion, la relation entre Roland et Olivier dans La Chanson de Roland, d’une part, et celle entre Pantagruel et Panurge dans Pantagruel, d’autre part. Quoique les deux textes racontent les aventures d’un héros éponyme avec son/ses acolyte(s), il s’agit de deux récits totalement différents, tant dans la forme que dans le fond. Le premier est une chanson de geste datant probablement du XIe siècle alors que le second est un roman de François Rabelais publié en 1532. Si la comparaison, au premier abord, ne semble pas légitime, on verra que les duos Roland – Olivier et Pantagruel – Panurge peuvent tous deux susciter un véritablement questionnement. En effet, peut-on réellement affirmer que c’est l’amitié qui lie ces personnages entre eux ?

Cette question, bien trop vague, semble s’ouvrir à une multitude de points de vue différents, c’est pourquoi une démarche argumentative et scientifique est nécessaire afin d’obtenir une réponse.

Tout d’abord, il faut avoir une bonne connaissance des personnages et de ce qu’ils incarnent, ce que l’on obtiendra par une analyse de chacun d’entre eux, séparément. Ensuite, on pourra lier ces personnages et traiter des divers aspects de leurs relations qui laissent à penser, ou non, que l’on est en présence de véritables amis. Finalement, il faudra fournir une définition des différents types amitiés que l’on peut trouver afin d’attribuer, ou non, à Roland et Olivier ainsi qu’à Pantagruel et Panurge le statut d’amis, en fonction des éléments déjà explorés


  1. Qui sont les personnages et qu’incarnent-ils ?

Pour commencer, il faut analyser les caractéristiques de chaque personnage ainsi que l’image qu’il dégage. Ce portrait est nécessaire pour la suite de l’analyse.

1.1 Roland

Le comte Roland est le neveu de Charlemagne, ce qui lui donne d’office une importance certaine aux yeux de l’empereur. Il ose d’ailleurs s’opposer aux décisions du roi « Li quens Rollant, ki ne l’otrïet mie, En piez se drecet, si li vint cuntredire. »[5] (vv. 194-195), à quoi le roi répond « ne ben ne mal » (v. 216). Outre sa position privilégiée, Roland est l’auteur de nombreux exploits chevaleresques qu’il cite aux vers 2322 à 2334. Par conséquent, il est très apprécié, voire idolâtré par le peuple français « Il l’aiment tant ne li faldrunt nïent » (v. 397). De par ses qualités de combattant, il est nécessaire à l’armée de Charlemagne « Chi purreit faire que Rollant i fust mort, Dunc perdreit Carles le destre braz del cors, Si remeindreient les merveilluses oz ; N’asemblereit jamais si grant esforz » (vv. 596-599). Roland est présenté comme le plus preux des chevaliers mais son courage et surtout son orgueil vont le conduire à sa perte en refusant de sonner l’olifant pour prévenir le reste de l’armée. Il considère le fait de demander de l’aide comme une honte, alors même que les troupes ennemies sont nettement plus nombreuses que l’arrière-garde qu’il dirige.

        Respont Rollant : ‘Ne placet Damnedeu

        Que mi parent pur mei seient blasmét

        Ne France dulce ja chëet en viltét !

Einz i ferrai de Durendal asez,

Ma bone espee quë ai ceint al costét ;

Tut en verrez le brant ensanglentét.[6]

Néanmoins, Roland tient parole et se bat jusqu’au dernier souffle. Il est l’illustration même du chevalier preux de la chanson de geste épique. Devenu une légende, ses qualités semblent complètement effacer son orgueil démesuré. De plus, on oublie vite que c’est lui qui a nommé Ganelon pour le rôle dangereux de messager de Charlemagne, ce dont il rit allègrement « Quant ço veit Guenes qu’ore s’en rit Rollant Dunc ad tel doel pur poi d’ire ne fent – A ben petit quë il ne pert le sens » (vv. 303-305). Il ne fait nul doute que ce comportement a influencé Ganelon dans sa décision de trahir le roi pour se venger de Roland.

On pourrait penser que le refus de Roland au moment de sonner l’olifant mettrait en avant le personnage d’Olivier le sage mais il n’en est rien. Au contraire, comme la chevalerie prône l’héroïsme des combattants, c’est Roland qui reste le personnage principal et favori de la Chanson de Roland. N’oublions pas que derrière ce texte se trouve toute une légende rappelant les Français à l’unité nationale.

1.2 Olivier

Olivier est un personnage important mais injustement relégué à l’arrière-plan dans la Chanson de Roland. Il est le sage – dont le nom rappelle la branche d’olivier qui est le symbole de la sagesse biblique[7] – qui regarde et observe, mais également un bon chevalier dont le rôle dans le récit et de moraliser et conseiller. Son rôle est parfaitement rempli par deux fois ; la première, lorsqu’il dit à Roland qu’il est temps de sonner l’olifant et entre en dispute avec lui à ce sujet ; la seconde quand il reproche à Roland de sonner de l’olifant puisque leur sort est déjà scellé. Ce n’est donc pas un hasard si « les deux vers les plus célèbres du manuscrit d’Oxford »[8] sont « Kar vasselage par sens nen est folie ; Mielz valt mesure que ne fait estultie. » (vv. 1724-1725). Il s’agit de remarques moralisatrices adressées à Roland mais aussi à quiconque entend cette chanson de geste. Le sage Olivier est donc apprécié dans son rôle mais il vit dans l’ombre de son compagnon Roland et ne sert qu’à le conseiller et à le calmer lorsqu’il perd son sang-froid, sans être toujours écouté. Nonobstant, il ne faut pas oublier les qualités chevaleresques d’Olivier que le texte qualifie souvent de proz « E Oliver, li proz e li gentilz » (v. 176). Même s’il est un personnage un peu oublié de la Chanson de Roland, Olivier est donc décrit avec des qualités uniquement, ce qui n’est pas le cas de Roland, mais ces qualités ne semblent pas suffisantes pour qu’il ait la même popularité que son compagnon.

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