Anti-héros, héros tout de même ?

Dans Deux définitions du roman (1866), Emile Zola déclarait : « le premier homme qui passe est un héros suffisant ». Ainsi, comme le dit Zola, il y a autant de romans, que de héros différents. Mais la tradition romanesque fait du héros le moteur de l’action, c’est lui qui dynamise le récit à travers ses aventures : il multiplie les rencontres, il incarne des valeurs, il représente l’écrivain lui-même, il prend l’apparence d’un homme exceptionnel, doté de qualités idéales, il évolue, il se transforme, il vit et meurt sous les yeux du lecteur ravi, étonné. Des romans de chevalerie à La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, il semble en effet que le héros de roman est un être hors du commun qui accomplit un destin singulier. Mais nombreuses sont les œuvres romanesques qui représentent des personnages plus proches du quotidien, plus familiers du lecteur.

Un héros de roman doit-il nécessairement être un personnage capable d'accomplir des exploits extraordinaires ?

On verra ainsi que la notion de héros évolue à travers l’histoire du roman, qu’aux héros magnifiques ont très vite répondu des héros ordinaires, avant que le roman ne cherche des voies nouvelles dans la remise en cause de la notion de personnage.

Pour nous intéresser en tant que lecteur, le héros doit faire rêver par ses qualités exceptionnelles. Il doit représenter un idéal : le héros est « héroïque ».

En effet, dans la tradition, le héros est un personnage magnifique, exceptionnel, qui ne ressemble donc au lecteur. Ses qualités le distingue ainsi de ce dernier : il a, bien souvent un rang social élevé, des qualités physiques et morales exceptionnelles ou encore de nombreuses valeurs. Par exemple, dans La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, le personnage éponyme, épouse du prince de Clèves, est un personnage modèle qui véhicule une idéologie à laquelle adhère le romancier. Mais cette idéalisation du héros, personnage central du récit, n'empêche pas son humanité, ses interrogations, ses doutes, ses faiblesses... Ainsi, la princesse de Clèves aime éperdument un autre que son mari, mais malgré cet amour, elle ne le trahira jamais (cela fait partit de ses valeurs). Elle avouera néanmoins son péché ; et ainsi, c'est la réponse à ses doutes et ses échecs qui fait d'elle un être exceptionnel. Également, dans Tristan et Iseult, ces neveu et fille de roi sont de vraies héros épiques de la culture populaire. Le chevalier Tristan accomplit son devoir et tue un dragon pour gagner l'amour d'Iseult. Ou encore, dans le légendaire Le Roi Arthur, le mythiques chevalier de la table ronde est véritable héros romanesque. Il obtient sa gloire en accomplissant des actes héroïque tel que l'épisode d' « Excalibur ».

Ensuite, la vie du héros peut tenir du destin exceptionnel : elle est intense, exceptionnelle. Le roman peut souligner ses épreuves jusqu'à l'échec ou la mort, transformant son histoire en destin où le héros triomphe. Dans des ouvrages comme Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, ou Pour Seul Cortège de Laurent Gaudé, les héros respectifs D'artagnan et Alexandre le Grand réalisent des grandes prouesses au combat et gagnent de nombreuses batailles. Mais dans d'autres histoires, le héros peut également devenir martyr. Par exemple dans Les Misérables de Victor Hugo, le personnage Gavroche est un héros car il est confronté à des situations exceptionnelles : on peut donner sa vie en exemple car elle est un condensé d'histoire humaine. Certains autres personnages comme le Père Goriot d'Honoré de Balzac peuvent aussi être considéré comme des héros car, ces personnages modestes ou de conditions moyennes se sacrifient pour un être ou pour une cause au nom d'un idéal qu'ils croient juste. Ces derniers, vont jusqu'au bout d'eux mêmes, accomplissent leur destin et acquièrent ainsi une dimension tragique. Dans la même optique, le héros peut aussi figurer dans la liste des personnages mythiques. On notera ainsi les personnages de Zeus dans La mémoire de Zeus de Druon ou encore Achille dans Cheval de Troie de McCullough, deux personnages issus de la mythologie Grec.

Enfin, le héros peut aussi être un personnage qui permet au lecteur de voyager, de s'évader, de rêver. Le roman Le comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas est un bon exemple de personnage qui fait s'évader, parce qu'il présente l'évasion d'un lieu où personne ne peut normalement s'échapper. Il y a aussi une évasion grâce au pouvoir de l'argent : le comte Dantès est très riche et peut tout s'acheter. Le lecteur ressent une libération par procuration, parce qu'il lit l'histoire d'un homme qui peut tout se permettre grâce à son argent. D'autres romans comme Robinson Crusoé de Defoe ou encore Harry Potter de J.K.Rowling emmènent le lecteurs vers de nouvelles terres et un monde à la fois proche mais éloigné de celui qui les lit.

Le héros romanesque , dans la tradition, est bel et bien un personnage exceptionnel. Cependant, de nombreuses œuvres peuvent aussi présenter un héros considéré comme égal au lecteur.

Ensuite,le romancier peut faire d'un personnage un héros auquel le lecteur peut s'identifier. Le héros n'est pas seulement un personnage exceptionnel, il est aussi une « force agissante » dans le roman.

Tout d'abord, les héros peuvent être issus d'un milieu modeste dans la tradition réaliste, dont on suit l'évolution, les aventures rocambolesques. Dans Madame Bovary par exemple, Emma Rouault, qui est une jeune fille romanesque élevée au couvent, épouse Charles Bovary avec qui elle mène une vie qui la déçoit de façon croissante. La frustration est le thème majeur de l’œuvre.

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