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Baudelaire, Le Confiteor de l'artiste

Commentaire de texte : Baudelaire, Le Confiteor de l'artiste. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2024  •  Commentaire de texte  •  1 193 Mots (5 Pages)  •  26 Vues

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Baudelaire « Le Confiteor de l’artiste » Petits poèmes en prose

poème en prose, où l’on voit Baudelaire dans son double rapport à la nature : extase à partir des sentiments et impressions qu’elle lui inspire d’abord, douleur qui se dégage ensuite de cette contemplation.

I. / Double surprise

Confiteor (je confesse) est un mot à connotation chrétienne, par lequel le pénitent reconnaît devant Dieu au cours de la messe ou en confession, devant le prêtre, ses péchés. C’est la première surprise de ce poème car le dandy Baudelaire, dans son orgueilleuse pudeur, n’aime pas la confession à la façon romantique, il se raidit contre elle. Ici, au contraire, il s’avoue, il s’épanche. Par ailleurs, Baudelaire n’aime pas la nature extérieure, il réagit contre elle qui le dépasse et lui inspire un sentiment d’effroi. C’est la seconde surprise du texte que de voir le poète quitter son attitude de dandy pour avouer un moment, dans un élan de sincérité, qu’il est sensible au beau paysage.

II. / Lyrisme et rupture de ton

Il s’agit d’une évocation de paysage, et non d’une description. Lyrique, comme en témoignent les phrases exclamatives qui débutent les versets, elle présente une prose proche du rythme de la versification et de sa musique (nasales, reprise de l’adjectif « pénétrantes », échos : « délice » reprend « délicieuses », alexandrins masqués, etc.) Cependant si le premier verset commence par un élan lyrique, il est interrompu volontairement par une analyse introduite par la conjonction « car » à valeur causal - ce qui est typiquement baudelairien. Le poète aime ces rythmes inégaux, ces cassures, par dégoût des effusions romantiques. De même, dans le deuxième paragraphe, l’introduction d’un nouveau « car » (« car dans la grandeur de la rêverie… »), la lourdeur explicative un peu cuistre de la dernière phrase d’analyse « elles pensent, dis-je, mais… » contredisent et dévaluent par leur intellectualisme la parade extatique du début. On notera l’accumulation des chuintantes, récurrences phoniques à valeur musicale : « certaines sensations délicieuses », « Grand délice que celui… l’immensité du ciel… Solitude, silence…chasteté… frissonnante… petitesse… » et la symétrie des grands mots abstraits : « immensité du ciel et de la mer », « incomparable chasteté de l’azur ». Le paysage se dessine de plus en plus, sort de son abstraction lorsqu’apparaît « une petite voile frissonnante » avec toutefois cette marge d’imprécision qu’on assimilera à de l’impressionnisme et qui permet au moi de surgir à la réflexion.

III. /Expérience mystique

Dès le premier verset, l’indécidable, l’imprécis : « certaines sensations » nous laisse pressentir une expérience hors du commun. L’étrangeté est confortée par le paradoxe « vague/intensité » (« dont le vague n’exclut pas l’intensité»). Pour les réalistes le vague ne peut être intense, il commence à l’être pour les Romantiques dont Lamartine), il l’est pour les Symbolistes. « L’Infini » est une « pointe acérée » : ce qui suggère lune lutte ascensionnelle pour l’atteindre,, au prix d’une blessure possible. La phrase nominale en interjection : « Solitude, silence, incomparable chasteté de l’azur ! » est désindividualisée, comme en suspens, détaché d’ancrage situationnel, comme en un hors temps et un hors espace, ce qui introduit une expérience exceptionnelle d’ordre mystique. « Mon irrémédiable existence » : l’existence est un mal qui nous est infligé, c’est un donné auquel on ne peut rien changer (existentialisme) mais il existe des instants privilégiés que le poète tente d’expliquer. « Toutes ces choses pensent par moi, ou je pense par elle » : Rousseau,

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